Les propos proférés par le vice-président de l'APC après la mise à exécution de la décision relative à la fermeture de l'Assihar ont suscité colère et mécontentement des commerçants locataires. Ils sont plus de 600 personnes à avoir dénoncé les allégations de l'élu mis en cause, du fait qu'elles cautionnent davantage le régionalisme. «Il (le responsable élu, ndlr) est venu nous menacer en proférant des propos racistes à l'encontre des commerçants originaires des wilayas du nord. Cabtek bladek (Ton cabas pour rejoindre ton pays) comme si nous étions dans un autre pays ici. C'est une incitation à la violence. Nous avons déposé plainte contre cet irresponsable qui nous traite pour des ressortissants étrangers. On ne va pas se taire», maugrée Saber Boukharrouba, un commerçant originaire de M'sila. «Nous sommes tous des Algériens. Qu'on cesse de nous prendre pour des étrangers !», a-t-il ajouté, dépité. Selon Saber et nombre de locataires, la fermeture du marché qui a été, rappelons-le, incendié en juillet 2013, intervient au mauvais moment. 600 marchands inscrits au registre du commerce et travaillant d'une manière réglementaire sont ainsi sommés de quitter les lieux. «Cela fait plus de 15 ans que je travaille ici. Ce n'est donc pas facile d'abandonner. Le marché a été incendié au mois de Ramadhan passé et aucun responsable n'est venu à notre rescousse. Nous avons passé des nuits affreuses. Où étaient ces responsables pour venir aujourd'hui nous demander de partir ? De toutes façons, on ne va pas lâcher d'un iota», ajoute encore Saber. Le grand marché qui abrite annuellement la Foire internationale de l'Assihar sera officiellement délocalisé vers la cité de Tafsit, où sont érigées 150 boutiques. «La question qu'on se pose est comment entamer une telle procédure sans aviser les commerçants concernés ? Comment faire pour déplacer 600 boutiques dans un site qui en contient uniquement 150 et qui de surcroît ne répond nullement aux normes requises. Où vont aller les 450 autres commerçants ? On va s'entretuer pour bénéficier d'une boutique où quoi ?», s'interroge Tayeb Laâchache, commerçant. Et de poursuivre : «Les habitants de Tafsit ne veulent pas de nous, d'autant plus qu'ils voient dans cette délocalisation une menace à la quiétude de leur quartier. Nous sommes des commerçants et non des criminels. Qu'on nous laisser travailler à l'Assihar, ne serait-ce que pour amortir les sommes d'argent dépensées après l'incendie pour réhabiliter nos boutiques. Personnellement, j'ai plus d'un milliard de dettes. Certains d'entre nous ont fait beaucoup de sacrifices pour se rétablir après cette calamité. Ce n'est pas facile de lâcher le morceau. Le portail principal a été fermé sans préavis. Le site est sans électricité depuis hier (lundi, ndlr). On est séquestrés à l'intérieur et quadrillés par un important dispositif sécuritaire. On dirait que nous sommes à Ghaza.» Le pire, enchaîne Tahar, est que «le site de Tafsit est dépourvu de toutes les commodités nécessaires. La décision de fermeture a été prise hâtivement et sans notre consentement. Inadmissible !». Pour plus d'explication sur ce problème, nous avons essayé de nous rapprocher de l'édile municipal. Cependant, toutes nos tentatives se sont soldées par un échec. Pour mémoire, les autorités de la wilaya ont consacré une enveloppe de 120 millions de dinars pour la réhabilitation du marché en question afin qu'il puisse continuer à abriter le rendez-vous économique et culturel africain de l'Assihar (Rencontre en Tamashek).