Dans un document exclusif diffusé ce mercredi dans le Grand Soir 3, le général Aussaresses confie au journaliste Jean-Charles Deniau être à l'origine du meurtre du militant Maurice Audin. Le voile est-il enfin levé sur la disparition de Maurice Audin, ce mathématicien et militant du Parti communiste algérien arrêté en 1957, en pleine bataille d'Alger, par les parachutistes du général Massu ? Jean-Charles Deniau l'affirme, et publie cette semaine ‘'La vérité sur la mort de Maurice Audin''. Le journaliste a recueilli et enregistré les aveux du général Paul Aussaresses. Il avait déjà longuement interrogé l'ex-responsable des services de renseignements à Alger pour un livre sur la torture en Algérie (Je n'ai pas tout dit : ultimes confessions au service de la France, éditions du Rocher, 2008). Il y manquait les ultimes révélations sur l'affaire Audin. Deux mois après la mort de l'ancien tortionnaire, celles-ci sont désormais publiées. Compte-rendu : Les aveux de Paul Aussaresses ! Que raconte Jean-Charles Deniau dans son ouvrage ? Sa recherche des derniers protagonistes de l'affaire Audin, vétérans de la guerre d'Algérie. Et ses entretiens avec Paul Aussaresses, décédé en décembre dernier à 95 ans. Questionné à maintes reprises par le journaliste, le général finit par lâcher : "-Bien, ce qui s'est passé ...(silence). Eh bien, on a tué Audin. Voilà ! -Comment ? -Eh bien ! On l'a tué au couteau. -Et pourquoi ? -Pour qu'on pense, si on le trouvait, qu'il avait été tué par les Arabes. Voilà et qui a décidé de ça, c'est moi. Ça vous va ?-Je cherche seulement la vérité. (Il s'énerve)- La vérité c'est qu'on a tué Audin. -Qui l'a tué ? -Un capitaine dont j'ai oublié le nom et qu'on nous avait prêté pour ça. -Et après, vous avez monté le coup de l'évasion ? - Voilà. Mais l'ordre a été donné par qui ? - Par moi". "Il a été poignardé dans sa cellule ? -Non, dehors. -C'est à dire ? Il a été poignardé à l'endroit où il a été enterré (silence). Moi je n'y étais pas. -Ca s'est passé où ? - Près d'Alger, à vingt kilomètres". Selon l'auteur, c'est le général Massu, avec l'aval du pouvoir politique, qui donne l'ordre d'éliminer l'universitaire de vingt-cinq ans, jeune père de trois enfants. Malgré les incessantes demandes de Josette Audin, la veuve de Maurice, l'armée française nie les tortures. Et soutient en toute invraisemblance la thèse de "l'évasion" construite de toutes pièces.