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« Les Algériens sont un peuple très spirituel »
Le mois sacré vu par... Mme Aloisia Worgetter, ambassadrice d'Autriche à Alger
Publié dans Horizons le 06 - 08 - 2013

Mme Aloisia Wörgetter, ambassadrice d'Autriche en Algérie, accomplit le jeûne. A ses dires, nous Algériens l'avons convaincue de tenter cette expérience en raison de notre forte spiritualité. Elle évoque aussi son jeûne en livrant un regard tout à fait inédit sur cet acte : « sociologiquement parlant, il s'agit de détruire et de reconstruire les pensées intérieures ». Elle raconte également son épreuve de jeûne à la citadelle de Beni Hammad où durant trois jours elle n'a fait que boire de l'eau. Une transcendance qui lui fait poser cette question philosophique : « qui suis-je ? ». A méditer...
Quelles sont les raisons qui vous ont poussée à vouloir jeûner ?
Je voudrais bien parler du jeûne mais aussi de « Al i'tikaf », que je viens d'accomplir à la Kalaa de Beni Hammad à M'sila. Il s'agit d'une méditation qu'on réalise à la fin du Ramadhan. Depuis mon arrivée en Algérie, je ne cesse de vous observer. Vous, Algériens vous jeûner avec une grande ferveur dans le cadre d'une activité collective vraiment fascinante. J'ai commencé à me demander comment vous le faites en cette période de grandes chaleurs. J'ai décidé ainsi de m'intégrer parmi vous pour tenter de comprendre cet acte religieux. La première année, j'ai jeûné deux jours et l'année dernière je suis passé à deux semaines avec beaucoup de discipline. Certes ce fut difficile, mais je peux confirmer que cela m'a procuré des émotions que je n'ai jamais senties auparavant. Ce fut une révélation singulière, pour la première fois de ma vie que je me force à ne pas manger de l'aube jusqu'au coucher du soleil. Sauf que ces émotions ne sont pas revenues cette année. Le jeûne ne m'est plus étranger. En Algérie, le jeûne est supportable, étant donné qu'il est accompli par toute la société. Cette année, j'ai su que je serai là pendant toute la période du Ramadhan. Alors, j'ai décidé de jeûner pendant tout le mois. A quelques jours de la fin de ce mois, j'ai compris que je n'ai pas bien jeûné, puisque j'étais contrainte de boire et de manger parfois en raison d'une charge importante de travail et ce, par souci de me concentrer au mieux. On doit se préparer pendant toute l'année pour le jeûne. C'est quelque chose qui s'apprend. J'ai compris également qu'il ne s'agit pas uniquement de se priver de nourriture. En faisant carême, le corps et l'esprit sont en dialogue permanent. Cela dit, j'ai encore des progrès à faire en ce sens. Comme vertus de ce mois sacré, je retiens surtout l'échange d'esprit. J'ai beaucoup lu sur « Al i'tikaf ». A la fin du Ramadhan, on se met vraiment dans la méditation. Cela m'a permis de connaître la profondeur de cet acte que l'on accomplit au terme d'un mois de jeûne. Au bout de trente jours, on est épuisé et fatigué physiquement. En fin de journée, quand le corps devient faible, l'ego devient moins prononcé. On arrive à un état qui nous permet d'entendre notre corps. La réflexion change aussi. On arrive au constat qu'il faut reconstituer des choses en soi-même. Sociologiquement parlant, il s'agit de détruire et de reconstruire les pensées intérieures. « El i'tikaf » verse justement dans cette optique. Au palais de Beni Hammad, j'étais toute seule pendant trois jours, je n'ai rien mangé et je n'ai bu que de l'eau volontairement. Ma voix a même changé. Un certain raisonnement qu'on n'a jamais eu fait surface et nous pousse à nous interroger sur nos origines, nos soucis quotidiens et nos ambitions spirituelles. « El i'tikaf » est donc une purification, une réflexion sur soi-même et sur la portée réelle du jeûne. Qui suis-je ? Quelle est ma relation avec Dieu ? Autant de questions qui taraudent notre esprit durant ces moments de méditation. Après cette expérience que je qualifie de véritable bouleversement, je me dois de réfléchir à ce que j'ai retenu de mon jeûne et mettre en application mes nouvelles pensées sur le terrain de la réalité. En un mot, continuer à vivre en apportant des changements profonds à ma vie.
Pourquoi avoir opté pour cet acte religieux constituant l'un des principaux piliers de l'Islam ?
Le jeûne n'est pas lié uniquement à l'Islam. Ma religion reconnaît le jeûne aussi. En Autriche, le jeûne dure quarante jours et il nous permet de se rassasier seulement une fois par jour, que ce soit le matin ou le soir. En effet, la même obligation est dictée par ma religion juste que l'église catholique ne l'exige plus. La famine ayant marqué la Seconde Guerre mondiale a traumatisé les Autrichiens et les a poussés à ne plus jeûner, mais à le faire d'une autre manière pour sentir la privation. Nos deux religions sont donc conçues sur le même concept. Je n'ai jamais jeûné en Autriche. Je l'ai fait ici en Algérie pour des raisons qui sont le propre des Algériens. Vous le faites avec une joie exceptionnelle. Vous m'avez donné l'envie de sentir ce que vous ressentez durant ce mois. A mon avis, le Ramadhan n'est pas une activité culinaire, mais plutôt spirituelle. J'ai répondu à beaucoup d'invitations durant ce mois sacré. Quand je ne suis pas invitée, je rompt le jeûne avec les agents de sécurité ici à l'ambassade. Le s'hour aussi je le prends avec eux. Les Autrichiens sont très desserts et gâteaux. Durant ce mois, je pourrais me nourrir que de gâteaux. Zlabia de Boufarik, kelb ellouz, mehalbi fait à l'eau de rose, mekrout, sont autant de sucreries que j'ai vraiment appréciées. Le soir, j'ai joué aux dominos, j'ai assisté à quelques prières de Tarawih, à des débats politiques ainsi qu'à des mariages.
L'Autriche fut le premier Etat européen à reconnaître en 1912 le statut de l'Islam. Depuis cette date, comment apprécie l'apport de la communauté musulmane à de la société autrichienne ?
En 1912, beaucoup de musulmans sont venus en Autriche. Depuis 1960 et 1970, le nombre de ces musulmans a augmenté. Ce sont des Autrichiens musulmans qui ont réussi leur intégration. Ils invitent, d'ailleurs, leurs voisins à la table d'el-iftar même s'ils ne jeûnent pas, et ce, dans une ambiance de fraternité et de partage. A l'instar des Algériens, les musulmans autrichiens considèrent aussi que le Ramadhan est un mois des plus agréables. Cette communauté musulmane arrive à s'épanouir sans subir la moindre pression. L'Autriche est un pays qui encourage le dialogue des civilisations. Preuve en est, les maintes rencontres qu'elle a initiées à cet effet. L'Autriche est en contact régulier avec les différentes cultures. Il ne faut pas omettre qu'il s'agit d'un Etat ayant cautionné avec l'Allemagne l'extermination des juifs en raison de leur religion. Ce qui découle aussi de l'absence de dialogue autour des religions. Les choses qui nous lient sont plus importantes que celles qui nous divisent. Lorsque les choses vont mal, il faut justement revenir à cette base de compréhension établie à l'aide du dialogue pour dépasser les désaccords.
Peut-on connaître les grands axes de cette loi cadre régissant cette décision historique ?
Cette loi est simple et claire. Elle stipule que chaque musulman a le droit de pratiquer sa religion en toute liberté. Cette religion est reconnue et respectée. Ce fut déjà un grand acquis à cette époque-là, et ce, trente-cinq ans avant la consécration de la liberté de culte dans la déclaration des droits de l'homme. Ladite loi indique aussi que l'Etat autrichien prend en charge la formation des imams qui, à leur tour, enseignent aux enfants musulmans leur religion, et ce, dans toutes les écoles autrichiennes. Cette perception est propre à l'Autriche, convaincue que la spiritualité est un élément fondamental de l'être humain. On ne peut pas séparer l'être humain rationnel de sa spiritualité. L'Autriche soutient et encourage la spiritualité dans toute religion tout en s'assurant que cela se fasse dans le dialogue et la tolérance. Je souligne que cette loi n'a jamais fait l'objet de résistances. L'Autriche se base sur l'immigration pour faire fonctionner son économie. C'est le seul pays qui connaît un taux très faible de chômage et un manque énorme d'employés. Je suis très fière d'avoir établi de bonnes relations avec le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs. Nous sommes très touchés, mon gouvernement et moi, que nous ayons été invités à plusieurs reprises à prendre part au concours international sur la récitation du Saint Coran. Je fais tout le temps des initiatives dans le cadre du dialogue des civilisations et la communication entre les religions. Je m'intéresse beaucoup à ce qui nous lie dans notre foi, car au final, le but est le même, et Dieu estunique.
On sent que vous êtes en train de vous chercher encore spirituellement. Seriez-vous tentée un jour de vous convertir à l'Islam ?
Je me cherche, oui. Je ne sais pas de quoi sera fait demain. Pour le moment, je trouve ma spiritualité dans ma religion et dans la vôtre. Pour l'heure, je tente d'approfondir ma foi pour le reste, je ne sais pas. J'ai pour but d'avancer dans la compréhension de ma vie et de mon entourage. J'estime que le peuple algérien est très spirituel et attaché à sa religion, contrairement aux Autrichiens. Ce qui correspond à ma personnalité.
Où en sont les relations économiques algéro-autrichiennes ?
Le taux des échanges commerciaux augmente chaque année. Un saut quantitatif a été enregistré l'année dernière dans ce cadre. Un très bon signe qui me réjouit. Le nombre de visas attribués aux Algériens a augmenté également. Les appréhensions du passé causées par le terrorisme se sont dissipées et les liens entre les deux Etats se consolident davantage. L'agroalimentaire, la machinerie, les transports, notamment les chemins de fer, l'industrie pharmaceutique et la construction sont autant de domaines de coopération déjà établis entre les deux pays. Nous avons demandé aussi d'accélérer les négociations autour d'un éventuel accord portant sur le lancement d'un vol direct Vienne-Alger car nous avons besoin de cette nouvelle ligne aérienne pour avancer dans nos relations économiques. La législation algérienne n'a jamais dissuadé les hommes d'affaires autrichiens de venir ici en Algérie.
Quel message adressez-vous au peuple algérien à la fin de ce mois sacré ?
Je vous remercie profondément de pouvoir partager le Ramadhan avec vous et d'apprendre surtout de vous un aspect de la vie que ma société ne me permet pas. Je vous remercie aussi de me permettre de sentir votre familiarité et votre hospitalité durant le Ramadhan qui me fait oublier que je suis ici sans famille, loin de mon pays natal. Je suis émerveillée par votre considération et votre accueil qui montrent la profondeur de l'âme et la bonté des Algériens. Depuis ma venue ici en Algérie, il y a trois ans, je sens que je suis devenue une personne meilleure.


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