Président de la Société algérienne de l'hypertension, chef de service de cardiologie au CHU Mustapha et initiateur de l'étude sur l'hypertension artérielle en Algérie, le professeur Merad nous livre dans cet entretien les résultats de cette étude. Selon lui, la situation est alarmante. Une stratégie de prise en charge s'impose. Président de la Société algérienne de l'hypertension, chef de service de cardiologie au CHU Mustapha et initiateur de l'étude sur l'hypertension artérielle en Algérie, le professeur Merad nous livre dans cet entretien les résultats de cette étude. Selon lui, la situation est alarmante. Une stratégie de prise en charge s'impose. La Société algérienne de l'hypertension que vous présidez organise son 4e congrès durant deux journées. Quel est l'objectif essentiel pour cette année de cette rencontre scientifique ? Tout d'abord, je tiens à préciser que cette manifestation est purement scientifique. Elle permet aux spécialistes, à l'instar de toutes les rencontres internationales du genre, d'actualiser les connaissances et d'améliorer les performances. C'est aussi une sorte de formation pour les praticiens. Pour cette année, notre congrès est axé sur la présentation d'une étude nationale sur l'épidémiologie de l'hypertension artérielle en Algérie. Cette étude nous permet de situer son étendue à l'échelle nationale. Avec ces résultats, on peut se permettre d'avancer des chiffres fiables et faire une évaluation pour une éventuelle stratégie de prise en charge. Désormais, les professionnels peuvent s'exprimer aisément sur cette maladie et ses conséquences. Cette enquête peut constituer aussi un outil pour aboutir à un consensus en collaboration avec les pouvoirs publics, notamment le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, et prévenir une évaluation dans les cinq années à venir. A combien estimez-vous le nombre d'hypertendus en Algérie ? C'est une maladie qui prend des proportions alarmantes. Elle constitue un véritable problème de santé publique. Cela est très inquiétant. Je dois signaler que 50% des cas ne savent pas qu'ils sont hypertendus et seulement 6% de la population hypertendue sont traités. Le reste est « mal pris en charge », c'est-à-dire que ces malades ne prennent pas leurs médicaments ou ne se soignent pas du tout. Selon les estimations de notre étude, la prévalence de cette maladie est de 35,3%. C'est alarmant ! Les malades sont répartis sur les différentes régions sanitaires avec des pics au niveau de la wilaya d'Alger et dans le Sud-Est et Sud-Ouest ainsi qu'à l'Ouest. Qu'est-ce qu'il y a lieu de faire pour freiner l'extension de cette pathologie ? Un plan national de prise en charge s'impose. Le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière et l'Institut national de la santé publique doivent en faire leur priorité et engager la réflexion sur les formes d'une convention avec les praticiens pour un traitement de l'hypertension, selon les normes internationales. L'Algérie a les infrastructures qu'il faut, que ce soit dans le secteur public ou privé, pour une meilleure prise en charge de cette maladie. Qu'attend-on alors ? Ce plan national doit ainsi prévoir l'aspect prévention. Quelles sont les recommandations établies pour la prévention de l'hypertension artérielle ? Tout d'abord, il faut surveiller ce qu'on a dans notre assiette. Donc, on a besoin pour la prévention de cette maladie de faire attention à ce qu'on mange et favoriser les exercices physiques. Cet aspect doit être développé et recommandé à tous les niveaux avec la contribution des médias. Il faut également songer à la modification des normes de production de certains produits à tendance grasse comme les fromages. Il y a aussi le diabète qui est un facteur favorisant le développement de cette maladie. Les diabétiques (I et II) sont à haut risque. Ils doivent être soigneusement pris en charge. Il est également important d'instaurer et au plus vite le dépistage systématique du diabète. La prise de la tension artérielle est l'un des aspects préventifs. Donc, il faut combattre l'obésité, la sédentarité et le tabagisme.