Ahmed Benbitour ne sera pas le visiteur du Conseil constitutionnel au dernier jour de dépôt des dossiers de candidature à la candidature pour l'élection présidentielle d'avril prochain. L'ancien chef du gouvernement, le premier à exprimer une intention de candidature à la magistrature suprême -décembre 2012-, a annoncé, hier à Alger, au cours d'une conférence de presse, son retrait de la compétition électorale. En plus de la décision de boycotter le scrutin présidentiel, Ahmed Benbitour déclare sa «solidarité active avec mes partenaires politiques qui ont lancé un appel au boycott». Autrement dit, Benbitour va rejoindre les partisans du boycott dans lesquels émargent le RCD, le MSP, Ennahda ainsi que Jil Jadid de Sofiane Djilali, l'autre candidat qui a renoncé suite à l'annonce de la candidature du président sortant, M. Abdelaziz Bouteflika. Ahmed Benbitour, qui déclare avoir recueilli plus de 85 000 signatures, 1 500 en moyenne dans 29 wilayas, a énuméré, à l'occasion, les raisons de son retrait. Il citera, dans ce sens, «la persistance de la fermeture des canaux les plus efficaces pour la mobilisation du peuple autour des idées et des actions pour la sauvegarde de la nation algérienne». Avant de conclure que «les urnes ne seront qu'un leurre et une piraterie légalement soutenue», Ahmed Benbitour émet des reproches à l'égard du gouvernement qui active au profit de la candidature de Abdelaziz Bouteflika. «L'usage inconsidéré des deniers publics, le maintien d'un gouvernement dont les membres sont notoirement connus pour leur allégeance au candidat-président, la défaillance des mécanismes de régulation de la société par l'instrumentalisation de la justice, la vassalisation de l'administration, la confiscation des médias audiovisuels publics, font que l'élection d'avril 2014, se présente, une fois de plus, comme une rupture du pouvoir avec le peuple», souligne l'ancien chef du gouvernement. Ahmed Benbitour, qui regrette que «les forces de la fraude auront pris le dessus sur l'argumentation convaincante», se résout ainsi à l'idée qu'il ne restera au peuple que «le parallèle à l'Etat et la disqualification de tout ce qui émane du pouvoir». Et après avoir présenté les conditions dans lesquelles va se dérouler cette élection présidentielle, l'ancien chef du gouvernement sous Abdelaziz Bouteflika (décembre 1999-août 2000), n'a pas hésité à prévoir un taux de participation assez faible le jour du scrutin. Benbitour, qui ne se fait plus d'illusions quant à la légitimité de l'élection, prévoit un taux de participation qui ne dépasserait pas les 10%. S'adressant aux forces du changement, une fois achevé son réquisitoire contre les «forces de la fraude», Ahmed Benbitour formule cinq propositions devant mener à une sortie de crise. La première consiste à «préparer une feuille de route qui définit le projet de changement du système de gouvernance et les étapes de sa mise en œuvre». La seconde suggère de «définir les principes qui guideront les parties prenantes à ce projet». La troisième évoque «un pacte social comme base de la nouvelle Constitution où seront bannis le monopole du pouvoir par des groupes immoraux et/ou incompétents, ainsi que le détournement de l'Etat au profit d'intérêts privés». La quatrième proposition invite à «communiquer et débattre le contenu du pacte social pour l'adopter». La cinquième est celle de «la mise en place d'un comité provisoire pour la conduite du projet à l'échelle nationale». Tout un programme, qui n'est plus électoral, d'un désormais ancien candidat à la candidature, qui promet une présence parmi le camp du boycott. Un camp qui s'est élargi dans la journée d'hier avec le retrait de la compétition de Mohand Tahar Yala, général à la retraite, qui appelle à «l'arrêt du processus électoral». A. Y.