La forte hausse des prix des matériaux de construction en Algérie menace l'avancement des programmes de construction de logements. Sujet de préoccupation dans le secteur du bâtiment, l'augmentation du prix des matières premières affecte les devis et la rentabilité des chantiers. C'est ce que laisse entendre le président de l'Union nationale des entrepreneurs du bâtiment (Uneb), Ahmed Bengaoud, au cours d'une conférence de presse qu'il a animée en son siège à Garidi (Alger). Les entreprises relevant du secteur du bâtiment, des travaux publics et de l'hydraulique (Btph) ainsi que celles adhérant à l'Uneb sont confrontées au phénomène de la hausse «vertigineuse» des prix des matériaux de construction. A cette hausse s'ajoute la pénurie du ciment. «Marginalisés par l'absence de tout appui de l'Etat aux différents paliers liés à nos activités, entre autres, les recouvrements, l'exclusion dans l'élaboration et la distribution des marchés, les contraintes administratives ainsi que la non-actualisation des prix, nous interpellons le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme pour qu'il mette fin à cette crise», a déclaré M.Bengaoud. Il faut dire que la hausse sans précédent des prix des matériaux de construction (1000 DA pour le quintal de ciment et 9000 DA pour le quintal du rond à béton) a contraint les particuliers à arrêter leurs chantiers. Ils se plaignent de cette flambée des prix qui rend insignifiante l'aide accordée par l'Etat (500.000 DA par logement). Face à l'ampleur et à l'impact négatif de ce problème, les entrepreneurs ont affiché, au plus haut point, leur inquiétude. «Cette entrave constitue une menace pour les différents programmes de logements de qualité, notamment, ceux en chantier», a signalé le président de l'Uneb. Par ailleurs, «la pénurie du ciment qui s'est installée sur le marché formel et même celui informel dans certaines wilayas, a compliqué davantage la situation», fera savoir M.Bengaoud. Sachant que l'Algérie produit annuellement 18 millions de tonnes de ciment selon les chiffres du ministère de l'Habitat, mais 16, 5 millions de tonnes en 2008, le président de l'Uneb a indiqué que «la pénurie du ciment est due à la spéculation rendant inéluctable le contrôle des cimenteries par la vérification de l'identité des clients, qu'ils soient particuliers ou professionnels, y compris les entrepreneurs eux-mêmes». Plus loin, le conférencier a plaidé pour l'augmentation de la production du ciment pour que l'offre soit conforme à la demande, sans quoi le recours à l'importation devient indispensable. «Le ministère du Commerce nous a promis d'importer du ciment au mois de mai dernier, mais jusqu'à présent, nous n'avons rien vu», souligne l'intervenant. «Plus grave, enchaîne-t-il, nous avons demandé au ministère de l'Habitat d'actualiser les prix. En vain.» A noter que l'une des principales revendications des entrepreneurs consiste à introduire une clause de révision des prix dans l'élaboration de tous les marchés en cours et ceux futurs. Ainsi, ils pourront demander un réajustement des coûts en fonction du marché des matériaux de construction. Conscients des difficultés à venir, ces opérateurs tentent de prendre les devants afin de ne pas subir les clauses restrictives en cas d'arrêt des travaux. Même s'ils n'hésitent plus à parler des clauses particulièrement avantageuses dont bénéficieraient les entreprises étrangères, les opérateurs nationaux rappellent qu'ils sont plus de 160.000 à participer à l'ambitieux programme présidentiel du million de logements.