Photo : S. Zoheir Par Faouzia Ababsa On ne le dira jamais assez. Et les différentes manifestations agricoles qui se déroulent en Algérie ainsi que les conférences-débats qui y sont organisées n'en démordent pas. Notre pays ne prend pas en considération l'élevage bovin, en dépit de la faible disponibilité de la viande bovine. Les mêmes causes et les mêmes effets sont évoqués. De plus, et depuis que les pouvoirs publics ont décidé d'apporter aide et assistance aux éleveurs de vaches laitières, ceux-ci se détournent de l'engraissement. Et pour cause ! Celui-ci ne rapporte pas ou du moins pas assez. Dès lors, les éleveurs optent pour l'élevage des génisses. L'Etat a d'ailleurs initié un programme de peuplement du cheptel bovin. Avec en prime l'importation de vaches laitières. Une importation qui sera assistée à 30% par les pouvoirs publics, en plus d'une aide de l'ordre de 45 000 DA pour tout veau élevé. La collecte de lait, aujourd'hui plus qu'indispensable pour réduire un tant soit peu la facture de la poudre de lait à l'importation, est rémunérée à 21 DA par litre produit. La prime de collecte varie entre 2 et 4 DA. C'est dire l'engouement pour les génisses au détriment de l'engraissement destiné à la consommation. Pourtant, ce n'est un secret pour personne que la viande bovine recèle des vertus incontestables. Elle est source de protéines (elle fournit 64% de l'apport quotidien), riche en vitamines B12 et B6 ainsi qu'en zinc pour ne citer que ceux-là. De plus et depuis quelques années, les adeptes de la viande bovine se font plus nombreux, car contenant peu de cholestérol, devenu l'une des maladies du siècle en raison de la mauvaise alimentation. Le dernier Salon international de l'élevage et du machinisme agricole (SIPSA) organisé du 17 au 20 mai derniers a encore révélé, à travers les conférences tenues en marge, la faiblesse de la production et de l'élevage. Le manque d'engouement des éleveurs n'est pas la seule raison du déficit. De nouveau, les intervenants ont mis en exergue le manque de culture fourragère, seule à même de garantir une bonne alimentation du cheptel bovin, au lieu des compléments alimentaires onéreux. La culture fourragère en Algérie représente à peine 7% de la surface agricole utile. Ce qui est très insuffisant et ne permet pas d'envisager l'augmentation de la production. Cette insuffisance n'est pas sans répercussion sur les prix à la consommation, en dehors bien entendu de la multiplicité des intervenants dans la filière. Ce déficit déstabilise le marché national, notamment lors de périodes de très fortes demandes, à l'instar du mois de carême et des fêtes. D'où le recours à l'importation, sur une période de deux mois, de manière exceptionnelle ; l'Algérie, pour rappel, avait suspendu l'importation des viandes. Et pour l'histoire, notre pays a entamé l'importation en 1967. Il fallait reconstituer le cheptel. Yaici Boubekeur en a longuement parlé, mardi dernier, en marge du Sipsa. En parfait spécialiste de la filière, il se remémorera donc les conditions qui ont présidé à la décision du président Boumediene de recourir à l'importation de la viande au lieu d'abattre le peu de têtes qui existaient. L'opération a été confiée dans un premier temps à l'ONACO qui a acheté de la viande surgelée. Mal lui en a pris. La consommation du surgelé et du congelé ne faisait pas partie des traditions culinaires des Algériens. La marchandise a, donc, été cédée à l'Armée populaire nationale. Deux ans plus tard, a expliqué encore l'ex-patron de l'ONAB et de l'OREVIC, l'Algérie interdit l'importation. Mais en 1975, la grève des chevillards a contraint le président Boumediene à descendre aux abattoirs et à satisfaire leurs revendications en totalité. Le développement de la filière viande a changé de gestionnaires au fil des ans, de l'OFLA, elle fut confiée en avril 1971, selon l'intervenant à l'Office national des aliments et du bétail (ONAB).Puis à d'autres offices, comme l'ORAC, l'OREVIC, entre autres.