La raison de cette incapacité réside dans le fait que toute l'économie se basait exclusivement sur la rente pétro-gazière qui se passait du fait de l'économie des entreprises acteurs de l'économie de marché. Elles ne fonctionnent que si la matière première est importée, et ce qui a d'ailleurs impliqué la notion de houkouma (beylik). Après l'or noir, l'or blanc sera-t-il enfin une source d'accumulation et de richesse de notre économie, l'agriculture, la plus grande difficulté à surmonter aujourd'hui dans la perspective souhaitable d'un équilibre budgétaire stable d'assurer la sécurité alimentaire pour répondre aux besoins de la population en croissance constante ? L'Algérie était un pays parmi les producteurs et exportateurs de céréales, voire le grenier de l'Europe. Nous sommes devenus l'un des plus importants importateurs, où nous payons une facture alimentaire annuelle de 10 milliards de dollars environ, alors que nous sommes passés de 5 millions d'hectares environ dans les années 1970 à près de l0 millions d'hectares en 2012 et de deux tracteurs environ par hectare dans les années 1970 à près de quatre tracteurs aujourd'hui par hectare, ce qui représente un taux de mécanisation agricole parmi les plus importants d'Afrique. Très souvent, les députés dans leurs interventions se font à chaque fois l'écho des préoccupations des citoyens et des difficultés auxquelles ils sont quotidiennement confrontés. C'est bien, mais chercher à connaître les raisons d'ordre économique qui surgissent et bloquent la croissance, la création de la richesse et de l'emploi, c'est encore mieux et vital. En effet, sans les hydrocarbures, l'Algérie serait alors parmi les pays les plus troublés au monde, sachant que ses revenus hors hydrocarbures ne représentent que 2%, soit 2 milliards de dollars et un PIB à moins de 90 milliards de dollars. Or, l'Algérie est une nation de richesse et un vaste territoire dans le continent africain. Nous sommes un pays aux portes de l'Occident et au cœur de l'Afrique et du Maghreb. A ce titre, il faut évoquer une nouvelle vision reposant sur le concept d'économie de marché. Nous devons avoir une stratégie et une politique appropriées et adaptées aux exigences de l'heure, et il faudra se mettre à niveau des réalités économiques d'aujourd'hui dans le monde. En effet, il faudra créer et accroître la contribution de l'économie privée, car tous les pays ayant atteint un haut niveau de développement économique et social ont reconnu la nécessité et l'intérêt grandissant d'une économie de marché. C'est l'effort d'aujourd'hui qui permettra une croissance de l'investissement et de la production qui contribuera, par conséquent, à passer de la régulation administrative à la régulation économique pour la gestion de nos ressources financières selon l'ordre budgétaire d'une approche de programmes économiques, de rationalité, de résultats, de responsabilités, et de réaliser l'équilibre financier dont le désengagement de l'Etat des activités concurrentielles. En clair, si l'on fait carrière dans la politique, c'est bien dans l'économie que l'on se fait un nom et une célébrité. Que faut-il entendre par budget de l'Etat ? Sommairement, c'est un sujet macro-économique qui revêt une importance capitale aujourd'hui, notamment offrir des perspectives ouvertes à l'économie nationale afin d'améliorer le quotidien et les conditions de vie des citoyens et une meilleure vie économique des entreprises. C'est un ensemble de relations socio-économiques, dont il y a d'un côté tous les citoyens concernés par trois domaines-clés : l'emploi, le pouvoir d'achat et le développement social, et de l'autre, les agents économiques concernés essentiellement par la fiscalité ordinaire : investisseurs, ménages, commerces, services, source fondamentale en matière de ressources fiscales. Le budget d'un Etat est un paramètre par excellence de l'évolution annuelle d'un pays et doit reposer ainsi sur la planification économique stratégique et recomposé dans la nouvelle économie qui vise la viabilité budgétaire en cohérence entre la macro-économique et la micro-économique qui sont l'équilibre budgétaire, les crédits d'exportation, les prix, l'épargne, l'investissement, le marché obligataire, le marché boursier. Dans le projet de budget 2014, il y a un certain nombre de paramètres que l'on peut résumer ainsi : en termes de prévisions, le budget 2014 a retenu un taux de croissance de 4,5% contre 5% en 2013, les dépenses de fonctionnement affichent une hausse de 9% par rapport à 2013, les dépenses d'équipement sont en hausse de 15%, 50 milliards de dollars pour les importations contre 57 milliards de dollars d'exportations. Parallèlement, le déficit s'aggrave de 45 milliards de dollars, environ 18% du PIB, alors que la norme européenne est de 3%, persistant pour la cinquième année et les importations déjà se posent d'une gravité exceptionnelle, soit près de 80% des recettes totales et 75% de nos besoins, l'excédent sur la balance commerciale s'est rapidement abaissé près de 50%, la valeur du dinar est passée de 100 DA à 110 DA pour 1 euro, soit une dépréciation de 10%, poids toujours important des transferts sociaux à près de 9% du PIB, l'inflation près de 4,5% serait plus importante, si ce n'est le soutien des prix et les exonérations fiscales, tels sont les grands agrégats du budget projetés pour l'année 2014. Il faut admettre tout de même que la solution au problème du déficit chronique est loin d'être aisée tant la marge de manœuvre paraît mince devant le poids des contraintes, dont notamment la fiscalité ordinaire, qui n'intervient qu'entre 30 et 35% dans la structure budgétaire et le secteur des hydrocarbures plus que jamais au-devant de la politique budgétaire. En effet, ces indicateurs seront tirés essentiellement par le prix du baril de pétrole établi sur un prix de référence fixé à 37 dollars le baril, tandis que celui-ci fluctue entre 100 et 110 dollars sur les marchés. D'où une épargne budgétaire relativement importante à verser au fonds de régulation des recettes, soit une accumulation de près de 40% du PIB et une capacité de couverture du déficit budgétaire sur 3 à 4 ans. On relève brièvement à ce titre : dépenses totales à près de 77 milliards de dollars, soit 40% environ de nos réserves de change. Les subventions : 22 milliards de dollars, soit près de 9% du PIB hors les subventions indirectes (l'électricité, eau, le carburant…) ont en effet tendance à croître et devenir permanentes et favoriser l'improductivité et la spéculation. L'essentiel des ressources fiscales provient des hydrocarbures. Alors, dans quelle mesure la fiscalité ordinaire peut-elle être le moyen stratégique de financement du budget ? Le secteur des hydrocarbures reste fort, soit près de 50% du PIB, alors que le secteur industriel souffre d'un sous-investissement chronique avec respectivement 2% et 5% du PIB en termes de production. Le seuil d'équilibre budgétaire se situe à près de 100 dollars par référence au prix du baril de pétrole. La macro-économie n'a pas toujours été dans le sens des objectifs de l'économie de marché.Cependant, nos forces se situent à travers une bonne santé macro-financière, suite notamment à l'augmentation très soutenue des prix du pétrole, à savoir : l'Algérie n'est plus une économie endettée dont le niveau se situe entre 3 et 4 milliards de dollars, l'amélioration des conditions et de protection sociale des Algériens, des réalisations importantes dans les infrastructures et les équipements collectifs, l'accumulation en réserves de change à près de 200 milliards de dollars et en fonds de régulation des recettes (FRR) à près de 7000 milliards de dinars (80 milliards de dollars). En guise de propositions : – engager a priori une réflexion sur le secteur du BTPH (peu d'emplois permanents et beaucoup de moyens financiers et d'investissements) et le secteur administratif (saturé et le règne du bureaucratisme) ; – l'élaboration de programmes économiques visant à régionaliser le développement des secteurs industriel et agricole pour assurer un équilibre régional et à préparer les régions à s'intégrer à la politique budgétaire. Mais cela nécessite d'élargir la réflexion ; – la question du rythme soutenu des infrastructures et biens d'équipements doit être analysée en référence au coût. Jusqu'à présent, tout s'est passé comme si ce coût n'avait qu'une importance minime par rapport aux réalisations physiques, car il est aussi important de ne pas dépenser inutilement des devises que d'en gagner ; – la priorité nationale à la valeur homme, car il ne suffit pas d'évoquer les moyens, il faut les organiser avec les compétences qui sont une nécessité pour un développement harmonieux. Aujourd'hui, c'est «l'homme qui fait la fonction et non la fonction qui fait l'homme» ; – réorienter économiquement les subventions qui ont en effet tendance à croître et devenir permanentes ; – améliorer la fiscalité ordinaire étroitement dépendante de la croissance et de la rentabilité des entreprises ; – participation financière des investisseurs locaux ou IDE dans les projets publics à caractère commercial, entre autres autoroutes, métro, chemins de fer, usines… ; – l'ouverture du capital de l'entreprise publique (investisseurs et grand public). On peut tirer une conclusion au-delà de l'urgence, le gouvernement doit faire du budget de la nation un instrument pour asseoir l'élément confiance pour rendre l'Algérie attractive autour de son fort potentiel qui exige d'être mieux valorisé et rentabilisé et reposant au moins sur quatre principes-clés de base pour préparer nos entreprises qui sont bien loin de l'ouverture à l'international et du démantèlement tarifaire douanier dans le cadre de l'adhésion de l'Algérie à l'OMC, pour que l'Algérie puisse se retrouver en position forte en 2017 pour placer notre économie au rang mondial en ce qui concerne une stratégie d'exportation, du contrat de partenariat nous liant à l'UE, la ZALE (Zone arabe de libre-échange), et enfin les espaces économiques internationaux en général. C'est en effet à la fiscalité ordinaire étroitement dépendante de la croissance budgétaire d'assurer l'ensemble des dépenses de fonctionnement de l'Etat. Le premier est que le gouvernement doit laisser jouer davantage les règles et les mécanismes de l'économie de marché, sachant que l'Etat dépense trop d'argent sans rentabilité dans les subventions, les exonérations et réductions d'impôts et taxes, transferts sociaux… Et tout ceci ne compense pas encore les tensions de l'inflation qui est une menace sérieuse. Elle constitue notamment le cancer de l'économie d'un pays. Le second est que l'Algérie doit développer une économie privée et à forte démocratie, pour donner une grande place à l'investisseur, à l'homme et aux connaissances techniques, afin de faire face aux défis présents et futurs à l'heure de la démocratie (pluralisme), de la globalisation de l'économie et de la finance. Le troisième est de laisser émerger des idées novatrices, des débats d'opinion et s'organiser démocratiquement compte tenu de l'importance de l'implication des élus, des élites, des organisations professionnelles et de la société en général. Le quatrième et le dernier, la coopération économique et financière, un aspect très important de la politique budgétaire pour notre développement économique et l'attrait des investisseurs directs étrangers (IDE). C'est jeter les nouvelles bases de l'amélioration de la bonne gouvernance budgétaire afin d'atteindre l'objectif de la convertibilité du dinar, symbole d'une meilleure compétitivité de notre économie pour une meilleure insertion dans la division internationale du travail. Cela doit constituer aujourd'hui une préoccupation majeure du gouvernement. Il est admis que le recours à la dévaluation ou à la dépréciation de la monnaie ne peut qu'accentuer l'inflation qui entraîne une hausse des prix le plus souvent incontrôlable. Autrement dit, il est hasardeux de recourir à notre humble avis aux équilibres budgétaires par la dévaluation ou la création de monnaie, car nos exportations hors hydrocarbures ne représentent que 2%, avec une masse monétaire en circulation de 45% environ et une production de 5% du PIB. En cette conjoncture, crise et politique de l'emploi, tous les secteurs de l'activité socio-économiques doivent se soumettre à l'heure des bilans. Il s'agit en fait d'analyser nos insuffisances et de prendre conscience objectivement de nos capacités après 50 années d'indépendance pour un bilan d'une politique budgétaire dans la perspective souhaitable de la rationalisation de la dépense publique pour assurer l'efficacité réelle de la gestion et de la production qui seule permet d'assurer l'équilibre du budget et à réorienter une politique économique de relance capable de mobiliser toutes les forces vives de la nation autour du travail, de la production et du savoir durant les trois prochaines années au moins. Cet intérêt devant une question aussi complexe doit mobiliser cadres, experts financiers, économistes, universitaires et planificateurs. C'est en effet dans pratiquement tous les secteurs que les carences ou insuffisances sont énormes avec un déséquilibre intersectoriel qui a rendu notre économie dépendante excessivement du marché international grâce aux ressources pétro-gazières. Pour sortir de cette impasse, il n'y a qu'un seul remède : «Libérer l'entreprise, investir dans l'industrie, la recherche et l'homme.» Aujourd'hui, un budget, quels que soient son sens, son abondance et ses lois de finances a besoin d'une culture économique réelle pour atteindre ses objectifs et ses missions pour établir de véritables paramètres de développement économique indispensables au respect des grands équilibres économiques et financiers du pays. C'est en somme un budget qu'il faut ajuster beaucoup plus sur une économie politique pour donner une base plus solide à l'indépendance budgétaire par rapport aux hydrocarbures (rente).