Organisé par l'Institut culturel espagnol Cervantès d'Alger, le spectacle intitulé «En ouvrant les chemins» respecte toutes les règles du flamenco, chant, danse et musique. Mais, la danse est plutôt contemporaine, convoquant parfois l'expression traditionnelle du flamenco. La guitare espagnole appuie la gestuelle, le chant l'émotion et la percussion, le mouvement. Trois éléments qu'Ursula Lopez, aidée du danseur Christian Lossano, rassemble dans ses performances. Belle dans sa robe noire, Ursula Lopez, une véritable star en Espagne, était resplendissante dans sa robe rouge, suscitant les «oh ! ah !» du public. Le rouge et le noir ne s'épousent-ils pas ? Au jeu physique intense s'ajoutait une certaine théâtralité dans l'exécution des mouvements. Il n'y a certes pas de castagnettes ni d'éventails, mais l'âme folklorique andalouse du flamenco était bien présente sur la scène semi-éclairée de la salle Ibn Khaldoun. Le souci d'ouvrir les sentiers fermés, de se libérer, de prendre les grands airs est exprimé par les deux danseurs avec grâce et détermination. Mains et visage sont «mobilisés» pour dire la mélancolie. Les zapateado, «percussions» des pieds, s'intensifiaient à mesure que la rythmique augmentait. A la place du cajon, la fameuse caisse de résonance péruvienne, le percussionniste a utilisé le udu, un instrument nigérien. La sonorité du udu ressemble beaucoup à celle du kutam indien. Ce voyage musical est permis par le flamenco, un art de scène toujours vivace. «Je suis en quête d'une certaine forme de liberté» Les musiques profondément ibériques ont été composées par Javier Patino, qui est également le guitariste attitré d'Ursula Lopez. «J'ai fait plusieurs étapes dans le parcours du flamenco dans le spectacle de ce soir. J'ai voulu montrer au public ma manière de voir le flamenco. Quand j'évoque l'ouverture des chemins, cela me concerne. Je suis une artiste qui refuse d'être confinée dans une compagnie. Je suis en quête d'une certaine forme de liberté», nous a déclaré Ursula Lopez. Selon elle, le flamenco est en changement continuel. «Même si la racine reste la même, le chant, la danse et la musique changent mais l'essentiel est gardé», a-t-elle noté. Elle a estimé que le classement par l'Unesco du flamenco comme patrimoine culturel immatériel de l'humanité en novembre 2010 n'apportera rien de nouveau à cet héritage ibéro-andalous. «Le flamenco est l'âme de l'Espagne et surtout de l'Andalousie», a-t-elle appuyé. Ursula Lopez a entamé sa carrière professionnelle en 1994 par un spectacle d'opéra avec Carlos Saura. Ensuite, elle a rejoint une compagnie andalouse où elle était première danseuse. «Le Ballet national d'Espagne m'a ensuite ouvert ses portes en tant qu'artiste invitée. Puis, je me suis lancée dans une carrière en solo», nous a expliqué Ursula Lopez.