Mais on pourrait dire aussi l'originalité du risque pour un festival qui n'a pas peur de la diversité. A quoi se mesure le succès d'un festival ? D'abord, à la fidélité et aux exigences du public. L'édition 2009, qui s'est achevée le 1er décembre, a vu plus de 28 000 spectateurs investir les salles de cinéma pour voir pas moins de 76 films, issus de 35 pays. Un cru exceptionnel cette année et un accueil enthousiaste et chaleureux à des films qui ont suscité de vives émotions. Trois continents présents (puisque c'est l'intitulé et l'ambition du festival), douze films en compétition, venus de Corée du Sud, d'Egypte, de Malaisie, du Viêt Nam… pour un événement devenu un hymne à la découverte et sans doute le tremplin mondial, sinon européen, d'un cinéma singulier venu d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine. Privilégier la découverte et valoriser la pluralité au travers du cinéma, tel semble être le leitmotiv des animateurs de cette rencontre, dont le succès de la 31e édition revient au principal éclaireur Philippe Reihac, son nouveau DG, mais aussi aux deux déchiffreurs de pellicules (Jean Philippe Tessé, des Cahiers du cinéma et Jerôme Baron, enseignant en cinéma), chargés de la programmation, enfin à une équipe de militants du 7e art et de cinéphiles convaincus qui savent partager et faire apprécier leur passionnante et audacieuse ambition, dans une ambiance décontractée et bon enfant. Encore une fois, le F3C de Nantes a placé haut la barre pour séduire. Les organisateurs ont confirmé leur tendance risquée à l'originalité, à la singularité de la marginalité et de la diversité. Un festival, ce sont des films mais aussi des rencontres quotidiennes avec des invités autour de grands thèmes proposés par les programmateurs. A l'occasion de ce 31e rendez-vous, le F3C a fait peau neuve : réorganisation de l'association organisatrice, nouvelle équipe à la barre, nouvelle organisation de la programmation, orientations diversifiées des activités culturelles en relation avec le cinéma, avec en plus, des séances-débats autour de thèmes divers liés au cinéma. La présentation durant toute l'année de films issus de pays du Sud, contribue à la découverte de films inédits, rares et originaux. Grâce au festival, les Nantais apprécient de plus en plus des œuvres originales et font la connaissance de créateurs talentueux, inconnus en Europe et, parfois hélas, dans leurs propres pays. L'hommage rendu au grand maître du cinéma japonais, Kiyoshi Kurosawa, a permis à un public nombreux de visionner une quinzaine de ses films injustement ignorés des grands circuits. Les images de la Corne de l'Afrique, de l'Ethiopie, de l'Erythrée et celles d'Asie Centrale de l'époque du muet ont constitué une autre surprise pour le public présent. Les courts métrages programmés, issus d'horizons divers, ont mis en exergue des talents naissants. Les organisateurs ont même tenu à encourager cette année des cinéastes en herbe : 3 artistes vidéastes en provenance de Colombie, du Maroc et d'Iran ont pu projeter leurs œuvres. Une petite fausse note, cependant, hypothèque la médiatisation de l'événement : l'implication partielle des journalistes chargés de la couverture du festival. Invités pour trois journées seulement (pour les plus chanceux), les journalistes étrangers, venant parfois du bout du monde, ne peuvent se faire une idée précise de la manifestation qui s'étale sur une dizaine de jours.