Jeûner avec mes amis musulmans, c'est vivre au rythme des Algériens. Avoir faim en même temps qu'eux, rompre le jeûne ensemble… Quel est l'intérêt de f'tourer le soir lorsqu'on a bien mangé quelques heures auparavant ?», déclare Olivia, Française, venue en Algérie depuis quelques mois pour un stage. Les non-musulmans qui trouvent du mal à manger pendant la journée finissent habituellement par quitter le pays au moins durant cette période. Fait inédit aujourd'hui : ils tentent de jeûner. Raisons : par respect, expérience et ou aventure… Camille et Olivia, deux amies françaises venues en Algérie pour un stage (aussi), y vivent depuis quelques mois. Elles ont décidé de faire carême. Pour Camille, le choix comporte un autre motif : la religion. Chrétienne, elle attribue une dimension spirituelle à son jeûne. «C'est une pratique qui n'existe pas dans ma religion, explique-t-elle. C'est un rituel qui permet de faire de la place pour autre chose que la nourriture.» José, un Espagnol qui travaille à Oran depuis trois ans, est passé par toutes ces étapes. L'année de son arrivée, il a fait carême «pour l'expérience». Puis le défi est devenu permanent : il s'est marié avec une Oranaise et, depuis, ils vivent le Ramadhan ensemble. Cette année, fraîchement converti à l'islam, le jeûne devient pour lui partie intégrante de sa religion. «Je crois même que j'observe le jeûne plus strictement que mon épouse», s'amuse-t-il. Ceux qui, comme José, observent le jeûne pendant des années sont plutôt rares. «J'en fais l'expérience parce que c'est pour une courte période», témoigne Olivia. Les expatriés installés à Alger choisissent plutôt l'option «fuite» : ils calent leur congé durant Ramadhan et passent le mois ailleurs. Une réaction qui s'explique par une particularité algérienne : «Absolument tout est fermé. Avant, il était tout de même possible de se restaurer discrètement, il y avait des établissements dédiés. C'est le cas dans d'autres pays arabes», explique un expatrié français.