Après le choc externe de 2009 – le seul de la décennie – la balance des paiements extérieurs de l'Algérie renoue à nouveau avec les déficits sous l'effet conjugué d'une forte tendance à la hausse des importations et d'un net recul des exportations d'hydrocarbures. Selon le dernier rapport de la Banque d'Algérie (BA) sur la conjoncture monétaire et financière du premier semestre de l'année en cours, le compte courant de la balance des paiements extérieurs a enregistré, à fin juin dernier, un déficit de l'ordre de 1,2 milliard de dollars contre un excédent de 10 milliards de dollars à la même période de 2012. Présentée hier par le gouverneur de la BA, Mohamed Laksaci, lors d'un point de presse, à l'Ecole supérieure de banque à Alger, la note de conjoncture des six premier mois de 2013 fait globalement ressortir un léger déficit du solde de la balance des paiements extérieurs, estimé à 0,15 milliard de dollars, reflétant ainsi la vulnérabilité accrue des équilibres macro-économiques de l'Algérie, bien que son pouvoir d'achat extérieur demeure confortable. En effet, à fin juin dernier, l'encours des réserves de change, qui a tout de même baissé à 189,7 milliards de dollars contre près de 190,7 milliards à fin décembre 2012, reste nettement appréciable, d'autant que l'encours de la dette extérieure a baissé à un niveau historiquement bas, soit 3,4 milliards de dollars à fin juin 2013. La contraction de l'encours des réserves de change, a expliqué Mohamed Laksaci, est due à «un effet de baisse de valorisation dans un contexte international caractérisé par une persistance de la faiblesse des taux d'intérêt» sur les titres souverains ; les niveaux de rémunération des emprunts publics à 10 ans, a-t-il précisé, n'étant plus que de 2,5% aux Etats-Unis et de 1,7% en Allemagne. Jonglant entre alarmisme sur la vulnérabilité de la balance des paiements aux risques de chocs externes et autosatisfaction autour de la gestion prudentielle des réserves de change, le gouverneur de la BA estime, en substance, que la situation financière extérieure de l'Algérie reste globalement très favorable. Pourtant, selon les chiffres du commerce extérieur pour les six premiers mois de l'année en cours, les importations ont connu une très forte augmentation estimée à plus de 20%, tandis que les exportations d'hydrocarbures ont marqué un fort recul de l'ordre de 10,6% en volume et de 14,3% en valeur. Ceci, alors que les exportations hors hydrocarbures demeurent des plus marginales : à peine 682 millions de dollars au premier semestre 2013. De plus, la facture globale des importations, qui observe une inquiétante tendance à la hausse depuis plusieurs mois, est tirée par de fortes augmentations des biens de consommation non alimentaire et alimentaire, respectivement à 8,7% et 16 ,2% au premier semestre 2013, contre seulement 2,5% pour les biens d'équipements industriels. Dans cet ordre d'idées, le gouverneur de la Banque d'Algérie n'a pas manqué de s'alarmer de la croissance significative des importations de produits énergétiques, qui a ainsi atteint un niveau de plus de 90% au cours des six premiers mois de l'année en cours. Les recettes des exportations d'hydrocarbures observant une nette tendance à la baisse sur les six premiers mois de 2013, alors que la facture des importations ne cesse d'enfler, la balance des paiements de l'Algérie renoue donc officiellement avec les déficits.