L'ancien chef de gouvernement a annoncé hier, lors d'une conférence de presse animée à Alger, son retrait de la course à la présidentielle. Il appelle au boycott du scrutin considéré comme «un leurre et une piraterie légalement soutenue». «En réalité, les urnes ne seront qu'un leurre et une piraterie légalement soutenue. Une fois de plus, en Algérie, les forces de la fraude auront pris le dessus sur l'argumentation convaincante (…). D'où mon retrait de cette élection», a déclaré l'ancien Premier ministre qui assure pourtant que s'il se retire, ce n'est point parce qu'il n'a pas obtenu le nombre de formulaires nécessaires au dépôt de candidature. M. Benbitour assure avoir récolté, jusqu'à hier matin, plus de 85 000 paraphes dans au moins 44 wilayas. «J'ai justement différé l'annonce de mon retrait jusqu'à aujourd'hui pour dire que si je me retire, ce n'est pas faute de signatures», a expliqué l'ancien candidat, qui appelle à «la mobilisation pour changer le système dans sa globalité». Avant d'annoncer sa décision, Ahmed Benbitour a dû réfléchir longuement ; il en a déduit que le scrutin est joué d'avance. Les signes d'une fraude annoncée, il en cite plusieurs : «L'usage inconsidéré des deniers publics, le maintien d'un gouvernement dont les membres sont notoirement connus pour leur allégeance au président-candidat (…), la confiscation des médias audiovisuels publics font que les élections d'avril 2014 se présentent, une fois de plus, comme une rupture du pouvoir avec le peuple.» L'ancien candidat veut se concerter avec les autres acteurs qui appellent au boycott du scrutin pour des initiatives qui vont dans le sens d'une période de transition. Ahmed Benbitour pousse ses attaques jusqu'à déclarer que le pays est géré «par un groupe de personnes en lieu et place des institutions qui ont complètement disparu». Au lieu de déserter le terrain, Ahmed Benbitour appelle à la poursuite de la lutte pour «un changement total du système politique». «Le combat continue, de manière pacifique, pour une Algérie de démocratie et des libertés», a déclaré, calmement, l'ancien chef de gouvernement, qui promet des lendemains pas forcément ensoleillés pour les dirigeants actuels. «Le pays va connaître des problèmes. Les décideurs vont connaître aussi des problèmes», a indiqué M. Benbitour, d'habitude très modéré. Pour sortir de la situation actuelle, Ahmed Benbitour propose des solutions ; il préconise «une feuille de route définissant le projet de changement du système de gouvernance et les étapes de sa mise en œuvre» et de «préparer un pacte social comme base de la nouvelle Constitution d'où seront bannis le monopole du pouvoir par des groupes immoraux et/ou incompétents, ainsi que le détournement de l'Etat au profit d'intérêts privés».