Faut-il encore continuer à se demander pourquoi la Fédération internationale de football (FiFa) n'a pas assumé ses responsabilités pour sanctionner l'équipe égyptienne et la Fédération égyptienne de football pour les graves violations aux règlement et charte de l'organisation constatée avant, pendant et après le match contre l'Algérie disputé le 14 novembre ? Pourtant les documents, les images des télévisions étrangères dont celles de Canal+ dont l'équipe de reporters se trouvait à bord de l'autobus de l'équipe algérienne, images diffusées sur cette chaîne dimanche, les pièces à conviction – les projectiles lancés sur l'autobus de l'équipe nationale qui ont blessé plusieurs joueurs et l'autobus bombardé avec ses vitres cassées et le sang maculant les sièges –, tous ces témoignages accablants existent et furent transmis à la Fifa par la Fédération algérienne de football. La Fifa qui ne fait pas dans la dentelle pour appliquer et faire respecter par les pays membres de l'organisation ses textes et règlements s'est montrée paradoxalement indulgente pour ne pas dire partiale avec l'Egypte comme on l'a vu avec l'amende infligée à la Fédération algérienne de football pour quelques malheureux fumigènes tirés par des supporters algériens au stade de Blida à l'occasion du match aller contre l'Egypte ou encore à la suite des propos indécents tenus par Diego Maradona, l'entraîneur de l'équipe d'Argentine. La charte et le règlement de la Fifa ont été violés, y compris dans l'enceinte du stade du Caire devant des millions de téléspectateurs à travers les différents continents qui ont suivi ce derby et devant les plus hauts responsables de l'organisation qui ne pouvaient pas être induits en erreur par leurs représentants au Caire par des rapports édulcorés sur les incidents du Caire. Nous avons tous vu à la télévision et avec nous les dirigeants de la Fifa comment l'hymne national algérien a été outrageusement sifflé par les supporters égyptiens et le voile rouge et cendre qui avait enveloppé le stade sous l'effet des fumigènes tirés par les supporters égyptiens après le premier et le second but de l'équipe égyptienne. L'observateur sportif impartial attendait au moins une réaction tout aussi ferme de la part de la Fifa par rapport à ces dérapages. Il n'en fut rien. Fallait-il s'en étonner après la gestion pour le moins honteuse des événements graves vécus par l'équipe nationale touchée dans son intégrité physique et son moral après la lâche agression dont fut l'objet l'autobus qui transportait les joueurs de l'aéroport à leur hôtel ? Une gestion suspecte qui n'honore guère l'esprit et les principes fondateurs de cette organisation qui prône le fair-play, la saine compétition et l'amitié entre les peuples à travers le football. Le communiqué rendu public par la Fifa à la suite de ces incidents et sous la pression de la Faf sous la forme de mise en grade adressée aux autorités footballistiques égyptiennes en vue d'assurer la sécurité de la délégation algérienne et de nos supporters sous peine de sanctions sévères fut un compromis à l'avantage de l'Egypte. Il lui a permis de se tirer d'affaire et de faire en sorte que le match ait lieu, évitant ainsi son report ou la disqualification de l'équipe d'Egypte comme ce fut le cas pour le match qui avait opposé l'Egypte au Zimbabwe en 1994 et dont la Fifa avait décidé d'annuler la victoire de l'Egypte au Caire pour cause d'utilisation de fumigènes par les supporters égyptiens lors du match et de le faire rejouer sur un terrain neutre en France. Autres temps, autres mœurs de la Fifa . Quatre jours après le match du Caire du 14 novembre qui avait sauvé l'équipe d'Egypte d'une disqualification justifiée, la Fifa a annoncé hier dans un communiqué l'ouverture d'une enquête à la suite des incidents du Caire. Aucune décision ne sera rendue publique avant trois jours, a précisé à l'APS le département Médias de la Fifa. Trois jours ? C'est-à-dire qu'il faudra patienter après le match d'aujourd'hui à Khartoum pour connaître la décision de la Fifa. Les responsables de cette organisation affichent à travers leurs tergiversations face à ce dossier encombrant qui est pourtant bien ficelé un réel embarras. Pourquoi attendre après le match d'aujourd'hui pour rendre le verdict ? La Fifa est, dans cette affaire, prise dans son propre piège. Les instances footballistiques internationales ont sous-estimé les conséquences du dérapage et parti pris flagrant en faveur de l'Egypte sur la crédibilité de l'organisation. L'indignation soulevée au niveau du mouvement sportif international et particulièrement au niveau du monde du football suite à l'impunité qui a entouré les graves incidents du Caire a certainement pesé lourdement dans la décision de la Fifa d'ouvrir une enquête sur ces événements. Mais faudrait-il pour autant attendre quelque chose de la Fifa ? L'Egypte, parce que c'est l'Egypte, enfant choyé de l'Europe et des grandes puissances a toujours été portée à bout de bras, soutenue, politiquement, financièrement , sportivement dans toutes les organisations internationales. La Fifa qui est loin d'être neutre fait aussi de la politique à sa manière. Et entre l'Algérie dont les positions politiques au plan international de soutien aux peuples en lutte pour le recouvrement de leur indépendance au Sahara occidental, en Palestine et ailleurs et l'Egypte, sous-traitant servile des Américains, des Européens et des Israéliens dans le conflit du Moyen-Orient, le choix pour la Fifa est facile à faire. Pour cette raison et uniquement pour cette raison, l'Egypte ne court aucun risque d'être épinglée ni aujourd'hui pour le traitement réservé aux Algériens au Caire, ni demain, ni jamais tant que sur le plan géo-politique elle se montre plus proche des Israéliens que des Palestiniens.