Pouvez-vous expliquer brièvement l'action de « Publiez ce que vous payez » dans le monde ? « Publiez ce que vous payez » est une campagne globale impliquant 350 organisations militant pour les droits humains, la défense de l'environnement et l'accès à l'information. Des associations proches de l'Eglise y sont également membres. Notre but est de permettre aux citoyens des pays riches en ressources naturelles de profiter de ces richesses. Souvent les élites et les gouvernements reçoivent cet argent mais les bienfaits ne retombent pas sur les populations. C'est une campagne de transparence au niveau des contrats afin de voir si ces accords entre les compagnies pétrolières, gazières et minières et les gouvernements profitent réellement aux pays. On demande à ce qu'on publie ce qui est payé, c'est à dire publier tous les taxes et bonus versés par les firmes. On demande aux gouvernements de rendre public tout ce qu'ils reçoivent de ces compagnies, de cette manière les citoyens peuvent dire : « Notre Etat a reçu deux milliards de dollars de taxes mais qu'a-t-il fait des hôpitaux et des écoles qu'il a promis de construire ? » Les citoyens peuvent donc réclamer leurs droits... Exactement. On demande donc la transparence dans la distribution de l'argent. C'est important. « Publiez ce que vous payez » n'est pas une organisation mais il s'agit d'une coalition. Pour y adhérer, il faut simplement visiter notre site internet et remplir le formulaire. Il y a des coalitions qui activent dans 51 pays. Dans 20 autres pays, il y a au moins une organisation qui est intéressée par notre travail. On peut dire que nous sommes présents dans 70 pays. Une dizaine de donateurs qui nous aident à l'échelle internationale comme Global Witness, Revenue Watch Institute et d'autres grandes agences de développement. Les financements des gouvernements ne peuvent pas avoir de l'influence car les Etats du Nord sont favorables avec cette idée de transparence dans les industries extractives. Pourquoi « Publiez ce que vous payez » est t-elle absente en Afrique du nord et au Moyen-Orient ? Notre campagne avance bien quand l'espace politique le permet, lorsqu'il y a plus de démocratie. « Publiez ce que vous payez » n'est présent ni en Afrique du nord ni dans les pays pétroliers du Moyen-Orient. La campagne réussit dans les pays où il existe une demande citoyenne pour la transparence. Nous n'avons pas entendu cette demande dans cette région du monde. Lorsque cela se fera, nous serons là avec notre connaissance et avec notre capacité d'organisation face aux bailleurs de fonds. On peut donner les outils nécessaires aux organisations pour activer dans ce domaine et faire avancer les choses. Vous avez remarqué que, durant la conférence de Montréal, nous avons beaucoup parlé de l'Initiative sur la transparence des industries extractives (ITIE). Chaque pays qui adhère à l'ITIE donne un espace à la société civile locale d'agir dans le domaine de la transparence. Si des pays de l'Afrique du nord y adhèrent, cela donne obligatoirement l'occasion aux organisations de travailler sur ces thèmes. L'ITIE est un outil à saisir. « Publiez ce que vous payez » n'est pas présente en Chine et en Russie également. Pourquoi ? Il n'existe pas encore d'espace pour ce genre d'action dans ces pays. En Chine, seules les ONG écologiques peuvent activer. Cela devient difficile si vous commencez à parler des droits humains et de la transparence et à demander des comptes aux autorités sur les biens de l'Etat... Pour le moment, les choses n'évoluent pas en Chine. De même pour la Russie en raison de considérations similaires. Mais, on continue à se battre pour pouvoir travailler, un jour, dans ces pays. Vous allez engager un plan de communication. Qu'en est-il exactement ? On veut amplifier les voix qui travaillent dans le domaine de la transparence. Notre site web (http://www.publishwhatyoupay.org) offre un espace à toutes ces voix dans tous les pays. Les coalitions nationales de « Publiez ce que vous payez » peuvent avoir leur page sur ce site. Notre bureau international a de bons contacts avec plusieurs journaux et nous avons une idée sur la manière de présenter, à l'opinion publique, nos actions.