Les familles algéroises se sont longtemps cloîtrées dans leur maison. L'absence d'endroits où elles peuvent s'adonner aux plaisirs de la villégiature les a confinées, notamment durant la décennie noire, dans les espaces restreints de leur appartement et les murs protecteurs de leur cité numérique. La période où l'insécurité régnait en maître étant révolue, les familles sortent de plus en plus. Cependant, le manque d'endroits où elles peuvent s'y rendre les a contraintes à se ruer toutes dans les mêmes lieux de plaisance. La promenade des Sablettes fait partie de ces nouveaux endroits qui attirent un nombre impressionnant de visiteurs. En dépit des travaux qui s'y déroulent toujours, les visiteurs avides de sorties et de villégiature y affluent en grand nombre. Entre le bruit des vagues qui viennent s'écraser sur les blocs de pierres entreposés sur la grève, et les carrés de verdure aménagés à équidistance, les randonneurs semblent arrachés malgré eux à la ville et à ses tracasseries. L'espace est une oasis tranquille dans un tumulte circonvoisin. Situé à un jet de pierre de la ville, la promenade des Sablettes donne l'impression d'en être très loin. Le vacarme des voitures passant à vive allure sur l'autoroute est, on ne sait par quel effet, dissipé. Seul le bruit des vagues et des oiseaux remplit la promenade. Malgré la tendance générale des familles à vouloir sortir et prendre du plaisir, la réalisation de nouveaux espaces dédiés à ce genre d'activité, n'a hélas pas suivi. Pis encore, des jardins qui existent depuis fort longtemps sont laissés à l'abandon par les pouvoirs publics. Le parc zoologique de Ben Aknoun en est un exemple poignant. Le jardin est devenu, de fait, un lieu malfamé, où des délinquants de tous bords s'adonnent à la consommation de drogue et même à la prostitution. D'autres jardins et espaces verts, tels que le parc «Tito» dans la commune de Bab Ezzouar, sont devenus au fil du temps des lieux fréquentés par les marginaux et les délinquants. Par ailleurs, des espaces forestiers pourtant aménagés à coups de milliards sont boudés par le grand public. A l'est de la capitale, deux bois longtemps délaissés ont été réhabilités et aménagés, mais ne sont paradoxalement pas fréquentés par les familles. Des délinquants et des malfrats ont élu domicile dans ces bois avant d'être investis par les familles. C'est un fait accompli qui n'a pas suscité auprès des pouvoirs publics une quelconque disposition à vouloir corriger la situation. La promenade des Sablettes est certes un projet intéressant et enthousiaste, mais ne doit en aucun cas être le seul et unique lieu du genre. Les habitants de la capitale ont besoin plus que jamais de soupapes de décompression.