« Ce n'est pas possible ! » déclare Rachid, un octogénaire originaire d'Akbou à un habitant de Tifra. « Ne me dites surtout pas que vous avez déjà terminé la récolte des olives, vous les récoltez apparemment pour la conserverie ». Rachid qui pense que le calendrier de la saison des olives est le même pour toutes les régions de la Kabylie ne peut imaginer une fin de récolte à la mi-novembre. Et pourtant, si dans certaines régions de la wilaya de Béjaïa, la récolte des olives n'est encore qu'à ses tout débuts quand elle n'a même pas commencé, à Sidi-Aïch l'olivaison tire bel et bien à sa fin. Commencée à partir du 25 du mois d'octobre passé, dans les communes de Sidi-Aïch et d'Adekar, la saison des olives de cette année est particulièrement caractérisée par sa brièveté et la faiblesse de sa production. En quelques jours, des paysans, malgré un début de saison particulièrement pluvieux, ont fini de faire le tour de leurs oliveraies et de ramasser leur récolte. Contrairement à l'année passée où l'on a enregistré une récolte abondante, cette année la production est, de l'avis de tous, très faible. Des oliviers plusieurs fois centenaires, qui ont été généreux l'année précédente, n'ont produit cette année aucun fruit. « Phénomène d'alternance », « c'est la faute au gaulage », « c'est dû au manque d'entretien », tout le monde est allé de sa petite explication pour justifier le faible rendement de cette année. D'ailleurs, la production est si faible que même les comités de certains villages, prompts à légiférer en cette période et à brandir « Tamouqint », se sont complètement effacés. « On ne va pas mettre en branle toute une batterie de lois pour une saison de cueillette qui ne dure qu'une semaine » nous déclare à ce sujet un représentant d'un comité. Les paysans interrogés jurent qu'il leur a fallu quatre jours pour cueillir toute leurs récoltes. « Je suis sorti au champ la première semaine de novembre et j'ai trouvé presque toutes mes olives par terre fripées, sèches et moisies pour certaines. J'ai plus de 30 oliviers dont quelques-uns n'ont donné aucun fruit, quatre jours m'ont suffi pour les récolter » nous déclare un paysan qui a déjà, depuis plus d'une semaine, pressé ses olives. Même son de cloche chez beaucoup d'autres paysans de la région de Sidi Aïch. Ils ont fini de récolter et de passer au pressoir leurs olives. Que ce soit à Sidi-Aïch, Adekar, Tifra, Taourirt-Ighil… tout le monde dit que ce n'est pas une année de bonne récolte. Les prévisions de certains paysans « expérimentés » qui sont allés à prédire une bonne production d'huile en dépit de la mauvaise production d'olives ont été démenties par la réalité. Des oléifacteurs nous ont affirmé que la production d'huile pour un quintal d'olives varie entre 16 et 20 vingt litres, loin des chiffres prometteurs (26 à 30 litres) avancés avec assurance par certains. Le gaulage en tout cas, moyen le plus pratiqué pour récolter les fruits, est mis à l'index et traité de procédé sauvage qu'il faut bannir. « On doit impérativement changer de méthode de récolte, gauler c'est blesser l'arbre et le fruit » nous dit Farid, un jeune cultivateur. Il est à signaler, par ailleurs, que contrairement à l'année précédente, on ne se bouscule pas aux portes des huileries. Les oléifacteurs qui ont décidé au départ de pratiquer le prix de 500 dinars par quintal se sont finalement ravisés. 300 DA/quintal, le prix pratiqué dans plusieurs huileries est favorablement accueilli par les oliveurs. Pour l'huile d'olive de cette année, elle se négocie actuellement dans certains villages de la daïra de Sidi-Aïch entre 450 et 500 DA.