Rapprochement historique sino-taïwanais : des coproductions de films sont en cours, après le célèbre Raise the Lanterne de Zhang Yimou qui constituait déjà une grande première. L'année 2005 fut une période marquée par une razzia de films asiatiques sur la scène du monde. Certes, les velléités dominatrices de l'Amérique demeurent encore une réalité, puisque 80% des écrans de la planète passent des films d'Hollywood. Mais si l'Asie continue sur sa lancée, avec non seulement les films de l'Inde mais aussi de Chine et de Hong Kong, de Corée, de Thailande et même de Philippine, les studios de Los Angeles ne vont pas tarder à perdre la face. Il y a un signe qui ne trompe pas : dans les grands festivals internationaux, les films d'Asie raflent quasiment les prix, même quand il arrive qu'un jury soit présidé par une personnalité américaine. Les cinéastes chinois ont déjà déclenché leur plan de bataille pour le prochain festival de Berlin qui débutera le 17 février. « Les fleurs de la maison embaument le jardin des autres », disent les Chinois. Et du coup, on peut s'attendre à un succès berlinois et à un nouvel espoir pour les studios de Shanghai. Aujourd'hui, la fascination créée autour des actrices chinoises comme la craquante Gong Li participe aussi à ce plan de séduction et de conquête hors du temps Ashwarya Rai qui fait une publicité considérable pour les studios de Bombay (on a vu les grappes de paparazzis accrochées à sa limousine quand elle passait sur la Croisette de Cannes). A Hong Kong, des cinéastes, comme Tsui-Hark et John Won, jeunes et talentueux sont revenus à la case départ, créant une nouvelle pulsion au sein de la production locale. Résultat : l'engouement des spectateurs pour leurs films dépasse maintenant la tendance pro-américaine. La crise est passée. Longtemps surnommé « Le Hollywood d'Asie » avec des pics de production de 300 films tous les ans, une baisse est survenue dans les années 1990 à cause de la crise économique et aussi de la très néfaste influence des « Triades ». Maintenant, la Chine a imposé une limite pour les importations de films américains et avec la reprise de l'économie, Hong Kong est de nouveau un pôle cinématographique important (l'ouverture du marché chinois de 1,5 milliard d'habitants y est aussi pour quelque chose). Les successeurs de Jacky Chan et Bruce Lee ont du pain sur la planche : luttes acrobatique, kung-fu, cape et épée, arts martiaux rayonnent sur les écrans. De même que les très artistiques opus de Wong Kar-wai. Il n'y a pas si longtemps les cinéastes d'Asie faisaient parfois des emprunts au cinéma de l'Occident (Godar et Antoniono notamment). Aujourd'hui, à l'Ouest, tous les réalisateurs rêvent de « Shanghai des années 1930 » et ont envie de tourner là-bas une histoire « exotique ». On peut être à Bangkok où le cinéma connaît aussi une vitalité sans précédent. Témoin, le frénétique marché du film du festival de Bangkok l'an dernier, où selon le bon principe du capitalisme, il y a eu de faramineux profits sur les ventes et achats de production d'Asie. Les éditeurs de DVD surtout étaient à la source des meilleures ventes. Les enjeux (économiques, industriels, artistiques) du cinéma mondial ont désormais un nouveau centre de gravité : Asie et Asie du Sud-Est. Gong Li et Ashwarya Rai n'ont pas fini de nous séduire.