On ne voit que peu de troupeaux de cheptel vif dans les contrées et prairies de la plaine en dépit de la disponibilité des aliments de bétail. Au quotidien, il n'y a pas vraiment d'engouement à dispenser une facture supplémentaire en guise de sacrifice exigé par un culte religieux. Pour cela, il existe certainement des empêchements. Selon un éleveur de Ouled Slama, les gens ne sont visiblement pas enthousiasmés à faire le sacrifice. « Ils ne nous approchent même pas pour s'enquérir du prix du mouton », se désole-t-il. « Pourtant, on n'a pas décidé d'en vendre à plus de 30 000 DA la tête », ajoutera-t-il, sans cacher ses inquiétudes de voir les citoyens bouder l'achat du mouton de l'Aïd, ne serait-ce que pendant ces jours. Alors que dans les villes de Sidi Moussa, de Baraki, et des Eucalyptus, on ne voit que très rarement quelques moutons dans les parages situés dans un quartier retiré. Ce ne sont plus les troupeaux de jadis qui parcouraient les rues et les sites de peuplement. La cause est, à ce niveau, connue. « L'administration a interdit le rassemblement de troupeaux de bétail dans la ville », dit un représentant du quartier de Boukeraâ à Baraki. Même dans les quartiers populaires de Haouch El Mihoub et d'El Merdja, situés dans la même ville, on ne trouve que peu de revendeurs timides et perplexes à la recherche d'un petit espace pour les quelques têtes enfouies dans une voiture bâchée. L'un d'entre eux nous parle de la cherté des moutons au niveau des souks hebdomadaires du centre. « Le prix en gros est en moyenne de 35 000 DA la tête. Aussi, les éleveurs de Boumerdès, Blida et Médéa ne se sont pas précipités à en vendre à n'importe quel prix, puisque les frais d'alimentation ovine sont à leur portée. Tandis que dans les localités rurales de Ben Talha, d'Ouled Allal et de Belaouadi, près de Raïs, le mouton de l'Aïd n'est pas d'actualité. Les habitants, interrogés sur le sujet, se plaignent de leur faible pouvoir d'achat, sans parler des pères de famille, chômeurs, qui se débrouillent difficilement pour se procurer du pain et du lait », s'exprime spontanément un enseignant, faisant remarquer aussi qu'il faut attendre les tout derniers jours d'avant l'Aïd pour en juger. Notre interlocuteur s'interroge sur l'utilité du sacrifice chez la majorité des familles qui n'arrivent pas à régler leurs factures d'électricité. « Il convient plutôt de se sacrifier pour acheter un chauffage en cette période pluviale, plutôt que de se lancer dans une aventure de l'Aïd », dira honnêtement un conducteur de transport en commun .