C'est sur fond d'apaisement et de bonne intention que commence la visite de Bachar Al Assad à Paris. La Syrie se dit prête à reprendre les négociations de paix avec Israël. Ce qui arrange le président Sarkozy, désireux de peser sur la scène diplomatique proche-orientale. « Nous ne posons pas de conditions pour faire la paix mais nous avons des droits auxquels nous ne renoncerons pas », a affirmé le président syrien, mercredi, dans une allusion claire au plateau stratégique du Golan occupé depuis 1967 et annexé en 1981 par Israël. Le président syrien, Bachar Al Assad, doit s'entretenir aujourd'hui à Paris avec son homologue français Nicolas Sarkozy, qui avait accueilli, mercredi dernier, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. Celui-ci s'est déclaré « prêt à rencontrer le président syrien à tout moment et où que ce soit pour reprendre les négociations de paix, sans aucune condition préalable. » Le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, a déclaré, également, mercredi dernier qu'« il ne faut pas traiter par le mépris les signaux de paix émanant ces derniers temps de Damas ». Côté israélien, le préalable à la paix est l'abandon par la Syrie de son soutien aux mouvements Hezbollah et Hamas, considérés comme des groupes terroristes par Israël. « L'occupation et la paix ne peuvent aller ensemble. Les droits, notamment la terre, sont les fondements de la paix », a affirmé Abdel-Latif Omrane, rédacteur en chef du journal du parti au pouvoir en Syrie, Al-Baas. « La partie israélienne s'emploie à saboter tous les efforts de paix internationaux. Nous souhaitons que ceux de l'Union européenne et de la France aboutissent à une paix véritable au Proche-Orient », dit-il. La Syrie et Israël sont formellement en état de guerre depuis 1948 mais ont signé des accords d'armistice et de cessez-le-feu. Les négociations de paix syro-israéliennes, parrainées par les Etats-Unis avaient été suspendues en 2000 après avoir achoppé sur le Golan. Si pour la Syrie le Golan n'est pas négociable, elle se dit prête à négocier avec Israël « d'autres éléments de la paix », comme l'eau, la normalisation des relations et les arrangements de sécurité. En mai 2008, la Syrie et Israël ont repris des négociations indirectes par l'entremise de la Turquie. Mais elles ont été interrompues lors de l'offensive israélienne contre Gaza en décembre 2008-janvier 2009, qui a aussi jeté un froid sur les relations avec l'allié turc. Bachar Al Assad a d'ailleurs récemment exhorté la Turquie à améliorer ses rapports avec Israël pour assurer de nouveau une médiation. « Si la Turquie souhaite nous aider au sujet d'Israël, elle doit avoir de bonnes relations avec ce pays », a déclaré le président syrien au journal turc Hürriyet. Depuis son arrivée à l'Elysée, Nicolas Sarkozy cherche à peser sur la scène diplomatique proche-orientale, aux côtés des Etats-Unis. En juillet 2008, le président français avait lancé l'Union pour la Méditerranée, en présence d'une quarantaine de chefs d'Etat et de gouvernement, notamment le président syrien et le Premier ministre israélien de l'époque, Ehud Olmert. « Avec l'UE et de concert avec la Turquie, nous pouvons pousser à une reprise, sous une forme ou une autre, des discussions en montrant, avec toute la crédibilité requise, aux Israéliens comme aux Syriens, qu'un règlement est à terme dans leur intérêt », a dit M. Sarkozy au quotidien syrien Al-Watan publié hier. La seconde visite du président syrien à Paris s'inscrit donc essentiellement dans le cadre du processus de paix au Proche-Orient, où la France compte emboîter le pas aux Etats-Unis et faire cavalier seul.