Les organisations patronales ont été destinataires d'une missive officielle provenant des services du Premier ministre, fixant la date et l'ordre du jour de la 13e tripartite qui doit réunir le gouvernement, les organisations patronales et le seul partenaire social UGTA. C'est ce que nous avons appris, hier, auprès d'un syndicat patronal. La réunion en question interviendra le 3 décembre prochain, selon le calendrier arrêté par les services du Premier ministre. Si la 12e tripartite, tenue en septembre 2006, avait eu à répondre à des tensions sociales clairement affichées par les masses de travailleurs à la veille d'une rentrée sociale très mouvementée, cette nouvelle réunion tend à concrétiser particulièrement une promesse électorale faite par le président Bouteflika le 24 février 2009, alors qu'il était candidat pour un troisième mandat présidentiel. Les grandes lignes de l'ordre du jour de la nouvelle tripartite témoignent d'une tendance à s'enliser dans les actions sociales au détriment de l'intérêt économique et de l'entreprise algérienne qui s'embourbe de plus en plus dans une situation de crise. A l'ordre du jour de la 13e tripartite sont inscrits quatre points principaux appelés à être débattus avec les six partenaires économiques et le seul partenaire social Ugta reconnu par les pouvoirs publics. Il est question d'examiner les questions des allocations familiales, des mutuelles sociales, de faire l'évaluation du pacte national économique et social, de débattre de ses perspectives et de négocier un nouveau plafond pour le salaire national minimum garanti (Snmg). Ce sont les quatre questions inscrites aux débats du trio gouvernement-patronat-Ugta, appelé à s'asseoir autour de la table de la 13e tripartite. Par cet ordre du jour, le gouvernement tend à étouffer la contestation sociale et cautionner par la même la remise au frigo des questions économiques si importantes pour l'avenir du pays. Les principales organisations patronales, partenaires du dialogue social, n'entendent pas se présenter afin d'amuser la galerie. Le patronat ne compte pas se tenir à la seule corde qu'offre le gouvernement. Il reste, cependant, plus que jamais scotché à l'idée d'assainir l'entreprise, un débat qui perdure depuis une quinzaine de jours mais sans qu'il y ait un résultat palpable. Les intérêts économiques occultés Le patronat entend revenir à la charge sur les questions liées au soutien à l'entreprise privée et à la lutte contre l'informel et la bureaucratie qui a fait naître le phénomène de la corruption institutionnalisée. En outre, l'engagement de l'Etat à mettre un terme aux activités informelles – une promesse faite au patronat et inscrite noir sur blanc dans le pacte économique et social – n'est pas suivi d'effet palpable faute d'une régulation mal accomplie. Les dispositions incluses dans la loi de finances complémentaire 2009 ne sont pas encore « affaire classée » pour le patronat. Son mécontentement continue à valser au rythme de certaines mesures contraignantes pour la production nationale, à l'instar de la disposition liée à l'institutionnalisation du crédit documentaire comme seul moyen de paiement des importations. Dans le fond, le patronat cautionne sans la moindre réserve les dispositions de la LFC 2009, mais dans la forme, la mise en œuvre de certaines mesures pose problème dans la mesure où le diktat des banquiers risque de peser à nouveau sur l'appareil productif. Pour ainsi dire, il est question, pour les patrons, de remettre les pendules à l'heure au sujet des lourdeurs des appareils bancaire et administratif qui continuent à affecter l'économie réelle. Entre autres propositions provenant des milieux des patrons, il est question de poser à nouveau la question liée au soutien à l'appareil productif national dans le cadre du nouveau plan quinquennal. Le gouvernement sera appelé aussi à faire le point sur la situation économique du pays et ses engagements inscrits dans le pacte national économique et social signé en septembre 2006 par les trois partenaires, à savoir le gouvernement, le patronat et l'Ugta.