L'Union des entrepreneurs algériens propose de mettre un stock de sécurité au niveau des cimenteries pour pallier la pénurie. La flambée des prix des matériaux de construction inquiète sérieusement les entrepreneurs algériens. La véritable hausse des prix du rond à béton (RAB) et la pénurie de ciment asphyxient les entreprises algériennes, dira le président de l'Union générale des entrepreneurs algériens (Ugea), Abdelmadjid Dennouni. Invité, hier, du forum d'El Moudjahid, M.Dennouni a exprimé son inquiétude face à cette situation. «Le secteur du Btph traverse une crise aiguë due à la flambée des prix du rond à béton et des prix du ciment. Cette hausse est de 10% à 15%», a souligné M.Dennouni. Pour illustrer l'ampleur de cette «crise», il annonce que le ministère des Travaux publics a procédé à l'annulation des appels d'offres pour réévaluer les montants des enveloppes allouées aux projets de son secteur. Selon l'invité d'El Moudjahid, cette décision du département de Amar Ghoul est due essentiellement à la hausse des prix des matériaux de construction. Le rond à béton, produit importé à 80%, a connu une augmentation de 5000 DA le quintal à 12.000 DA en deux mois, fait-il savoir. Le ciment connaît aussi, selon le conférencier, des phénomènes spéculatifs sans précédent dus essentiellement à l'offre qui est inférieure à la demande sur le marché du fait de la fermeture au même moment de quatre usines de production de ciment, notamment celle de Meftah et de Sour El Ghozlane (qui commencera à fonctionner cette semaine). Le sac de ciment de 50kg, sorti de l'usine à 210 DA environ, est cédé à 500 DA, s'inquiète le conférencier. Selon lui, le prix du logement, à titre d'exemple, connaîtra une augmentation d'au moins 300.000 DA dans cette conjoncture. M.Dennouni souligne que la capacité de production nationale est estimée à 16 millions de tonnes/an alors que la production pour 2007 n'était que d'un million de tonnes à cause de la fermeture des cimenteries. La demande est estimée à 14 millions de tonnes. Dans ce sens, l'invité du forum a proposé de mettre un stock de sécurité au niveau des cimenteries pour pallier cette pénurie. Il a appelé aussi à reprendre les importations avec l'Ukraine. Actuellement, l'Algérie importe d'Espagne et d'Italie les matériaux. Pour atténuer cette crise, l'Ugea propose aux pouvoirs publics l'interdiction de la passation de tout marché public sans clauses de révision et d'actualisation des prix. Elle propose aussi de procéder à la publication des indices de révision des prix qui n'ont pas vu le jour depuis 2005 et leur mise en application immédiate. Sur ce point, la représentante du ministère de l'Habitat a annoncé que les indices de sept trimestres sont élaborés et déposés au niveau du ministère des Finances qui procèdera à leur publication. La mise en place d'avenants de régularisation, de compensation des surcoûts ou d'avenant forfaitaire est également proposée car, pour le président de l'Ugea, les circuits d'organisation et de distribution sont «mal organisés» et les circuits de contrôle de l'Etat sont «défaillants». Il propose la création d'un Observatoire des prix des matériaux de construction afin d'étudier l'évolution du marché en la matière et éviter à la fois les crises et les surcoûts en parallèle de la mise en place d'une banque de l'habitat pour répertorier les véritables entrepreneurs du Btph. «Ce n'est que par ces mesures à mettre en place que le programme présidentiel du million de logements et d'autres équipements seront sauvés.» Sur la concurrence étrangère, M.Dennouni considère qu'elle est déloyale, car les entrepreneurs étrangers quand ils viennent s'installer en Algérie, ils ont toutes les facilités alors que ce n'est pas le cas pour les Algériens. «Nos entreprises sont menacées de disparition si on n'intervient pas et on ne règle pas ces problèmes», dit-il ajoutant que 15% seulement des programmes relevant du Btph sont réalisés par des entreprises étrangères, le reste par des entreprises privées algériennes. Intervenant lors de cette rencontre, la représentante du ministère de l'Habitat a indiqué que le gouvernement est saisi et deux Conseils ministériels ont été tenus ces deux derniers jours pour étudier la question. Rappelons que les pouvoirs publics ont décidé de subventionner le rond à béton. Pour le ciment qui, lui, fait l'objet de spéculation, les pouvoirs publics ont décidé de contrôler toute la chaîne, à partir de l'usine jusqu'aux points de vente, avec l'intention de sanctionner les spéculateurs.