Tandis que l'événement «Marseille-Provence 2013, capitale de la culture européenne», poursuit son programme prestigieux, ponctué de grandes manifestations, la ville poursuit aussi sa vie artistique en «off», à l'ombre des feux de la rampe, si l'on peut dire. Dans cette programmation discrète mais vivante, signalons l'exposition de Akila Mouhoubi et Mostafa Goudjil qui se sont fait pour l'occasion (et pour la première fois sans doute) duo d'art, eux qui sont un couple dans la vie civile. On ne peut s'empêcher de lire le titre de leur exposition, «Acte de présence», comme un trait d'ironie par rapport à la méga-manifestation qui ébranle la cité phocéenne, se réclamant d'une dimension méditerranéenne qu'elle possède dans ses propres murs, du fait justement de son réel cosmopolitisme culturel. Dans le dossier de presse, Ysabel de Roquette affirme : «Ils font acte de présence ? Oui, mais c'est insuffisant pour caractériser deux artistes qui témoignent avec patience, ténacité et sans esclandre d'un engagement dans leur art, dans leur désir de le transmettre et dans une ouverture à la rencontre entre des cultures. (…) Ils n'ont jamais cessé de découvrir, de rencontrer, de faire se rencontrer les uns et les unes d'un côté et de l'autre de la Méditerranée avec cette intuition peu explicitée que ça faisait avancer les choses de se confronter à travers des pratiques différentes, des disciplines voisines ou contradictoires, en allant voir à côté comment ça se passait, en passant du temps ensemble et en travaillant côte à côte ou face à face. Ils continuent à peindre pour eux, pour les autres, à faire peindre, pour eux, pour les autres et c'est plus qu'un simple acte de présence. C'est une présence en acte». Et cet acte permet de découvrir leurs dernières œuvres qui signalent une poursuite de leurs démarches artistiques respectives mais sur de nouvelles pistes créatives. En se renouvelant donc, ils semblent conserver l'essentiel de leur vision, désormais animée par la friction entre leur source d'inspiration intériorisée, celle de leur Algérie natale, et l'univers où ils évoluent. Cette friction devient affirmation, ce qui se traduit particulièrement par une remise en cause des formats, beaucoup plus grands pour Akila, et, pour les deux, moins respectueux des contraintes de la géométrie. C'est une nouvelle échelle de leur travail créatif qui apparaît, n'hésitant pas à mettre en scène l'espace d'exposition, à se répandre, à se colorer même, à éclater au-delà des carcans. Acte de présence ? Oui, car on entend en regardant : nous sommes là et comptons l'assumer pleinement. Rivages. 27 rue du Panier, 13002, Marseille. Jusqu'au 12 juillet 2013.