Espoir. En 2003, la formule AADL en était à ses débuts. Ils ont été nombreux à s'y inscrire et à se prêter au jeu bureaucratique pour paraître sur la liste des heureux bénéficiaires. Avis favorables pour des centaines de personnes. Leurs demandes d'acquisition de logement en location-vente ont été «jugées recevables par la commission instituée à cet effet», est-il noté sur le document que l'AADL leur a fait parvenir. Et pourtant, ils attendent encore. «J'ai eu le temps de me marier, d'avoir trois enfants et toujours rien !», confie Moussa, un Algérois inscrit sur la liste de 2003. Au moment de son inscription, le nombre de demandeurs dépassait largement celui des logements du programme. Sa demande ne pouvait donc être satisfaite «dans l'immédiat». Dans le document qu'il brandit inlassablement, comme ultime preuve de ce qu'il juge être «une arnaque», il est pourtant clairement noté que sa «demande de souscription est prise en charge dans le fichier AADL et qu'il sera convoqué dans l'éventualité d'un programme futur». Les années passent. D'autres programmes voient le jour. AADL 2004. AADL 2005. D'autres souscripteurs entrent dans le jeu. Ils reçoivent des avis favorables. Mêmes documents. Même scénario. Moussa et ses semblables prennent leur mal en patience et attendent. Mais des rumeurs courent et les affolent. «Des souscripteurs sont logés sans respect de l'ordre chronologique d'inscription de manière complètement aléatoire.» Djamel, la cinquantaine, enseignant, souscripteur 2003, témoigne : «A la cité AADL de Draria, je connais des gens qui étaient parmi les derniers à s'inscrire et qui sont aujourd'hui logés et tranquilles !» La colère monte et la contestation s'organise. Déclarations contradictoires Injustice. Parmi les souscripteurs mécontents, près de 500 personnes osent se rassembler en un collectif décidé à «tarabuster» l'administration. «Nous avons envoyé une soixante de courriers à la direction de l'AADL et au ministère de l'Habitat pour qu'ils nous tiennent informés de l'actualisation de nos demandes acceptées», explique Mustapha Hamouche, porte-parole du collectif des souscripteurs AADL 2003/2004/2005. Silence total. A ce jour, aucune réponse ne leur a été donnée. Mieux, ils ont été arbitrairement exclus des opérations d'actualisation entreprises par l'administration en septembre 2012 dont les souscripteurs 2001 et 2002 ont bénéficié. Pis, ils ont été priés de refaire toutes les procédures pour s'inscrire dans le nouveau programme 2013. Après dix ans d'attente, ils perdent leur droit à la priorité et sont mis sur le même pied d'égalité que ceux qui viennent tout juste de s'inscrire. Pourtant le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, Abdelmadjid Tebboune, et le directeur général de l'AADL, Elias Bénidir, ont assuré dans plusieurs déclarations à la presse que les anciens souscripteurs avaient la priorité. Communication «pneus brûlés» Colère. «142 598 demandes éligibles dans le cadre des programmes de logement AADL 2001/2002/2003/2004/2005 sont en suspens. Le ministère de l'Habitat vérifie tous les dossiers, ils seront pris en charge en priorité dans le nouveau programme extensible», dixit Elias Bénidir, directeur général de l'ADDL, lors d'une conférence débat au forum «En toute liberté», qui s'est déroulé le 17 décembre 2012 au siège du journal Liberté. Neuf mois plus tard (en août 2013), M. Bénidir annonce, cité par l'APS, que les souscripteurs 2003/2004/2005) sont exclus de l'opération d'actualisation et qu'ils n'ont pas la priorité. «Elias Bénidir nous a clairement déclaré que la décision d'actualisation revient au ministre, il n'a demandé la priorité que pour les souscripteurs de 2001 et 2002», raconte Mustapha Hamouche, entouré d'autres souscripteurs. Un mois plus tard, le ministre le confirme dans une déclaration à une chaîne télé. La colère monte d'un cran, le collectif entame une procédure judiciaire pour que le refus d'actualisation de leurs dossiers leur soit notifié par écrit. Ils demandent le 16 septembre 2013 – date d'ouverture des nouvelles inscriptions –, une ordonnance au président du tribunal de Bir Mourad Raïs. Ils formulent, deux jours plus tard, une requête officielle, par voie juridique, pour que leur exclusion leur soit remise par écrit. Aucune réponse. Joint à plusieurs reprises par El Watan, le directeur général de l'AADL a refusé toute déclaration. Un silence qui renforce un malaise déjà grand. «L'administration ne communique qu'avec les pneus brûlés, ils ne répondent qu'à ça», lâche, colérique, l'un des souscripteurs. Le collectif compte épuiser toutes les voies juridiques pour réclamer un accès au registre coté et paraphé de l'AADL, prévu par l'article 4 de l'arrêté du 23 juillet 2001 fixant les conditions et modalités de traitement des demandes d'acquisition de logements dans le cadre de la location-vente, où toutes les inscriptions sont censées être notées par ordre chronologique. Ils se disent prêts à tous les sacrifices pour revendiquer leur droit, non plus à un logement, mais à une réponse formelle. Une question de dignité.