La localité accuse un retard abyssal dans la plupart des secteurs de la vie socioéconomique. Le SOS du P/APC, qui a appelé à la mise en place d'un programme spécial de développement, en est révélateur. L'état des lieux de la commune et chef-lieu de daïra est déplorable. La désolation et le délitement y sont omniprésents. «La population estimée à 54 000 âmes est victime de la mauvaise gestion et des conflits d'intérêts entre les élus qui se relaient», déplorent la plupart des intervenants de la société civile. En arpentant les rues et les cités, l'on se croirait dans une agglomération sinistrée. Il ne se trouve pas un seul axe routier ou un coin de rue où l'on ne tombe pas sur une infinité de nids-de-poule, des entassements d'ordures et des chaussées et trottoirs délabrés. Gadoue, poussière et nuisances en tous genres se partagent le quotidien des riverains. De nombreux projets pensés, ces dernières années, sont entrepris à la vitesse de la tortue. Des dizaines d'autres sont, au pire, livrés à l'abandon, au mieux, entamés mais accusant des retards considérables. Les nombreuses carences et dysfonctionnements, qui ont fini par asphyxier cette municipalité, ont été au centre d'un conseil de wilaya public organisé, dernièrement à la maison de jeunes de la ville. C'est quasiment dans le rôle du pompier que la wali, Abderrahmane Kadid et l'ensemble de son exécutif, ont mis le cap sur cette commune pour tenter de mettre de l'ordre dans la maison Téléghma. Dans un allusion claire décochée à l'endroit des nouveaux locataires de l'hôtel de ville, il assène: «Il y a un trop-plein de tiraillements et de luttes intestines entre certains membres du conseil communal. Quelques élus exercent une hégémonie totale sur la gestion des affaires publiques. Que ceux qui ont des preuves de dépassements ou de transgression des lois par tout élu ou un quelconque responsable, aient le courage et la probité morale de dénoncer le ou les auteurs présumés». Un taux dérisoire de consommation des crédits Téleghma est un paradoxe à part entière. Le chef de l'exécutif n'en revenait presque pas. Et pour preuve, il s'offusque : «Comment se fait-il que sur 87 opérations inscrites au titre du plan communal de développement (PCD) et dotées d'une enveloppe de 880 millions de dinars, l'on arrive à en consommer 600 000 dinars, soit 0,14%». Les 50 millions de dinars injectés par le budget de la wilaya n'ont été, à leur tour, consommés qu'à hauteur de 5,89%. «Ces dérives monumentales sont à inscrire comme triste record dans le Guinness book», a tempêté A. Kadid. Toujours au volet des incohérences et des défections, il y a lieu de noter que le siège de l'APC est l'unique institution de la wilaya ne disposant pas de salle d'attente. Autant dire que c'est toute la notion de rapprochement de l'administration avec les citoyens qui est battue en brèche. L'anarchie est telle qu'il n' y a pas de plans régulant le transport et la circulation routière. Le foisonnement des dépôts d'ordures ménagères et de gravats a atteint des pics d'alerte. Quand bien même le wali estime que «le facteur humain y est pour grand-chose dans la détérioration de la salubrité publique». Un intervenant jure séance tenante que «le ramassage de la poubelle se fait une fois par semaine et que la défaillance provient des services communaux d'hygiène». Et, pour clore le chapitre des absurdités et des dérapages, le premier magistrat de la wilaya regrette que «l'APC continue à faire une mauvaise interprétation de certains textes et appliquer (à ce jour) un décret de 1983 relatif aux réseaux routiers, alors que celui-ci n'est plus en vigueur». Plus que de simples actions ponctuelles de réhabilitation, l'«état comateux» de la commune nécessite un véritable plan Orsec.