Le travail, de 26 minutes, a été produit dans le cadre des ateliers du film documentaire organisés à Béjaïa par l'association Keina cinéma. Le documentaire est surtout œuvre-témoignage de ceux qui ont approché et travaillé avec Kateb Yacine, à son retour en Algérie puis à son installation à Sidi Bel Abbès, en octobre 1978, où il a pris la direction du théâtre de la ville. Brahim Hadj Slimane a expliqué le choix de ce titre La 3e vie de Kateb Yacine pour résumer le cheminement artistique de l'auteur de Nedjma après son retour au pays et jusqu'à sa mort. « Ses deux précédentes vies sont relatives aux périodes allant de sa naissance jusqu'à son exil en France, puis à son séjour en France », a-t-il expliqué. Brahim Hadj Slimane a troqué son stylo contre une caméra pour filmer le comédien Mahfoud Lakroum et le musicien Smaïn Hebbar. Ces deux artistes parlent de leur rencontre avec Kateb Yacine au Théâtre de la mer à Bab El Oued pour le suivre ensuite à Sidi Bel Abbès. Ils évoquent cette période d'« enthousiasme révolutionnaire » qui a permis au père de Nedjma d'écrire et de monter ses plus belles œuvres théâtrales. « Ce documentaire n'a pas pour ambition de parler de l'homme ou de son œuvre. C'est un cri de cœur pour réparer une injustice artistique, celle de l'absence de trace filmique de la pièce Mohamed prends ta valise et une autre injustice humaine, celle du sort réservé aujourd'hui à des artistes comme Mahfoud et Smaïn qui vivent dans des conditions matérielles déplorables », a expliqué le réalisateur. La présentation de ce film a été suivie d' une lecture de poèmes de Smaïl Aït Daffer, Complainte des mendiants arabes de la Casbah et de la petite Yasmina tuée par son père, ou encore Loin de Nedjma, Soliloques, Le Vautour de Kateb Yacine, ponctuée par des intermèdes musicaux. Brahim Hadj Slimane est actuellement en tournée en France avec sa troupe Imagine d'Oran. Il est invité par l'Agence de promotion des cultures et des voyages (APCV) de Seine Saint-Denis, qui rend un hommage posthume à Kateb Yacine, à l'occasion du 20e anniversaire de sa disparition.