Fini la gestuelle, place à la parole ! Tel est l'état d'esprit et l'ambiance qui règnent au sein des familles, dont un enfant atteint de surdité a bénéficié d'un implant cochléaire. Fini le temps de voir son enfant évoluer en silence. La parole, avec la pose d'un appareil auditif, est au centre de toute communication entre les différents membres de la famille et le nouveau venu dans le monde des parlants. Rencontrés au service ORL du CHU Frantz Fanon de Blida, des parents, accompagnés de leurs enfants implantés, nous ont fait part de leur bonheur et de l'enchantement de leur progéniture de pouvoir, grâce aux «miracles» de la technologie et des progrès de la médecine, briser le silence et faire usage de la parole pour communiquer. Le cas de Hadjar… «C'est fabuleux ce qui nous arrive et je remercie Dieu ainsi que toute l'équipe médicale du service ORL de Blida», témoigne avec beaucoup d'émotion Abdelkrim, père de la petite implantée, Hadjar, six ans. Et d'ajouter : «Avant la pose de l'implant – ma fille sourde depuis sa naissance – c'était la mélancolie pour la famille.»Selon ce père, plus besoin de se déplacer pour interpeller sa fille, prunelle de ses yeux, comme il aime bien la désigner affectueusement. «Il suffit de l'appeler par son prénom pour qu'elle se retourne», dit-il fièrement. Il faut dire que ces parents retrouvent une seconde vie en compagnie de leurs enfants avec lesquels ils échangeaient, avant l'implant, des messages pauvres dans leur contenu en émotions, avec des gestes, sans tonalité émotionnelle, et qui parfois devenaient lassants. … de Safa … Safa, 8 ans, a eu droit à un implant cochléaire dès 18 mois. Ce qui lui a permis de bénéficier un peu plus tard d'une prise en charge orthophonique efficace, lui permettant d'intégrer, après avoir acquis le langage à 6 ans, une école normale. Sa mère, qui ne la quitte pas des yeux, nous dit que sa fille obtient d'excellentes notes à l'école. «Elle exprime verbalement ses douleurs, me raconte ce qu'elle a fait durant la journée. Elle a noué aussi de très fortes relations avec ses camarades de classe», explique t-elle. … de Mahfoudh … Mahfoud était âgé de deux ans lorsque, souffrant de surdité congénitale, avait bénéficié en 2008 d'un implant cochléaire. Personne au sein de sa famille, composée de sourds, ne croyait à «cet événement surnaturel», comme nous le disait sa mère, qui pensait à une plaisanterie de la part du médecin qui lui avait conseillé de prendre attache avec le professeur Rous, chef du service ORL du CHU Frantz Fanon de Blida. «Mon mari est sourd, ainsi que mes belles-sœurs et mes beaux-frères, je ne croyais jamais auparavant aux miracles de la science», raconte-t-elle au bord des larmes. «Ma vie a changé depuis que Mahfoud a retrouvé la parole, et j'ai même pris des kilos en voyant mon fils entendre et échanger des mots avec les enfants de son âge», conclut-elle. … et de Naïma Quant à Naïma, 7 ans, originaire de Bou Medfaâ (wilaya de Aïn Defla), la pose d'un implant en 2012 lui a permis de s'intégrer parmi les enfants du quartier et de l'école. «Je me dis que c'est un miracle lorsque ma fille entend maintenant la sonnette et va ouvrir la porte à son père. Aussi, je suis comblée en voyant ma fille s'intéresser aux émissions infantiles et réagir aux chansons et aux images», raconte sa maman. Parfaitement intégré dans le monde des «entendants» puis des parlants, l'implant cochléaire a complètement changé le cours de la vie de ces enfants et de leurs parents. Le confort de l'écoute et du langage n'a de véritable valeur que pour celui qui en était privé.