Ghaza De notre correspondant Les craintes des Palestiniens de voir les Américains accentuer les pressions sur leur président Abbas pour le pousser à faire de nouvelles concessions concernant les «constantes» palestiniennes se sont avérées fondées. Surtout après que le président Obama ait demandé, devant les caméras de télévision, à Mahmoud Abbas de prendre des risques et des «décisions politiques difficiles» pour arriver à un règlement final du conflit avec Israël. «C'est très difficile, très ardu, il va falloir prendre des décisions politiques difficiles et des risques si nous voulons progresser», a soutenu le président américain dans le bureau ovale de la Maison-Blanche. Cette déclaration a été perçue dans les territoires palestiniens comme une menace directe de la direction américaine à l'endroit du président Mahmoud Abbas. «Vous devez renoncer à certains de vos droits fondamentaux qu'Israël ne reconnaît pas.» C'est ainsi qu'a été traduit l'appel du président Obama au président Abbas de prendre des risques pour faire avancer le processus de paix. Les observateurs craignent de voir ces pressions politiques renforcées par des sanctions économiques dans les prochains mois, surtout après l'expiration du délai imparti à ces négociations avec les Israéliens. Ce délai doit normalement prendre fin à la fin du mois d'avril. Les déclarations du président Mahmoud Abbas à Washington ont, en revanche, fortement tranquillisé le peuple palestinien. Il a rappelé aux Américains et à leurs protégés israéliens qu'il n'était pas question d'accepter un accord qui ne garantit pas le respect des droits fondamentaux du peuple palestinien. «Nous voulons une solution basée sur des résolutions qui respectent la légalité internationale. Nous voulons l'établissement d'un Etat indépendant et souverain sur l'ensemble des terres palestiniennes occupées en 1967, avec El Qods-Est comme capitale et un règlement juste et négocié de la question du retour des réfugiés», a martelé le président Abbas. Netanyahou veut encore bloquer Quant à l'exigence du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, adoptée par la direction américaine de la nécessité de la reconnaissance d'Israël comme Etat juif, Mahmoud Abbas l'a rejeté en rappelant que la direction palestinienne a clairement reconnu l'Etat d'Israël en 1993. Convaincu qu'il ne trouvera aucun Palestinien ni dans l'immédiat ni dans l'avenir qui puisse accepter une telle condition, le Premier ministre israélien, qui se sert des négociations pour gagner du temps et imposer de nouvelles réalités sur le terrain qui finiront par rendre impossible toute création d'un Etat palestinien vraiment indépendant, muni d'une continuité territoriale, ne perd aucune occasion pour rappeler aux Palestiniens qu'il n'y aura aucun accord de paix sans cette reconnaissance. Le président Abbas ne s'est pas contenté de citer devant le président des Etats-Unis les droits palestiniens. Il a prévenu aussi qu'il ne reste plus beaucoup de temps aux négociations et qu'il ne fallait pas le perdre. Des sources israéliennes ont indiqué que le président Abbas a demandé la libération de plus de prisonniers, à leur tête Marouane El Barghouti, un haut responsable du Fatah et Ahmad Saadate, le secrétaire général du FPLP, avant toute demande de prolongation des négociations au-delà du 29 avril prochain. Le porte-parole de la présidence palestinienne, Nabil Abou Roudeina, a indiqué que le président américain n'a pas encore officiellement présenté un accord-cadre au président Abbas. Selon lui, il s'agit plutôt d'«un ensemble d'idées». Les Palestiniens avaient, rappelle-t-on, rejeté un projet d'accord-cadre présenté par le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, qui contenait la reconnaissance de l'Etat d'Israël comme Etat juif par les Palestiniens. Ce projet prévoyait aussi une présence militaire israélienne dans le futur Etat palestinien et n'était pas du tout clair ni sur le statut de la ville sainte d'El Qods ni sur le règlement de la question du retour des réfugiés. Et c'était pour ainsi dire le cas également de bien d'autres points qui ne font en réalité que traduire la vision israélienne de la paix. Aujourd'hui, et malgré tous les dangers qui peuvent découler de cette situation qui rappelle en tous points celle vécue par la direction palestinienne conduite à l'époque par le défunt président Yasser Arafat, lorsqu'il avait dit «non» aux propositions américaines et israéliennes à Camp David, aux Etats-Unis en l'an 2000, le président Mahmoud Abbas et son peuple sont prêts à faire les sacrifices nécessaires pour réaliser le rêve de vivre dans un Etat indépendant et souverain sur l'ensemble des terres occupées en 1967. «Je ne trahirai jamais mon peuple et je suis prêt à subir le même sort que mon compagnon de combat Yasser Arafat», ne cesse de répéter depuis des mois le président palestinien, Mahmoud Abbas. Sortis par dizaines de milliers dans toutes les villes et villages palestiniens, le jour de sa rencontre avec le président des Etats-Unis, les Palestiniens lui ont renouvelé leur confiance.