Les joueurs algériens étaient lapidés comme des diables sur le chemin de leur hôtel par des mains expertes et bien entraînées dans le lancer de pierres pour ne voir, comme le font certains pour dédramatiser ce qui s'est passé, qu'un geste sporadique de supporters incontrôlés. Le roi d'Egypte est nu : s'il y avait encore un doute dans les esprits candides de ceux, peu nombreux en Algérie, qui voudraient encore croire et se convaincre que le match décisif pour la qualification en Coupe du monde de 2010 opposant l'Algérie à l'Egypte n'est qu'une rencontre de football comme une autre, avec un enjeu strictement sportif, ont eu la démonstration éclatante, par le sang, de la manière avec laquelle les Egyptiens, au plus haut niveau de l'Etat, ont abordé ce rendez-vous sportif, entre frères nous disait-on pour mieux faire passer la pilule aux Algériens. La visite qu'a rendue le président Moubarak aux joueurs égyptiens sur la pelouse du stade du Caire alors qu'ils effectuaient un galop d'entraînement, au moment même où les joueurs algériens étaient lapidés comme des diables sur le chemin de leur hôtel par des mains expertes et bien entraînées dans le lancer de pierres pour ne voir, comme le font certains pour dédramatiser ce qui s'est passé, qu'un geste sporadique de supporters incontrôlés, aurait pu apparaître comme un geste rituel d'encouragement d'un président à des sportifs pour honorer dignement les couleurs nationales qu'ils portent en arrachant le billet pour la qualification à la Coupe du monde. Un événement qui suscite après tout la même mobilisation, toute sportive – Etats et nations – à travers toute la planète.Cela si les Egyptiens n'étaient pas installés dans un véritable état de guerre depuis l'annonce du match contre l'Algérie, avec leurs médias cassant de l'Algérien en boucle sur les chaînes satellitaires et à longueur de colonnes dans les titres de la presse écrite, conditionnant une opinion publique chauffée à blanc, à qui l'on fait croire que c'est le destin de l'Egypte qui se joue dans ce match avec l'Algérie, tout cela sinon avec la bénédiction des autorités officielles, du moins sans que celles-ci ne lèvent le petit doigt pour mettre le holà. Baignés dans la culture de la fraternité – la vraie – forgée dans un passé héroïque commun où le sang des deux peuples s'est mêlé pour recouvrer leur souveraineté, les Algériens, à commencer par les dirigeants, ont succombé aux discours mielleux et aux fausses assurances données au niveau des instances sportives égyptiennes et des dirigeants politiques, à l'instar de l'entretien téléphonique entre les deux chefs de la diplomatie algérienne et égyptienne, quelques jours avant la rencontre, pour faire de ce rendez-vous une fête de la fraternité algéro-égyptienne. Pendant ce temps-là, dans les laboratoires secrets égyptiens, on travaillait comme un seul homme, comme on sait si bien le faire dans ce pays où tout est « moukhabarate », pour venir à bout de ce onze algérien qui se dresse avec obstination sur le chemin de leur qualification au Mondial. Et ce qui devait arriver arriva ! Sauf que ces officines ne semblaient pas bien inspirées cette fois en nous servant un thriller de mauvais goût, un véritable navet du genre, dans le plus pur style cinématographique des films de série B égyptiens. Qui pourrait en effet un instant croire à la version donnée par les médias, les officiels égyptiens et cautionnée par le parquet de ce pays qui a conclu à la thèse de l'autoflagellation et du suicide sectaire de la délégation algérienne en concluant que les projectiles qui avaient ciblé l'autobus de la délégation algérienne venaient de l'intérieur du bus et non de la rue ? Un scénario dont aucun cinéaste ne voudrait, pas même les plus portés sur les effets de mise en scène chers au cinéma de bazar où se mêlent le grotesque et le fard dégoulinant. Question : le chauffeur de l'autobus s'est-il joint à cette danse des loups des Algériens pour casser sa vitre lui aussi de l'intérieur ? Le crime est bel et bien signé. En exigeant des garanties écrites des Egyptiens pour assurer la sécurité de la délégation et des supporters algériens jusqu'à leur retour au pays et en leur infligeant un avertissement en bonne et due forme, les responsables de la Fifa ont refusé de suivre le verdict du parquet et de la justice égyptiens dont on connaît le degré d'indépendance ; une justice qui ne pouvait par conséquent être dans cette affaire que juge et partie. Les armes du crime existent et les témoignages aussi, à travers les images des blessés couverts de sang, du vrai, pas de la peinture de mauvais goût comme on en trouverait dans un mauvais film égyptien. Les pierres ont bel et bien été lancées à partir de la rue. Sinon, que faisaient tous ces excités, sur l'itinéraire de l'autobus de la délégation algérienne en pleine obscurité, dont on a pu voir quelques images volées sur les télévisions étrangères et sur des sites internet ? Qui les a informés du timing du passage de la délégation ? Que faisaient les policiers censés sécuriser toute la zone ? Dans leur scénario macabre, les Egyptiens ont oublié une donnée fondamentale : c'est qu'à l'ère des nouvelles technologies de l'information et d'Internet, le mensonge et la désinformation ne passent plus. Le parquet égyptien a cherché le coupable auprès des victimes. L'objectif des Egyptiens, tout le monde l'aura compris, visait manifestement à saper le moral des joueurs algériens et du staff technique. Cet incident sera marqué d'une pierre noire dans le mouvement sportif égyptien et ne manquera pas, sans nul doute, de laisser des stigmates dans l'opinion algérienne, qui a ressenti cette agression comme une atteinte à la dignité et à la fierté nationales.