«Ma relation avec Raouraoua est forte et exceptionnelle.» Samir Zaher, le président de la Fédération égyptienne de football, qui n'a eu de cesse, depuis plusieurs semaines, de provoquer les Algériens et leur sélection, allant jusqu'à appeler les Egyptiens à utiliser tous les moyens pour déstabiliser les Verts et à assiéger leur lieu de résidence, s'est curieusement calmé le temps d'un entretien qu'il nous a accordé au Caire. C'est un autre Zaher qui nous a reçus jeudi dernier au stade d'Assouane, en marge du match amical Egypte-Tanzanie. Entretien. * Le match du 14 novembre approche et la guerre des médias fait rage entre les deux pays. Comment voyez-vous le déroulement de cette rencontre par rapport à tous les dépassements constatés des deux côtés ? Je pense que ce match se déroulera sous une forte pression et je trouve cela tout à fait normal par rapport à l'enjeu de la rencontre. Sur le terrain, on s'attend à ce que l'Egypte soit plus entreprenante, afin de combler son retard. Contrairement aux Algériens qui vont certainement faire preuve de prudence. Mais mon souhait le plus ardent est que ce match se déroule et se termine sans incidents. J'espère qu'on va éviter tout ce qui risque d'exciter le public. Mais je tiens à vous rassurer, nous maîtrisons tout et l'organisation sera parfaite, même si les 80 millions d'Egyptiens souhaitent faire partie des 80 000 supporters que le stade du Caire peut contenir. Il s'agit de deux grandes sélections qui veulent aller en Coupe du monde et chaque responsable désire la qualification de son pays, que ce soit Raouraoua ou moi. * L'Algérie a souhaité, et a même demandé, à ce que son quota de billetterie soit revu à la hausse. Avez-vous refusé cette demande ? Vous aurez 2 000 billets, pas un de plus. Et je crois que c'est un peu trop pour vous (rires). En parlant de cela, sachez que nous n'avons bénéficié que de 400 tickets au match aller, c'est tout ce que notre ambassadeur à Alger a eu, alors que notre quota était de 1 500. Le reste, c'est Raouraoua qui l'avait pris. Si les choses étaient inversées, c'est-à-dire que si le match aller avait eu lieu au Caire, je suis sûr que vous n'auriez pas demandé autant, et personne ne s'en aurait plaint. Bref, changeons de sujet. Au fait, nous vous aimons beaucoup, et ce n'est pas de la démagogie, je suis sérieux. Nos relations sont excellentes, que ce soit entre les deux Etats ou entre les deux peuples. Ce match, quelles que soient les conditionsdans lesquelles il se jouera et quelle que soit son issue se terminera bel et bien et on redeviendra de bons amis comme on l'a toujours été. * Vous êtes en train de tenir un autre discours avec nous, tout le contraire de celui avec les médias égyptiens, comme vos récents appels où vous avez demandé à ce qu'on assiège jour et nuit le lieu de résidence de l'équipe d'Algérie et de tout faire pour la déstabiliser. Ne trouvez-vous pas cela contradictoire ? Il est vrai que j'ai dit cela. J'ai déclaré que nous ne pouvons pas priver nos supporters de leur liberté ou de s'exprimer sans dépasser les limites. Je ne leur ai pas demandé de tirer des fusils ou de jeter des fumigènes sur les Algériens. Je refuse cela et il n'est pas de nos habitudes de nous comporter de la sorte. * Comment est, en ce moment, votre relation avec Mohamed Raouraoua ? Raouraoua est mon ami. Nous travaillons ensemble à l'Union arabe et à l'Union nord-africaine. Il est aussi un ami à Hani Abou Rida à la CAF. Ma relation avec lui est forte et exceptionnelle. J'ai l'habitude de le taquiner. J'ai fait la même chose avec lui au match aller lorsque je lui disais que nous allons vous humilier. Mais lorsque l'Algérie a gagné, croyez-moi, il n'a pas laissé passer cette occasion pour me rendre la monnaie de ma pièce. Et maintenant, je suis en train de le taquiner de nouveau. Cela dit, notre relation avec l'Algérie est éternelle et trop forte pour qu'elle se dégrade à cause d'un simple match de football, et elle le restera quels que soient les dépassements qui risquent d'avoir lieu et quels que soient les fusils et les fumigènes que vous employez pour exprimer votre joie, comme vous le justifiez, même s'il ne s'agit pas pour nous de grains de sel (rires). Nous resterons amis, en dépit de tout ce qui se dit çà et là. * Ce ne sont que des points de vue qui n'engagent que leurs auteurs et non ce que tout le peuple algérien pense… Ecoutez, c'est vous qui avez mis des photos de filles sur les visages des joueurs de notre sélection et c'est vous qui avez commencé les hostilités. Je n'ai pas oublié ce qu'avait déclaré un de vos joueurs qui avait dit qu'il viendra en Egypte, lui et ses coéquipiers, en touriste pour visiter les pyramides. Il pensait que les dés étaient jetés. Dieu n'a pas exhaussé son vœu, car c'est un match décisif qui l'attend. * Pensez-vous que l'arbitre Jerome Darmon est le mieux indiqué pour diriger cette affiche ? Oui, je le pense et nous n'avons aucune objection là-dessus. * Des sources égyptiennes avaient évoqué des correspondances de la FIFA où cette instance vous aurez mis en garde contre tout dépassement. Le confirmez-vous ? Non, c'est faux, nous n'avons reçu aucune correspondance dans ce sens de la part de la FIFA. * Que pouvez-vous dire aux Algériens à la fin de cet entretien ? Je tiens à éclaircir certaines choses. Je suis un Arabe qui tient à ses origines et qui en est fier. J'aime tous les Arabes, y compris les Algériens. J'aime l'équipe algérienne, mais j'aime plus la sélection égyptienne. Je souhaite que le résultat de ce match soit en faveur de l'Egypte. C'est tout à fait normal, car je suis Egyptien. Et je présume, et c'est aussi tout à fait normal, que Raouraoua dira la même chose pour son pays. Mon autre souhait, c'est que ce match ne prenne pas d'ampleur plus qu'il en faut, car il faut dire la vérité : il y a une campagne médiatique qui n'arrange ni l'Egypte ni l'Algérie. Il faut que tout le monde comprenne que ce n'est qu'un match de football de 90 minutes, à l'issue duquel vous allez nous dire mabrouk et nous vous dirons hard-luck (à la prochaine). Entretien réalisé au Caire par Chouaïb K. Zaher et Abou Rida s'interrogent sur l'estime que vouent les Algériens à Raouraoua D'autre part, Samir Zaher et Abou Rida, avec lesquels nous avons eu une discussion amicale, n'ont pas manqué de dire que leur ami Raouraoua est un fin dribbleur tout en s'interrogeant sur le secret de l'estime que lui vouent les Algériens. «Je m'interrogeais comment il a pu rester en poste lors de son premier mandat durant des années, malgré les différents échecs du football algérien, soit au niveau de la sélection ou des clubs. Et je lui demandais souvent comment faisait-il pour rester en poste», dira Abou Rida C. K. Les officiels égyptiens veillent au bon accueil des Algériens Les journalistes algériens ont trouvé les pires difficultés pour avoir accès au stade d'Assouan et à la tribune de presse. La présence de la presse algérienne dans cette ville a été mal accueillie par les responsables du stade. Pour preuve, ils ont bloqué les journalistes en exigeant d'eux de leur donner leurs téléphones portables ainsi que les appareils photos, ce que les journalistes avaient catégoriquement refusé. Cependant, Samir Zaher, président de la FEF, et Abou Rida, membre de la CAF et de la FIFA, sont intervenus en faveur des journalistes algériens pour leur faciliter la tâche et les mettre dans de bonnes conditions de travail pour qu'ils puissent accomplir leur tâche convenablement, en se montrant très accueillants. Sans pour autant oublier l'accueil du ministre du Sport, Hassan Sakr. Cela démontre que les officiels égyptiens veillent au grain afin que l'équipe nationale, les journalistes et les supporters soient bien accueillis le 14 novembre prochain. Scènes d'émeutes à Assouan Le regroupement de la sélection égyptienne à Assouan ne s'est pas déroulé comme l'avaient souhaité les autorités égyptiennes. Et pour cause, des scènes d'émeutes ont été signalées lors de la dernière séance d'entraînement des coéquipiers d'Aboutrika à Assouan. Exaspérés par la fermeté du service d'ordre qui empêchait les supporters d'accéder au terrain d'entraînement, des milliers de jeunes se sont mis à bombarder le service d'ordre de projectiles. Ils ont même barré la route principale menant à l'aéroport de la ville, en signe de protestation. Il aura fallu au service d'ordre des heures pour disperser la foule.