L'ancien appelé du contingent français envoyé en 1957 à Merouana (Batna), René Fagnoni, raconte dans un entretien à l'APS, sa toute première rencontre avec la famille Ziza grâce à laquelle il mit à profit son statut de civil-secrétaire d'un major pour connaître l'Algérie et se «frotter» à sa population. «Lorsque je suis arrivé à Corneille (Merouana), j'ai eu tôt fait d'apprendre que toute la famille du petit homme qui travaillait à la commune mixte de Corneille, Ziza Ali, était engagé dans les rangs du FLN, ses deux fils, Ayèche, médecin colonel de l'ALN et Maâmar, ainsi que sa fille, Massika, engagée dans la wilaya II dans la région de Collo», se rappelle-t-il. M. Fagnoni, qui travaille aujourd'hui pour un comité de groupe de presse français, se félicite des liens d'amitié qu'il avait noués avec le père de cette glorieuse famille, dont la photo figure dans son livre Chronique des Aurès paru en 2006 aux éditions Art Kange et présenté comme un «recueil de poésies visuelles» où l'auteur met à la disposition du public ses propres photos souvenir. Une bonne partie de ces photos figurent aussi dans L'Algérie en couleurs, de l'historien Tramor Quemeneur et du journaliste et essayiste, Slimane Zeghidour, paru aux Arènes en octobre 2011. Ces liens avec la famille Ziza ont également permis, selon Fagnoni, de «sortir de l'oubli» le combat libérateur de Massika. «C'est vrai que je me suis battu pour faire sortir de l'ombre cette glorieuse chahida, tout comme son amie Raymonde Peschard, elle aussi tombée au champ d'honneur, les armes à la main», a-t-il affirmé, indiquant que c'est surtout son frère, Ziza Maâmar, qui lui a raconté le parcours héroïque de sa sœur. «Je n'ai eu de cesse d'en parler autour de moi, notamment aux réalisateurs de la Télévision algérienne et aux hommes politiques que j'étais amené à côtoyer», a affirmé M. Fagnoni, qui s'est réjoui qu'après une séquence télévisée consacrée en 2007 à la chahida, il a été décidé de donner son nom à une promotion d'élèves médecins majors de l'Armée nationale populaire (ANP). Dans un article paru il y a quelques années dans la presse, une nièce de la chahida se plaignait du «silence» qui entourait le parcours combattant de sa tante paternelle dont «on ne parle pratiquement jamais», selon elle. «Ce constat m'a choqué, d'autant plus que les renseignements que j'ai recueillis là où la chahida a vécu me prouvent qu'elle a été une des plus valeureuses héroïnes de notre pays», a-t-elle ajouté. Selon M. Fagnoni, «on est, aujourd'hui, par le truchement de témoignages, tant du frère de la chahida, Maâmar, que d'autres compagnons d'armes, loin d'être encore là». «Grâce à ces témoignages, dûment recoupés, une page de Wikipédia, l'encyclopédie universelle sur internet, est consacrée à cette moudjahida, soutenue récemment par une brillante photographie de cette héroïne, l'une des rares qui subsiste», s'est-il réjoui, se disant «honoré» d'être encore aujourd'hui l'ami de cette «glorieuse famille». Selon des récits concordants, Ziza Massika était, en 1959, responsable d'un hôpital de campagne où elle soignait des blessés avec une infirmière qui se trouvait avec elle. Aujourd'hui, plusieurs établissements publics dans la région des Aurès portent le nom de cette héroïne de la Révolution de Novembre, immortalisant le combat d'une militante enfin sortie de l'oubli.