Ce projet, prévu dans le plan national spatial (PNS) élaboré en 2006 pour une durée de 15 ans, sera pris en charge par le Centre de développement spatial (CDS) basé à Oran, une des trois nouvelles entités opérationnelles dépendant de l'Agence spatiale algérienne (ASAL) dirigée actuellement par Azzedine Oussedik, ancien directeur du Centre national des techniques spatiales d'Arzew. Cet ambitieux projet succèdera à Alsat-1B, un autre projet en préparation dénommé ainsi, car il aura les mêmes missions que son prédécesseur Alsat-1, c'est-à-dire essentiellement la couverture en imagerie, mais avec une résolution plus intéressante (22 m contre 32 m auparavant). Le démarrage de ses activités est prévu pour l'année 2014 au CDS qui s'affaire aujourd'hui à finaliser Alsat-2B, un projet en cours visant dans le sillage d'Alsat-2A (déjà en orbite) la mise en place progressive d'une «compétence industrielle spatiale nationale avec la réalisation de moyens mécaniques et la mise en place de capacités de construction aéronautique». Les moyens nationaux de transport aérien du satellite et de ses sous-systèmes sont également mis en avant dans le texte de présentation résumée du PNS. Deux satellites algériens sont déjà en orbite. Le plus récent, Alsat-2A a été lancé en 2010 depuis le centre spatial SHAR (Chennai) en Inde. Il a déjà, apprend-on, fourni plus de «50 000 produits images», un fonds ayant été exploité dans le cadre de projets d'envergure : le développement de l'agriculture saharienne (Biskra et El Oued), la gestion des zones steppiques, la délimitation des périmètres miniers, une cartographie avec un système d'information géographique de la zone de Béjaïa, mise à jour cartographique du littoral national, etc. Une année à peine après son lancement, un atelier national intitulé «Alsat-2A- utilisateurs» a été organisé pour apprécier les résultats obtenus et leur conformité avec les attentes et les besoins nationaux. Réalisé en partenariat avec le consortium européen Astrium, il formera avec Alsat-2B une mini constellation pour assurer des missions complémentaires. En revanche, en fin de vie depuis 2010, Alsat-1, le tout premier satellite algérien, a servi trois ans de plus que sa durée de vie normale prévue pour 5 ans. Lancé en 2002 à partir du centre spatial Plesetsk en Russie, il a été réalisé grâce à un partenariat avec le Royaume-Uni via Surrey Space Technology (SSTL). Mission accomplie pour Alsat-1 Le pionnier des satellites algériens a par ailleurs participé dans une constellation internationale, la Disaster Monitoring Constellation (DMC) incluant 4 autres pays : le Royaume-Uni, le Nigeria, la Turquie et la Chine et dont les missions sont orientées vers la surveillance et le suivi des catastrophes naturelles. A ce titre, Alsat-1 a fourni des informations sur les feux de forêt durant la canicule de 2003 ayant touché plusieurs pays européens de la Méditerranée (France, Portugal, Espagne), ceux de la Grèce en 2008, les inondations survenues aux Philippines en 2004 et le séisme de la même année qui a touché l'île de Sumatra, l'Indonésie ainsi que le Sri Lanka. Sur un plan national Alsat-1 a fourni des éléments pour la cartographie des zones sensibles à la désertification des wilayas steppiques, la surveillance des zones d'intérêt économique (production agricole), notamment en prévision d'invasion acridienne. Dans ce contexte, considéré à l'époque comme une expérience inédite en Algérie, le transfert de savoir-faire dans le domaine spatial a été effectué au profit de 13 chercheurs nationaux dont, précise-t-on, 11 sont toujours en activité au CDS d'Oran. Ce centre d'envergure et de renommée africaine abritera l'essentiel des systèmes spatiaux prévus à l'horizon 2020 dans le PSN qui établit ses bilans une fois tous les 5 ans pour pouvoir corriger et adapter ses programmes aux besoins nationaux. Il est dédié à la réalisation de satellites jusqu'à une tonne, leur intégration, l'assemblage des systèmes spatiaux, l'intégration des panneaux solaires, etc., mais aussi à la recherche et au développement. Ce complexe, qui a été inauguré en 2012 par le président de la République en visite à Oran, a été réalisé par le groupement algéro-turc, Bilyap Softal Construction pour un coût global de plus de 5 milliards de dinars. A noter cependant que la partie technologique, dont notamment le hall d'intégration HDI et sa salle blanche de classe100 000, destinée aux activités d'assemblage d'intégration et de tests satellites, a été réalisée par Softal Construction, une société algérienne qui a réalisé plusieurs salles blanches réservées à l'industrie pharmaceutique. Vers une constellation de satellites africains ASAL et ses filiales accordent par ailleurs un intérêt particulier au potentiel humain et adopte une politique de formation, de recherche et de maîtrise qui fait participer les institutions nationales, universitaires et de recherche tout en intégrant dans sa démarche les potentialités algériennes établies à l'étranger. Les avantages qu'on peut tirer de la coopération internationale sont également pris en compte. Ainsi, en parallèle aux 13 chercheurs d'Alsat-1, qui ont été formés grâce à la collaboration avec le Royaume-Uni pour le système spatial et la fédération de Russie pour le lancement, 4 PHD et 4 Masters, ont suivi des formations académiques au centre spatial de Surrey. 8 autres PHD et 6 Masters ont subi des formations académiques dans les techniques spatiales pour le projet Alsat-2A qui a mobilisé en outre 30 ingénieurs pour un partenariat avec le consortium européen Astrium pour le système spatial et l'Inde pour le lancement. En ce qui concerne le partenariat Sud-Sud, un projet de constellation africaine est en phase de concrétisation avec l'Afrique du Sud, le Nigeria et le Kenya. A noter enfin que, grâce à ses efforts et au dynamisme de ses activités spatiales, y compris à l'échelle internationale (telles que la coordination du bureau d'appui régional d'Alger pour la prévention et la gestion des catastrophes naturelles et des situations d'urgence (un spider) couvrant la sous-région Afrique du Nord et du Sahel ou la mise à disposition d'images à haute résolution Alsat-2 dans le cadre de programmes internationaux : DMCII), l'Algérie a été choisie pour présider, durant les années 2014 et 2015, le comité des Nations unies pour l'utilisation pacifique de l'espace extra-atmosphérique.