Tous ces pro-Morsi, parmi lesquels Mohammed Badie, le guide suprême des Frères musulmans, sont jugés par un même tribunal pour des violences survenues le 14 août dans le gouvernorat de Minya, au sud du Caire. Les 683 accusés jugés hier comparaissaient pour la première fois. M. Badie, incarcéré au Caire, n'a toutefois pas été amené devant la cour. Les avocats de la défense ont boycotté cette audience, dénonçant une «mascarade» de procès, au lendemain du verdict le plus sévère rendu en Egypte, prononcé à l'issue d'une seule audience par un juge visiblement courroucé par une demande de récusation formulée par les avocats de la défense. La communauté internationale, déjà préoccupée par la sanglante répression qui s'est abattue sur les partisans de M. Morsi depuis sa destitution, le 3 juillet 2013, par l'armée, a pointé du doigt «les irrégularités et violations» des droits des accusés, dénonçant un verdict «sans précédent» bien au-delà des frontières du plus peuplé des pays arabes. Cependant, seuls 153 des 529 condamnés à mort lundi sont actuellement en détention. Les autres, en fuite, ont été jugés par contumace. Les accusés jugés hier répondaient de leur implication présumée dans des violences ayant causé la mort de deux policiers dans le gouvernorat de Minya et d'attaques contre des biens le 14 août, le jour où soldats et policiers ont tué plus de 700 manifestants pro-Morsi au Caire. Les avocats de la défense ont indiqué qu'ils allaient de nouveau demander la récusation du juge Saïd Youssef Sabry qui, selon certains médias égyptiens, est connu pour prononcer des peines extrêmement lourdes même dans des affaires mineures. Son verdict intervient dans un climat délétère depuis la destitution de M. Morsi, alors qu'une large majorité de la population, à l'unisson des médias quasi-unanimes, applaudit la répression sanglante qui s'est abattue sur les islamistes. Plus de 1400 manifestants pro-Morsi ont été tués en huit mois, selon Amnesty International, et quelque 15 000 personnes ont été arrêtées, selon des responsables de la police. La communauté internationale s'émeut régulièrement de cette répression implacable, mais lundi, les 529 condamnations à mort ont déclenché un nouveau tollé. Les condamnations ont fusé de partout. «L'imposition en masse de la peine de mort après un procès marqué par des irrégularités de procédure est une violation du droit international et des droits de l'homme», a estimé le Haut-commissariat de l'ONU aux droits de l'homme. «Un procès de masse de 529 personnes qui a duré deux jours ne peut pas avoir répondu aux exigences les plus fondamentales d'un procès équitable», a-t-il ajouté. Mais il est peu probable que ces réactions produisent quelque chose. Les états d'âmes de la communauté internationale paraissent être le cadet des soucis des nouvelles autorités égyptiennes, qui sont bien décidées à en finir avec les Frères musulmans.