C'est le journal Saout El Oumma, dans son édition d'hier, qui révèle que Samir Zaher, le président de la Fédération égyptienne de football et son adjoint Hosni Abou Rida ont étudié, dans le plus grand secret, la possibilité de bénéficier de l'appui des « Utras » des deux clubs phare de la capitale égyptienne, le Zamalek et le Ahly, en l'occurrence, en vue de mettre au point un plan de déstabilisation des joueurs algériens. Le Caire : De notre envoyé spécial Il s'agit, en gros, de créer « une ambiance hystérique afin d'asseoir un sentiment de terreur dans le cœur même des joueurs algériens », est-il précisé. Les deux plus hauts dirigeants du football égyptien se seraient concertés avec les présidents des deux clubs cités plus haut afin d'amener les Utras des deux camps « ennemis » à joindre leurs efforts et à coopérer dans le but de déstabiliser l'équipe algérienne d'entrée de jeu et de permettre ainsi aux attaquants des Pharaons d'ouvrir le chemin des buts. Traditionnellement, les Utras, qui se massent dans les virages des tribunes, passent pour des supporters inconditionnels. Ils utilisent des tambours, des mégaphones, des feux d'artifice et des chants guerriers dans le but de créer une atmosphère de « terreur » à même de tétaniser les joueurs adverses. Selon toujours le même journal, Samir Zaher et son adjoint auraient décidé de garder ce plan secret afin qu'une partie de la presse ne leur tombe pas à bras raccourcis en les accusant d'utiliser des méthodes peu orthodoxes. Ahmed Shoubeir, le pestiféré L'ancien capitaine des Pharaons et, actuellement, présentateur vedette d'un programme sportif sur une chaîne satellitaire, Ahmed Shoubeir, subit un véritable lynchage médiatique et une campagne de dénigrement non-stop depuis qu'il a accepté de se rendre en Algérie dans le souci de « calmer les esprits » au cours d'une émission diffusée depuis Alger sur une initiative d'un journal local. Selon ses détracteurs, plutôt que d'apporter son soutien à l'équipe de son pays, à un moment où elle en a grandement besoin, Shoubeir aurait choisi de se rendre chez l'ennemi pour pactiser avec lui. La presse cairote y voit, dans la démarche de Shoubeir, une volonté de déstabiliser le coach Hassan Shehata avec lequel il n'aurait jamais eu d'atomes crochus et dont il jalouserait les succès. On susurre également qu'il aurait été poussé à se rendre à Alger par de puissants hommes d'affaires, tel que Naguib Sawaris dont les intérêts économiques seraient menacés par une détérioration des relations entre Alger et Le Caire. Les déboires du pauvre Shoubeir ne s'arrêteront pas là, puisque le parti auquel il appartient aurait décidé de lui ôter sa caution politique tandis que Djamel Moubarak, le propre fils du Président et son probable successeur, aurait donné instruction à ce que Shoubeir ne l'approche pas au dernier congrès du parti qui s'est tenu tout récemment. « Le 14 novembre : l'Egypte contre Shoubeir et l'Algérie », a titré ce dimanche un hebdomadaire sportif. Zaher aux égyptiens : « Faites trembler le stade ! » « Toute personne qui se rend au stade doit supporter le onze égyptien de toutes ses forces du début jusqu'à la fin, sans se relâcher un seul instant. » Voilà le message délivré par Ahmed Zaher, président de la FEF, aux 80 000 spectateurs égyptiens attendus le 14 novembre au Cairo Stadium. Il ajoute toutefois que les encouragements ne doivent pas dépasser le cadre de ce que permet la loi pour ne pas risquer de s'exposer à des sanctions, voire une disqualification de la part des instances de la FIFA qui a décidé de dépêcher ses observateurs à l'occasion de ce match capital. Deux millions de livres Tel est le montant de la prime promise par Zaher aux joueurs égyptiens en cas de qualification. Ce montant pourrait, cependant, être revu à la hausse si l'appel lancé par la FEF aux hommes d'affaires et aux capitaines d'industries d'apporter leurs contributions trouve un écho favorable. Les lions, les actrices et la brigade de la mort Le montage photo publié par un média algérien dans lequel les têtes des joueurs égyptiens ont été remplacées par celles des actrices et des chanteuses les plus populaires a soulevé une véritable tempête médiatique au pays du Nil. Les médias égyptiens le ressortent en toute occasion comme l'exemple même du dénigrement et de l'atteinte à la dignité dont ils sont victimes de la part des Algériens. Il sert également à galvaniser les supporters et les joueurs auxquels on demande de répondre sur le terrain à ces « atteintes inadmissibles ». Pour sa part, le journal Akhbar Erriadha a publié un autre montage dans lequel les têtes des joueurs ont été remplacées par celles de lions à côté d'une peinture montrant les meilleurs attaquants égyptiens sous le titre de « Brigade de la mort » en lettres de sang. Le stade de la terreur Depuis quelques jours, le Cairo Stadium, appelé à abriter la rencontre fatidique du 14 novembre, a été rebaptisé par la rue et les médias égyptiens « stade de la terreur ». Tout un programme. A travers toute l'Egypte, des comités de supporters s'activent à hurler à tue-tête et à l'unisson des slogans choisis ou composés spécialement pour l'occasion. On vous passera volontiers la traduction de ces inepties mais sachant que la plupart des joueurs algériens ne maîtrisent pas l'arabe classique et encore moins le dialecte égyptien, ces slogans vont probablement sonner creux à leurs oreilles. Cinq buts Pas moins. C'est ce que réclament la plupart des médias qui prennent leurs souhaits pour des livres sonnantes et trébuchantes. Les plus réalistes se contentent d'en réclamer trois, espérant de même que l'équipe algérienne va se présenter au stade du Caire, pieds et poings liés, en victime expiatoire. Quelques rares voix se sont élevées très timidement pour lancer un appel à la raison et dire qu'il est dangereux de conditionner ainsi l'opinion publique à une large victoire et de ne rien faire pour la préparer à une défaite tout à fait envisageable mais dont les conséquences seraient incalculables. Les billets disponibles dès demain Les billets d'entrée au Stadium du Caire seront disponibles à partir de mardi prochain dans les différentes provinces égyptiennes et à partir de mercredi pour la capitale. Des écrans géants seront installés dans les stades et sur les places publiques pour permettre au plus grand nombre de personnes de se rassembler pour voir le match. Un succès pour Raouraoua La venue d'observateurs de la FIFA un jour avant le match du 14 novembre est considérée par la presse égyptienne comme un succès à créditer sur le dynamisme du président de la FAF, Mohamed Raouraoua, dont l'influence dans les sphères du football mondial ne cesse de grandir. Plus encore, le changement des noms de ces observateurs, alors qu'ils avaient été annoncés, est considéré, toujours selon nos confrères égyptiens, comme un camouflet pour Ahmed Zaher et la fédération qu'il préside. Ni téléphones portables ni « laptops » Pour assurer une concentration maximale à ses joueurs, Hassan Shehata, le directeur technique du onze égyptien, a pris la décision de leur retirer leurs téléphones portables et leurs micro-ordinateurs. Il a également donné des instructions fermes à ce qu'aucune visite ne soit permise dans l'hôtel où les joueurs sont actuellement en regroupement jusqu'au jour du match. Des séances de projection vidéo sont programmées pour disséquer aux joueurs le jeu algérien à travers ses forces et ses faiblesses ainsi que les différents scénarii envisagés selon la tournure du match.