Le nombre de cas de sida semble connaître, ces dernières années, une évolution en Algérie. Si l'année 2008 n'a enregistré que 60 cas, le nombre a connu une forte hausse pour atteindre 114 nouveaux cas durant le premier semestre 2009, alors que 1011 sidéens et 4045 séropositifs ont été recensés depuis 1985. Un chiffre qui est loin de refléter la réalité en l'absence de dépistage précoce, régulier et systématique de la maladie. Ce qui inquiète sérieusement les spécialistes, qui redoutent une flambée de cas dans les prochaines années si rien n'est fait en matière de prévention. Pour le Pr Dif, chef de service à l'hôpital El Kettar et président du Comité national de lutte contre les maladies sexuellement transmissibles et sida (CNLIST-sida), la prévention est aujourd'hui primordiale. « Des actions visant à sensibiliser la population afin d'éviter la contamination doivent être prises en urgence, bien que le nombre de personnes infectées soit nettement inférieur à ceux dénombrés dans d'autres pays », a-t-il estimé, avant de signaler que 553 séropositifs ont été enregistrés durant le premier semestre de l'année en cours contre 585 durant toute l'année. Le Pr Dif tient à souligner que les personnes atteintes du sida qui se présentent pour soins à un stade très avancé ont du mal à se faire prendre en charge bien que les traitements existent, notamment la trithérapie. Il a ainsi appelé à l'initiation de campagnes de sensibilisation pour combattre les facteurs de risques. Il cite, entre autres, la prostitution et la toxicomanie. Par ailleurs, le directeur de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l'Afrique, Luis Sambo, a appelé, hier, les dirigeants africains à s'exprimer plus ouvertement sur les questions relatives au rapport entre le sida et la sexualité. « J'en appelle à tous, notamment aux dirigeants, à tous les niveaux, pour qu'ils s'expriment davantage sur les questions relatives à la sexualité, notamment sur les rapports sexuels à risque qui demeurent le principal facteur de transmission du VIH dans la région africaine », lit-on dans le message de M. Sambo à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida. Il a ajouté, à cet égard, qu'« en menant, ce jour, une réflexion sur le thème de l'accès universel (aux soins de santé) et des droits de l'homme, nous notons avec préoccupation que les nouvelles infections par le VIH dans notre région touchent disproportionnellement les femmes et les jeunes ». « Nous sommes également préoccupés par le fait que la stigmatisation et la discrimination empêchent encore les personnes affectées d'avoir accès aux services dont elles ont besoin », a-t-il poursuivi. Soulignant que l'accès aux services de prévention, de traitement et de soins doit être considéré comme un droit humain, le directeur de l'OMS pour l'Afrique a également lancé un appel aux dirigeants africains pour qu'ils œuvrent, a-t-il expliqué, à l'avènement d'un environnement favorable « en mettant en place des législations appropriées et des politiques favorisant la promotion de l'accès universel aux soins de santé ». « Nous devons également identifier les pratiques culturelles contribuant à la propagation de l'infection à VIH et chercher à les changer », a-t-il encore souligné. C'est ainsi que M. Sambo a estimé qu'il est possible d'inverser la tendance du VIH/sida dans la région africaine, précisant que pour réaliser ce processus, « nous devons accélérer le rythme des progrès tout en veillant à l'accès universel aux soins de santé et à la prévention de la stigmatisation et de la discrimination ». M. Sambo a néanmoins reconnu que des progrès « sans précédent » ont été réalisés, au cours des deux dernières années, dans l'expansion des interventions du secteur de la santé axées sur la prévention, le traitement et les soins du VIH/sida. C'est dans ce contexte qu'il a souligné qu'en une année seulement, le nombre total de formations sanitaires offrant des services de dépistage du VIH et de conseil a augmenté de 50% et la mise en œuvre de stratégies novatrices a permis que ces services atteignent plus de 17 millions des personnes âgées de 15 ans et plus. Il a relevé, cependant, qu'en dépit de ces tendances « encourageantes », il reste beaucoup à faire, justifiant son propos par le nombre encore « limité » de personnes ayant des connaissances complètes sur le VIH/sida, tout comme celui, a-t-il dit, de personnes connaissant leur statut sérologique.