Alors que la version officielle française a conclu à une «bavure», un livre qui sort aujourd'hui en France confirme que le jeune mathématicien, militant de la cause algérienne, a bel et bien été assassiné par les militaires français sur ordre du général Massu. Dans un livre intitulé La vérité sur l'affaire Audin, le journaliste Jean-Charles Deniau révèle des confessions livrées par le général Paul Aussaresses avant sa mort. Le journaliste rapporte que Maurice Audin a été exécuté par le sous-lieutenant Gérard Garcet. Ce dernier faisait partie de l'équipe de Paul Aussaresses qui, lui aussi, agissait sous la responsabilité directe de Jacques Massu. Le livre de Jean-Charles Deniau, qui a déjà écrit un livre entretien avec le général Aussaresses, livre de nouveaux témoignages sur la manière avec laquelle le militant communiste, âgé alors de 25 ans, a été assassiné. Il précise que Maurice Audin a été poignardé avant d'être enterré dans la cour d'une villa située à 20 km au sud d'Alger. «On pense que ce soir-là, les gens qui ont exécuté Maurice Audin n'ont pas creusé une fosse. Ils sont allés là où en existait déjà une», estime l'auteur des révélations, selon le journal l'Humanité. «Dès la mort d'Audin, le couvercle s'est abattu sur l'histoire et Massu, qui était à la tête de l'équipe, a fait en sorte que rien ne sorte. Et le scénario de la disparition et de l'évasion a été monté immédiatement et a tenu depuis», résume Jean-Charles Deniau, selon la même source. Le journaliste, qui recoupe ainsi des témoignages d'un ancien officier de l'armée française qui réside en Angleterre, ne connaît pas exactement le lieu où Maurice Audin a été enterré. «Les autorités algériennes devraient faire une enquête pour retrouver les lieux. Avec les témoignages dans le livre, nous avons pu définir un pourtour où Audin a été enterré», a-t-il précisé.Peut-on pour autant donner du crédit aux déclarations de Paul Aussaresses ? Le journaliste auteur du livre estime que «oui». Mais ce n'est pas l'avis de la veuve Audin. «Il a passé sa vie à mentir quand il ne la passait pas à tuer des Algériens. Comment croire, dans ces conditions, qu'il a pu dire la vérité ? Selon moi, ces gens ne sont pas crédibles (…) C'est bien que le général ait dit sa vérité, mais c'est seulement sa vérité. Ce n'est pas forcément la vérité. Cette vérité, la saura-t-on un jour ? Je suis sceptique à ce sujet», a déclaré Josette Audin sur la radio RTL. La veuve du militant réclame la vérité, tout comme les Algériens.Ali Boukhlef