Le problème de la pénurie des matériaux de construction est loin d'être résolu. Après le manque du rond à béton et la flambée des prix du ciment, le secteur du bâtiment connaît, ces derniers jours, une crise du sable. C'est ce qu'a affirmé le président de l'Union nationale des entrepreneurs du bâtiment (UNEB), Ahmed Bengaoud. « Un camion de sable acheté auparavant à 4000 DA, coûte actuellement 40 000 DA », déclare-t-il lors d'une conférence de presse animée, hier à Alger. La pénurie de ce matériau est due, selon lui, à la dernière décision d'interdiction de l'exploitation des agrégats et des matériaux alluvionnaires au niveau de certains oueds à Boumerdès et Tizi Ouzou. « La semaine dernière, le sable était inexistant. Nous avons alerté les pouvoirs publics à ce sujet et nous espérons que ce problème soit résolu dans les prochains jours », dit-il. Revenant sur la question des prix du ciment, l'orateur précise qu'ils sont toujours élevés. « Le prix d'un sac de ciment est cédé actuellement à 800 DA, alors que son prix à l'usine ne dépasse pas les 230 DA », explique-t-il, en précisant qu'à l'origine de cette situation, il y a toujours des « spéculateurs ». « Les vrais entrepreneurs s'occupent uniquement de leurs chantiers. Ils n'ont pas le temps de se lancer dans la spéculation et ils ne peuvent pas abandonner des milliards pour gagner quelques centimes en revendant du ciment au marché noir », argumente-t-il. L'orateur relève, dans ce sens, la défaillance des mécanismes de contrôle du marché de ce matériau mis en place par le gouvernement. Il invite ainsi les commissions de contrôle et les responsables du ministère du Commerce à faire preuve de rigueur dans leur travail pour mettre un terme à cette pratique. Une pratique qui, estime-t-il, est apparue en 2008 suite à la suspension de la production de ciment dans trois usines – Chlef, Sour El Ghozlane et Meftah. « L'arrêt de la production dans ces trois usines a provoqué une pénurie. Depuis, la spéculation ne s'est jamais estompée », explique-t-il. Et d'ajouter : « Que les services de contrôle du ministère du Commerce fassent leur travail. S'ils découvrent des entrepreneurs impliqués dans la spéculation et le stockage de ciment qu'ils les sanctionnent sans ménagement. » Même l'option d'importer 1 million de tonnes de ciment n'a pas réussi à faire baisser les prix. Car, souligne-t-il, entre les annonces faites par les autorités et la réalité, il y a un énorme fossé. « Un avis d'appel d'offres pour l'importation de ciment a été lancé en avril dernier. Nous sommes en novembre et les premières quantités de ce produit ne sont toujours pas arrivées », déplore-t-il. De plus, Ahmed Bengaoud estime que ces lenteurs dans l'importation ne favorisent pas les entrepreneurs qui risquent de retarder l'achèvement de leurs projets. « Si on doit importer du ciment, il faut le faire au printemps et en été. En hiver, les chantiers sont à l'arrêt », précise-t-il. Le président de l'UNEB revient également sur les conséquences de la dérégulation du marché des matériaux de construction sur les entrepreneurs. « La majorité des entrepreneurs ont demandé l'actualisation des prix des marchés dont ils sont chargés. Mais, rien n'a été fait. Avec la hausse des prix des matériaux de construction, de nombreuses entreprises risquent de fermer », ajoute-t-il. Reconnaissant l'incapacité des entrepreneurs algériens à réaliser les grands chantiers lancés, l'orateur critique « le favoritisme dont bénéficient les entreprises étrangères activant en Algérie ». « La majorité des opérateurs étrangers arrivent les mains dans les poches. Tout le matériel qu'ils utilisent appartient aux entrepreneurs algériens. De même pour la main-d'œuvre, notamment les ingénieurs », rappelle-t-il. En revanche, les opérateurs algériens butent sur les entraves administratives. « Pour un certificat de qualification, l'administration met des conditions draconiennes qui dissuadent souvent les entrepreneurs », note-t-il. Le président de l'UNEB accuse la CNPA Rien ne va plus à l'Union nationale des entrepreneurs du bâtiment (UNEB). L'organisation connaît, depuis quelques jours, une crise interne qui risque de durer encore. Le différend opposant le président de l'UNEB et ses partisans au groupe de dissidents a atteint un point de non-retour. Ayant été surpris par l'organisation, le 8 novembre, du congrès extraordinaire des dissidents, le président de l'UNEB, Ahmed Bengaoud, monte au créneau pour dénoncer « l'autorisation d'une telle réunion par les autorités ». Selon lui, les dissidents (3 membres du bureau) ont été exclus et ils n'ont aucun droit de s'exprimer au nom de l'UNEB. « Avec la complicité de la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA) et son président, Naït Abdelaziz, ces trois personnes ont organisé un simulacre de congrès. Ils ont invité des personnes étrangères à l'union pour faire croire qu'ils sont représentatifs », a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse animée hier à Alger. L'implication du président de la CNPA dans ce conflit répond, selon lui, à un seul objectif, « sa volonté d'intégrer l'UNEB à sa confédération et de bénéficier par la suite des moyens financiers dont elle dispose ». « L'UNEB n'est pas membre de la CNPA et l'adhésion de ses membres à cette confédération est individuelle », explique-t-il. Affirmant avoir saisi le ministre de l'Intérieur et celui du Travail, Ahmed Bengaoud précise qu'il portera plainte contre les dissidents. L'orateur dénonce également l'attitude de la wilaya d'Alger qui a interdit le congrès prévu pour aujourd'hui. « Comment a-ton autorisé un congrès de personnes étrangères à l'UNEB et on interdit celui des vrais représentants de l'organisation ? », s'interroge-t-il.