En Asie, le boom cinématographique a suivi le boom économique. Les pays d'Asie sont devenus autant de centres effervescents du 7e art. Deux indices au moins le prouvent. Les festivals de films comme ceux de Bangkok, Singapour ou Shanghai se sont taillé une très bonne réputation dans la sphère internationale, à cause de leur organisation impeccable (on a vu ce qui s'est passé à Bangkok en janvier), mais aussi et surtout par la richesse de leur sélection des films asiatiques. Le second indice est aussi significatif : tous les cinéastes partis à Hollywood de Bangkok, Hong Kong ou Séoul reviennent chez eux, certains font de fréquents allers-retours entre l'Asie et l'Amérique, sachant que les nouveaux pôles forts du cinéma sont en Asie. L'argent (du cinéma) circule à flots, comme on l'a vu au marché du film du dernier festival de Bangkok, et il y a un vaste public populaire pour remplir les cinémas. En effet, un film produit à Bangkok par exemple est distribué partout en Asie : Singapour, Malaisie, Taïwan, Birmanie, Chine, Japon, Corée... Quand on se promène à Chinatown, à San Francisco, tous les cinémas du quartier affichent des films asiatiques. Les films de Jacky Chan, Bruce Lee ou de la splendide vedette chinoise Gong Li arrivent sur les écrans du monde entier. Bref, les cinémas d'Asie bougent vite et bien. Au festival de Bangkok, on était bien placé pour observer ce phénomène. Pour en être convaincu, il suffit de voir comment le public de la mégapole thaïlandaise se passionne pour le cinéma de son pays, que ce soit comédie, mélodrame ou art martiaux. Pourtant, l'Asie touchée par le Sars et le récent tsunami (autant de malheurs qui s'accumulent) doit affronter parfois d'énormes difficultés pour sauver son industrie du cinéma. Témoin, le tournage de Silver Hawks en Chine et au Japon pendant l'épidémie du Sars. La superproduction de Thomas Chang et Michelle Yeoh était préparée depuis des mois, avec des répétitions de vols planés de Michelle Yeoh, comme dans Tigre et Dragon, avec un budget de 15 millions de dollars et un casting qui devait se déplacer entre Pékin, Shanghai et Tokyo. Et soudain, les autorités chinoises imposent la quarantaine dans certaines régions pour cause d'épidémie. Ce contretemps a obligé l'équipe de tournage à changer de lieu, à modifier des personnages, abandonner d'autres, quand les acteurs prévus ne pouvaient pas rejoindre le plateau de tournage. Mais le film a été fait. Thomas Chang nous montrait à Bangkok les cheveux gris qui poussaient sur sa tête en disant : « C'est à cause du film... » Fallait-il le faire ou laisser tomber ? Silver Hawks à sa sortie a eu un immense succès populaire. Grâce aux effets spéciaux, à une chorégraphie aérienne superbe et surtout à la belle Michelle Yeoh, la star incontournable à présent en Asie. Dans Silver Hawks, on la voit sauter sur la Grande Muraille de Chine en mobylette ! Séquence spectaculaire, faite sans doublure, mais après un mois de répétitions qui laisse le spectateur époustouflé. Pour réussir ce défi extraordinaire, Thomas Chang et son équipe ont survolé en hélicoptère la Grande Muraille et repéré l'endroit propice pour tourner la séquence du grand saut. Après ça, ils ont fait appel à une équipe de cascadeurs taïwanais qui ont déjà sauté d'une rive à l'autre du fleuve Jaune, dans sa partie la plus large... Ces « conseillers techniques » ont effectué devant Michelle Yeoh quelques sauts fulgurants, ensuite, l'actrice n'avait plus qu'à enfourcher sa motocyclette.