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massacre foncier à ciel ouvert
Publié dans El Watan le 17 - 10 - 2013


Jijel
De notre envoyé spécial
Depuis l'interdiction du débarquement des marchandises non conteneurisées au port d'Alger et leur transfert vers le port de Djendjen, une dangereuse spéculation foncière s'est abattue sur la région et une grande frénésie s'est emparée des propriétaires de terres agricoles. Profitant de l'absence d'espaces aménagés pouvant servir de zones sous douanes, nécessaires aux concessionnaires automobiles après réception de leurs véhicules, beaucoup d'agriculteurs n'ont pas hésité à céder leurs terres à des intermédiaires qui, à leur tour, les proposent à la location aux concessionnaires et autres importateurs de véhicules.
Le phénomène, qui ne touchait, à son début qu'une partie infime des terrains agricoles, s'est progressivement accentué pour atteindre aujourd'hui des proportions alarmantes. Lors d'une virée de quelques heures dans la région, la semaine dernière, le constat fait de cette situation nous donnait froid dans le dos. Tout au long de la RN43, notamment à l'entrée est de la wilaya où l'activité agricole y est florissante, la «ceinture verte» qui formait, jadis, les vastes étendues de cultures au pied des montagnes et les grandes plaines aux diverses variétés maraîchères donnent déjà un aperçu du massacre agricole que subit la région.
En effet, des espaces agricoles hautement fertiles, nous dit-on, sont fractionnés et transformés aujourd'hui en de vastes parcs servant à l'entreposage de véhicules sortant du port. De la commune d'El Ancer jusqu'à Kaous, en passant par Belghimouz, El Kennar, Beni Ahmed ou Sidi Abdelaziz, le décor est identique mais surtout regrettable : des aires de stationnement bitumées et clôturées ont pris désormais la place des exploitations agricoles productrices d'une grande variété de légumes. L'habituel mouvement des tracteurs transportant les marchandises culturales est remplacé, quant à lui, par l'incessant va-et-vient des gigantesques camions porte-véhicules. La présence d'engins de travaux publics aux alentours des quelques surfaces, jusque-là épargnées, prouve aussi que les «attaques» contre les terres agricoles dans la région ne vont pas s'arrêter en si bon chemin.
Un business qui rapporte
«Le port de Djendjen étouffe. Pas moins de 400 000 véhicules y ont été réceptionnés pour le seul premier semestre de 2013, et le manque de terrains est de plus en plus ressenti. Il n'est pas impossible de voir d'ici quelque temps le peu des terres, résistant à ce phénomène tomber entre les mains des barons du foncier», nous confie un jeune Jijelien, parmi les rares n'ayant pas renoncé, jusqu'ici, à leur métier d'agriculteur. Car, faut-il le dire, la tentation est grande. «Depuis le transfert des marchandises non conteneurisées au port de Jijel, les prix des terrains ont été multipliés par dix, voire vingt dans certains cas», nous explique le jeune agriculteur.
«Avec toutes les difficultés qu'endurent les exploitants agricoles, beaucoup n'ont pas hésité à ranger leurs pioches et à vendre ou louer leur terre à des prix intéressants pour changer carrément d'activité», souligne encore notre interlocuteur. Selon certaines indiscrétions, les transactions foncières se font par contrat de location de cinq ans, contre la somme de 150 millions de centimes par an pour un hectare. Combien sont-ils à avoir succombé à la tentation du gain facile ? Aucun recensement fiable n'est disponible pour l'heure. Il en est de même pour la superficie des terres concernées par ce business des temps modernes.
En effet, qu'il s'agisse d'exploitations collectives (EAC) ou individuelle (EAI), de terrains privés ou domaniaux, le détournement des terres de leur vocation n'épargne aucun type d'activité agricole. Il faut savoir à ce propos que la wilaya de Jijel y développe de nombreuses filières agricoles, notamment le maraîchage, la viticulture, l'arboriculture, l'agrumiculture, l'oléiculture et la plasticulture. La superficie globale qui y est consacrée est de plus de 43 000 ha.
Seulement, avec les défalcations qui rognent ces terres à longueur d'année, que ce soit pour les besoins des projets d'utilité publique, l'auto-construction, ou dans le cadre de la réalisation des zones de sous douanes pour les concessionnaires automobiles, la superficie réelle du tissu foncier agricole qui en reste ne peut être définie aujourd'hui avec exactitude. Pour Mohamed Rafik Zaïmeche, président de la Caisse régionale de mutualité agricole (CRMA), et patron de la plus célèbre usine de liège dans la région, le malheur qui s'abat sur le secteur agricole à Jijel remonte aux années 1980 où «de nombreux projets de développement et d'infrastructures, mal réfléchis et mal conçus avaient déjà commencé à empiéter sur des zones potentiellement agricoles, comme c'est le cas pour la station d'épuration d'eau ou la centrale électrique construite non loin du port.» Selon lui, «la wilaya de Jijel a perdu, entre 2012 et 2013, 90% de ses terres cultivables, sans parler de celles qui sont laissées à l'abandon». L'on peut citer entre autres exploitations à l'arrêt depuis plusieurs années celles situées à El Anser s'étalant sur plus de 160 ha et mises, récemment, en sous-location, ou encore les deux fermes pilotes d'une superficie de plus de 500 ha à Taher.
Dans la localité de Harraten, à 4 km à l'est de Jijel, la ferme pilote Adouane Ali, restée longtemps inexploitée, a fini par servir de lieu pour la construction d'un nouvel établissement pénitentiaire, mais aussi pour le lancement de plusieurs activités commerciales, notamment pour la vente de matériaux de construction.
Un développement tous azimuts
Pourtant, comme le fait rappeler M. Zaïmeche, la loi sur le déclassement des terres agricoles insiste sur la nécessité de «tenir compte de la viabilité économique de l'exploitation agricole, c'est-à-dire qu'on ne doit pas amputer l'exploitation d'une superficie qui va l'amener à devenir non viable», explique note interlocuteur. Pour lui, tout le problème réside dans le non-respect des lois, comme c'est le cas par exemple du projet de réalisation d'un complexe sidérurgique dans la zone franche de Bellara, à 30 km de Jijel, où les 900 ha qui y sont consacrés «n'auront plus aucune autre utilité compte tenu des conséquences environnementales néfastes que ce complexe aura sur la zone, mais aussi sur toutes la régions avoisinantes».
Et de rappeler que «la zone franche de Bellara a été créée en 1997 par décret exécutif stipulant qu'elle est à vocation industrielle d'exportation où peuvent s'exercer toutes formes d'investissements hormis ceux polluants ou prohibés par la loi». Cependant, «l'on ne comprend pas comment ce projet de complexe a été retenu, alors qu'il est notoirement connu aujourd'hui que ce type d'activité industrielle engendre inévitablement une pollution atmosphérique (fumées d'incendie), aqueuse et une dégradation des sols», s'interroge l'industriel jijelien.
C'est dire qu'après la décennie noire qui a frappé la région, jadis fief des groupes terroristes, les autorités locales, à vouloir trop accélérer le rythme du développement, s'engagent aujourd'hui dans des projets infrastructurels de façon hâtive et insuffisamment réfléchie. Résultat des courses : absence totale d'harmonie et non-respect des priorités sectorielles. Peu de terres, à vocation agricole ou touristique, échappent actuellement à l'invasion du béton ou aux activités pseudo économiques et parasitaires. A Sidi Abdelaziz, la coquette plage
Le Rocher aux moules n'attire plus les foules d'antan, pour la simple raison qu'une immense plateforme en béton est érigée sur le rivage pour servir de lieu de débarquement aux embarcations de pêche. Après l'agriculture, est-ce venu le tour du tourisme de subir le même massacre ? C'est toute la crainte qu'expriment aujourd'hui les habitants de Jijel.


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