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«Il est temps pour la gauche de revitaliser la promesse de la République»
Publié dans El Watan le 03 - 12 - 2013


Paris
De notre correspondant
Ressentant la déception de nombreux conférenciers et l'inquiétude de l'assistance remplissant la salle de conférences Clémenceau du palais du Luxembourg, sur la persistance des discriminations, trente ans après, notamment la montée de l'islamophobie, Mme Taubira a reconnu que «ce rendez-vous du trentième anniversaire de la marche est raté, pas totalement, mais raté quand même». Mme Taubira n'a pas hésité à interpeller le gouvernement auquel elle appartient. «La gauche est au pouvoir», a-t-elle rappelé, ajoutant qu'il est temps d'agir pour «revitaliser la promesse de la République…si la gauche considère qu'il relève encore de ses missions de lutter contre les injustices et les inégalités». Selon la ministre, il faut répondre à plusieurs urgences sociales et sociétales visant à «concilier l'émancipation de l'individu et son appartenance à la communauté nationale. C'est-à-dire à l'écriture du destin commun».
Une journée de débat contradictoire
La rencontre, initiée par le groupe de recherche Achac et intitulée «Histoire croisées France/Maghreb», a été articulée autour de l'ouvrage collectif La France arabo-orientale. Treize siècles d'histoire, corédigé par 40 auteurs et préfacé par l'historien Benjamin Stora. Mais le débat, très contradictoire, s'est porté aussi sur deux films documentaires projetés. Il s'agit de Les marcheurs, chronique des années beurs, dans lequel des acteurs de la Marche critiquent une certaine récupération politique de la marche dont les jeunes initiateurs y sont exclus ; et le court métrage Les Marches de la liberté qui propose une vision comparative entre la Marche pour l'égalité de 1983 en France, et celle de Martin Luther King sur Washington, en 1963.
Naïma Yahi, l'un des organisateurs de ce rendez-vous-événement, résume bien un condensé de près de dix heures d'échanges, parfois houleux, mais absolument riches et utiles. «Cette journée était l'opportunité pour nous de croiser la paroles de chercheurs, de politiques et de responsables associatifs pour aller à la rencontre du public et évoquer la richesse, la complexité et la violence, mais aussi bien évidement, la fécondité des relations entre la France et le Maghreb. Cette relation est représentée à travers des séquences qui nous amènent aux invasions sarrasines du VIIIe siècle jusqu'à la Marche pour l'égalité et contre le racisme, dont on célèbre le trentième anniversaire», a-t-elle indiqué.
Le bal des interventions a été ouvert par Benjamin Stora, qui a présenté un aperçu historique sur «Les trois âges de l'immigration maghrébine en France», précisant que «cette émigration est dans sa quatrième génération» (extraits de la communication de l'historien en page 12).
De son côté, le père Christian Delorme, originaire des Minguettes à Lyon, où tout a commencé en mars 1983, apporte son témoignage pour éclairer l'opinion sur le contexte et les raisons de l'organisation de la Marche historique pour l'égalité. «J'étais adepte des luttes non-violentes. Martin Luther King est devenu une figure spirituelle pour moi, alors que je suis catholique et lui pasteur baptiste. J'ai eu la chance de le rencontrer quand j'avais 16 ans», explique Père Delorme.
S'il est considéré par beaucoup de témoignages comme le père instigateur de Toumi Djaïdja, initiateur de la Marche, le prêtre des Minguettes considère que «Toumi, Farouk, Djamel et tous les autres jeunes sont, eux, les vrais héros. Je ne leur ai jamais expliqué quoi ce soit, ces jeunes ont découvert d'eux-mêmes les outils de la non-violence. Au lendemain d'un affrontement très violent avec la police, le 21 mars 1983, ces jeunes font un sit-in et entament une grève de la faim. Ils avaient compris qu'il fallait sortir du cycle de la violence». Quand un policier blesse Toumi volontairement, quelques semaines plus tard, ces jeunes de quartiers majoritairement musulmans et Algériens, décident de marcher de Marseille vers Paris pour «revendiquer l'égalité et lutter contre le racisme».
Y a-t-il eu récupération politique ?
Salah Amokrane, ancien élu local à Toulouse et l'un de ceux qui ont rejoint la Marche à Paris, se rappelle de cette «épopée» : «Nous étions des jeunes gens qui croyions à la dynamique militante, née avec les espoirs suscités par l'élection de François Mitterrand à la présidence de la République, en 1981. Nous voulions sortir de l'image renvoyée par nos parents, celle d'une première génération taiseuse, silencieuse et peu cultivée.» Cette jeunesse voulait dire à la France entière qu'elle savait se prendre en charge et défendre ses droits.
«Ces jeunes marcheurs, qui représentent toute une jeunesse de France, avaient réussi quelque chose d'extraordinaire : ils étaient devenus des acteurs de leur propre condition alors qu'ils n'étaient que des sujets», a constaté Mustapha Kessous, journaliste au quotidien Le Monde. Ce dernier finit son intervention en dénonçant l'instrumentalisation et la récupération politique des acquis de la Marche : «C'est clair ! SOS Racisme a réussi à replacer ces jeunes Maghrébins comme des sujets. Cela est incarné par son slogan ‘Touche pas à mon pote'. C'est une manière de dire : ‘Si tu as un problème, nous, on va le régler. C'est-à-dire toi, tu es incapable de t'organiser pour te défendre', alors que la Marche a prouvé tout a fait le contraire…»
De nombreux intervenants, depuis la tribune et la salle, ont soutenu Kessous dans son propos, en dénonçant la récupération de la dynamique de la Marche au détriment de son but premier, celui de la revendication pour l'égalité. Cela est apparu dès le lendemain dans la presse, avec une appellation très réductrice : «La Marche des Beurs». Ensuite, il y a eu «l'intrusion de la demande de la carte de 10 ans pour les immigrés» qui n'a jamais été une revendication des marcheurs. Et enfin, la création de SOS Racisme par «Bernard Henri Lévy, Julien Dray et Harlem Désir, ainsi que beaucoup d'autres membres de l'Union des étudiants juifs de France». Cette association avait peur d'un mouvement antiraciste conduit par des jeunes Français, Blancs, Noirs et Maghrébins, qui portaient presque tous le keffieh palestinien, selon les témoignages de nombreux acteurs de l'époque, y compris celui du Père Delorme.


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