Attention, danger de mort !» Les acquis de la révolte du 5 Octobre 1988 risquent d'être définitivement remis en cause. C'est le SOS lancé par les participants à la conférence-débat organisée, hier à Alger, par l'association RAJ et le CLA, à l'occasion du 25e anniversaire des événements d'Octobre 1988. Autorisée par les autorités – c'est une surprise même pour les organisateurs –, cette rencontre s'est tenue avec la participation de plusieurs acteurs et militants du mouvement associatif, dont l'ancien secrétaire général de RAJ, Hakim Addad, le journaliste et écrivain, Hocine Belalloufi, le secrétaire général du CLA, Idir Achour et le président de RAJ, Abdelouhab Fersaoui. Ces derniers n'y sont pas allés par quatre chemins pour attirer l'attention sur le risque encouru et les défaillances des forces politiques d'opposition à défendre les droits acquis, grâce à la mobilisation, il y a 25 ans. Les intervenants se sont focalisés d'abord sur la nouvelle loi sur les associations qui s'est confirmée comme étant une épée de Damoclès au-dessus de la tête des militants associatifs. «Il ne s'agit plus de dire que les libertés sont menacées, mais de reconnaître que cette loi va tuer toutes les velléités revendicatrices à travers des associations légalement constituées. Aujourd'hui c'est le tour des associations, demain ce sera celui des syndicats autonomes, après- demain il sera même possible de passer aux partis politiques sans oublier la presse», expliquent-ils. Selon eux, les nouvelles lois «dont le but est purement et simplement de tuer les défenseurs des acquis démocratiques et les outils qui dans la société permettent cela, les associations, ramèneront le pays à la situation qui prévalait avant 1988». Les participants appellent, dans ce sens, à la mobilisation pour l'abrogation de la loi sur les associations de 2012. «Le gel des associations à Oran nous interpelle tous. Nous sommes arrivés à mobiliser 20 personnalités universitaires et 18 associations à Oran pour appeler à l'abrogation de cette loi. Nous allons lancer une pétition nationale prochainement», a déclaré Fatma Boufenik, maître de conférences à l'université d'Oran. Hakim Addad abonde dans le même sens. «La mobilisation pour l'abrogation de ce texte est une urgence. C'est un texte qui écrasera la démocratie», déclare-t-il, relevant les défaillances de certains maillons de la chaîne, qui est la classe politique. «L'alternative, le maillon manquant» «Depuis 2012, les acquis d'Octobre commencent à être remis en cause. Toutes les associations sont menacées. Mais où sont les partis politiques qui ont aussi bénéficié des acquis d'Octobre 1988 ? La situation est dangereuse», enchaîne-t-il. Dans le même sens, Hocine Belalloufi revient sur ce qu'il appelle l'échec «des forces nationalistes et démocratiques à présenter une alternative». «Il y a une défaillance des forces politiques à faire la jonction entre les revendications sociales et politiques afin d'imposer le changement», dit-il. Selon lui, tous les projets politiques doivent prendre en considération les luttes sociales. Pour sa part, le syndicaliste Idir Achour explique que la mobilisation doit se faire, à la fois, dans le lieu de résidence et le milieu de travail. «Les perspectives peuvent être construites dans ces deux lieux. Car les problèmes sont les mêmes partout et la formation des militants se fait sur le terrain», insiste-t-il. Les jeunes, ajoute Abdelouhab Fersaoui, doivent aussi s'imposer comme des meneurs dans la construction démocratique. «Les jeunes constituent la majorité de la population algérienne. La jeunesse a un grand rôle à jouer dans la construction démocratique. Elle doit être un acteur et une force de propositions», soutient-il, appelant les jeunes à prendre exemple «sur nos aînés qui ont arraché l'indépendance du pays».