Le grand DJ britannique Fat Slim Boy — auquel Moby a tout pris — disait : «Funk, soul brother, check it out now…!» (frère de funk et soul, écoutez). Eh bien, le bon vieux funk est de retour et pour un bon bout de temps. Et il faudra compter avec ! Le funk is in «the» house (le funk est dans la place). Et pour cause ! Le duo chic et choc, au casque intégral interstellaire, les maîtres de l'electronica, à l'estampille déposée, la french touch, Daft Punk, alias Guy-Manuel de Homem-Christo et Thomas Bangalter, les auteurs de hits interplanétaires, comme One More Time ou encore Around The World, annonce urbi et orbi leur nouvel album Random Access Memories et son morceau de bravoure, le hit de l'été Get Lucky. Random Access Memories est et sera immanquablement de l'année. Sans ironie aucune, sauf si Lady Gaga, dont le nouvel opus est prévu pour la rentrée, pourra faire mieux. Daft Punk publie une sorte de contraction discographique «VCD» (entendre vinyl disc compact). Un revival, un hommage, un tribute à la musique funk. D'ailleurs, l'album Random Access Memories fait, sans jeu de mots et dans le désordre (random), des clins d'œil allusifs aux rois de la funk, Kool And The Gang (So Fresh), Delegation (Darling), The Whispers (And The Beat Goes On), Shalamar, George Benson ou encore Rick James. Et ce, avec en prime la talkbox ou encore le vocoder (voix robotique) très cher à Cheba Djenet (Matadjabdouliche). Le titre phare, Get Lucky en est la preuve patente. Un son très chic ! Celui de la formation funky, Chic. L'auteur du célèbre Le Freak, c'est chic. Et pour ce faire, les Daft Punk ont mis a contribution l'ex-guitariste du groupe Chic et producteur, Nile Rogers, l'alter ego de Bernard, qui a montré et démontré une tablature funky d'une grande élégance avec des riffs à vous couper… la chique. Nile Roger ? We Are Family (Sister Sledge 1979), Let's Dance (David Bowie 1983), Original Sin (INXS 1984), Like a Virgin (Madonna 1984), The Reflex et The Wild Boys (Duran Duran 1984), She's The Boss (Mick Jagger 1985), Dellali (cheb Mami 2001, sur le titre Le raï, c'est chic) ou encore True (Avicii 2013) et bien, c'est lui.Le fameux roi du slide. C'est dire de son impressionnant pedigree ! Daft Punk a aussi sollicité le featuring du génial Monsieur Pharell Williams, le «NERRDS» créatif, un autre arrangeur et chanteur qui ne cesse de voir son étoile se hisser au firmament, comme il le confirme avec le rappeur T. I. aux côtés de Robin Thicke sur Blurred Lines, un autre tube de l'été. Que de précieuses cautions ! En compulsant l'album proprement dit Random Access Memories, soit 13 titres, on découvre que les «manœuvres orchestrales» de Daft Punk ont bien été assimilées, une belle leçon très «old school». Celle de la quintessence du funk. Tout un programme. Tout un travail de mémoire musicale (Random Access Memories). Loose Yourself To Dance, puise sa substantifique moelle de Shame On You de Shirley And Company (1975) et Rock You baby de George McCrae(1974). Le clip de Loose Yourself To Dance est monté sur une chorégraphie funky des années 1970 de la fameuse émission musicale Soul Train, à l'époque du «Black is beautiful» (le noir, c'est beau). Within est un titre pianistique. Instant Crush, synthétique et surtout mélodique. Une trouvaille. Une évidence. Les Daft Punk prouvent qu'ils sont aussi les «kings of melody» (les rois de la melodie) electro-pop. Touch, un décollage très Shaft de Isaac Hays avec un beat baladi égyptien et puis des archets rhapsodiques, avec en featuring Paul Williams émouvant en s'inspirant de David Bowie sur Space Odity. Beyond, un thème philharmonique et cinéphile. Une référence à la musique du film Star Wars composée par John Williams. Motherboard encore aux percussions égyptiennes. C'est sûr, l'année aura été «Too Funky», comme dirait George Michael. Justin Timberlake le prouve avec son nouveau single Take Back The Night et aussi Bruno Mars avec Treasure.
Random Access Memories/Daft Punk 1 CD Columbia Records (2013) www.daftpunk.com