Entre le bruit des vagues qui viennent mourir sur les blocs de pierres posés sur la grève et les carrés de verdure équidistants, les randonneurs qui fréquentent la promenade des sablettes semblent être arrachés malgré eux à la ville et à ses tracasseries. L'espace est une oasis tranquille dans un tumulte circonvoisin. Proche de l'autoroute et de la ville, il donne cependant l'impression d'en être loin, très loin. Le vacarme des voitures passant à vive allure sur l'autoroute est, on ne sait par quelle magie, dissipé. Dans les entrailles de la promenade il n'y a point de bruit, hormis celui des vagues et des oiseaux qui ont, d'ores et déjà, élu domicile sur les palmiers. Les visiteurs qui affluent les week-ends pour y passer du bon moment ont fini par prendre quelques habitudes. Sur la grande place où s'amorce la promenade, les enfants font décoller des cerfs-volants, qui atteignent des altitudes vertigineuses. Dans les moments de grande affluence, le ciel de la promenade foisonne de ces objets volants qui s'entremêlent les fils. D'autres enfants s'adonnent avec leurs parents au sport. Tous les espaces réservés à l'activité sportive sont occupés. Tantôt ont y joue au basket, tantôt au volley-ball. Qu'importe la discipline, ce qui compte pour ces jeunes avides d'action c'est de taper dans un ballon quitte à en fabriquer un sur place. Des enfants, plus jeunes, se rabattent en nombre sur les balançoires et les toboggans. De petites files de chérubins se forment devant les glissières, sous l'œil attentif de leurs parents. Les agents de sécurité veillent à ce que les promeneurs ne piétinent par l'herbe des espaces verts. Ils sont également là surtout pour rassurer les familles qui investissent la promenade, et dont le nombre s'accroît de semaine en semaine. Les gestionnaires des lieux s'attendent à un nombre de visiteurs plus important, particulièrement lors de la saison estivale, car deux plages artificielles ont été créées sur les berges de la promenade. Elles attribuent à l'endroit un sceau particulier, entre végétation verte abondante et rivage aux couleurs azur. Les familles algéroises se sont longtemps cloîtrées chez elles. L'absence d'endroits où elles peuvent s'adonner aux plaisirs de la villégiature les a confinées dans l'espace restreint de leurs appartements situés dans des cités aux appellations numériques, sans âme ni chaleur.