Premier Président noir élu, après 352 ans d'horreur, Madiba est présent dans toutes les mémoires et dans tous les cœurs, aujourd'hui et demain et pour l'éternité, tant ses actions ont marqué le cours de l'histoire de l'Afrique du Sud mais aussi du monde entier. Né à Qunu dans le Transkei, Nelson Mandela fut un enfant heureux. Puis, il a parcouru un long chemin de liberté, traversant le XXe siècle et ce début de millénaire avec une conviction politique simple et à toute épreuve : la liberté pour tout être humain d'être et d'exister dans la dignité. Son extraordinaire itinéraire peut se lire dans son autobiographie, Un long chemin vers la liberté, et dans son superbe ouvrage, Conversation avec moi-même. Ce dernier souligne son extrême intelligence et son incommensurable volonté. Il s'y raconte avec une sincérité et une transparence sans faille. Berger à l'âge de cinq ans, il a appris très tôt qu'il fallait compter sur soi-même dans la vie. Il a toujours été animé par une grande soif d'apprendre, d'où ses longues études pour devenir avocat, ce qui n'était pas évident dans ces années-là pour un Sud-Africain noir. De la culture Xhosa acquise dans son village, il a retenu l'importance de la vie en communauté, la générosité envers autrui et l'échange. Son engagement politique va au-delà de sa révolte fondamentale en tant que colonisé subissant un racisme d'Etat. Il a lutté toute sa vie contre l'apartheid. Cet engagement pour son peuple l'a mené à passer 27 ans de sa vie à Robben Island, dans une cellule minuscule, et il a passé ces années à casser des cailloux comme les bagnards. Nelson Mandela a étudié grâce aux missions chrétiennes britanniques. Brillant, c'est à Johannesburg qu'il fit ses études de droit et où il se mêla aux syndicalistes communistes des mines. Il rejoint alors l'ANC en tant que militant, approchant des leaders comme Walter Sizulu qui se souvient toujours du jeune homme athlétique et fort élégant qu'il était, avec cette aura naturelle qui l'a toujours caractérisé. Après un premier mariage avec Evelyn Mase qu'il a quittée car elle lui demandait de choisir entre elle et la politique, il a choisi la libération de son peuple qu'il mènera avec la belle Winnie Madikizela qui faisait des études d'infirmière à Johannesburg. Ils se marièrent en juin 1958, et Winnie savait qu'en épousant Nelson Mandela, elle épousait la cause du peuple sud-africain et la lutte contre l'apartheid. Il vivait à Soweto dans une petite maison que j'ai eu l'occasion de visiter, et c'est là qu'il fut arrêté en 1959. Il fut jugé pour haute trahison durant le célèbre procès de Rivonia où il affirma qu'il ne luttait pas contre les Blancs mais contre le système inique de l'apartheid. Sa lutte dans la clandestinité fut très dure pour le jeune couple qui venait d'avoir une petite fille. Winnie Mandela se rappelait : «J'attendais toujours les petits coups sur la vitre vers l'aube, quand il réussissait à venir voir la petite famille.» Son activité underground était intense, il avait voyagé en Afrique au nom de l'ANC pour récolter des fonds et de l'aide. Il est venu en Algérie où il a reçu une formation militaire de l'armée algérienne. Arrêté à nouveau, condamné à perpétuité pour terrorisme, le chef Nelson Mandela fut transféré à Robben Island en 1963 où il subit les travaux forcés. L'homme est exceptionnel d'humanité, dans ses rapports avec les autres prisonniers politiques, dans son combat pour que l'on reconnaisse son statut de prisonnier politique et celui des autres prisonniers de l'ANC, dans ses rapports avec le peuple noir, métisses et indiens sud-africains, dans ses rapports avec les libéraux blancs comme Nadine Gordimer ou Breyten Breytenbach qui luttaient contre l'apartheid. Aujourd'hui, il faut rendre aussi hommage à Winnie Madikizela Mandela qui a maintenu durant les 27 ans d'emprisonnement de son mari le nom de Mandela dans l'actualité. Ainsi, Mandela fut toujours présent, dans le cadre de la campagne «Free Nelson Mandela» dans les townships où Winnie Mandela a maintenu la flamme de la solidarité autour de son mari et de la cause qu'il défendait. C'est ainsi qu'avec le président blanc De Klerk, qui lui rend hommage aujourd'hui, Nelson Mandela a débuté les négociations secrètes pour sortir l'Afrique du Sud de son arriération humaine. La libération de Nelson Mandela en février 1990, fut sans doute l'un des plus grands moments de l'histoire du XXe siècle, car il a réussi le tour de force de réconcilier l'inconciliable, d'éviter un bain de sang entre Blancs et Noirs en défendant une nation «arc-en-ciel», bel exemple d'amour et d'humanité. Mandela restera une référence forte pour l'humanité, une référence pour les femmes et les hommes épris de justice, d'équité, d'égalité, d'amour pour l'autre.