Déjà, en 1816, l'Etat américain appliquait des taxes pour protéger son économie. Ce protectionnisme croissant se justifie par la protection de l'industrie locale mais aussi le découragement des importations. Les partisans du libre-échange, quant à eux, justifient leurs idées par une augmentation des revenus et la croissance du bien-être. I- Bref rappel de la signification du protectionnisme et du libre-échange Le libre-échange est un principe visant à favoriser le développement du commerce international en supprimant les barrières douanières tarifaires et non tarifaires et les réglementations nationales susceptibles de restreindre l'importation des biens et des services. Contrairement au libre-échange, le protectionnisme est une politique économique menée par un Etat pour protéger ses producteurs contre la concurrence des producteurs d'autres Etats. Les mesures protectionnistes consistent essentiellement à freiner les importations (barrières douanières, normes contraignantes techniques ou sanitaires, quotas, freins administratifs…) ; encourager les exportations (subventions diverses, incitations fiscales, dévaluation, dumping) ; privilégier les entreprises nationales dans les appels d'offres de marchés publics, ou empêcher les investisseurs étrangers de prendre le contrôle d'entreprises nationales. II- évolution du protectionnisme et la création du GATT Le protectionnisme a connu son apogée après la crise financière de 1929, qui a éclaté à la Bourse de New York aux Etats-Unis, s'est étalée au secteur bancaire puis à toute l'économie. Face à cette crise, le Congrès sous l'Administration du président Herbert Hoover (1929 – 1933), a recouru à des mesures protectionnistes, mettant en place la loi Hawley Smoot(1) en 1930. En réponse à la politique protectionniste des Américains, d'autres pays augmentèrent à leur tour leurs droits de douane, mettant en très mauvaise posture les sociétés américaines qui vivaient de l'exportation. Cela conduisit à une suite d'augmentations des droits de douane qui fragmenta l'économie mondiale.La mise en place du programme «New Deal»(2) par le président Roosevelt en 1933, n'a pas donné les effets escomptés, et ce n'est qu'après la Seconde guerre mondiale que l'économie américaine a retrouvé sa force économique et industrielle. Sortant vainqueur de la Deuxième Guerre mondiale et possédant une technologie de pointe et une solide industrie, l'Etat américain devait garantir des débouchés pour ses produits. A cet effet et pour contourner la progression du communisme de l'URSS, l'Administration américaine d'Harry S. Truman a mis en place le plan Marshall(3) afin d'aider les pays européens à reconstruire leurs économies dévastées par la guerre. C'est dans ces circonstances que le GATT (General Agreement en Tariffs and Trade) voit le jour en 1947, ratifié par 23 pays. Son objectif principal étant la liberté des échanges par l'abaissement des droits de douane et la réduction des restrictions quantitatives ou qualitatives aux échanges. Les principales règles du GATT étant : élimination de toutes les barrières non tarifaires et consolidation des tarifs douaniers ; non-discrimination ente les exportateurs étrangers et les producteurs nationaux ; l'accord d'un avantage commercial à un pays doit être étendu à tous les pays signataires du GATT ; interdiction des restrictions quantitatives sur les importations et sur les exportations ; l'interdiction du dumping et des subventions à l'exportation. La GATT s'organise sous forme de round ou de cycles qui prennent le nom de la ville où ils ont été ouverts, par le pays auquel appartient cette ville, ou par des noms de responsables politiques. Le dernier round du GATT a donné naissance à l'OMC (Organisation mondiale du Commerce) qui a vu le jour en 1995. A la différence du GATT, l'OMC s'est vu doter d'un organe de Règlement des différends. Ses champs d'application ont été étendus aux services, aux investissements étrangers, à la propriété intellectuelle, à la santé et à l'environnement. III- Adhésion de l'Algérie à l'OMC L'Algérie a manifesté sa volonté d'adhérer au GATT depuis 1987, mais c'est dans le cadre du programme d'ajustent structurel avec le FMI (Fonds monétaire international) en 1989, puis en 1994 que le pays a procédé à une restructuration de son système productif, mais aussi à la libéralisation du commerce extérieur.En effet, dès son indépendance, et pour faire face aux grands projets d'investissement et de reconstruction, l'Algérie s'est fortement endettée dans les années 70' et 80'. Après la chute des prix pétroliers en 1986, le pays s'est retrouvé dans l'incapacité de rembourser ses dettes, d'où la nécessité de recourir à un rééchelonnement et à une assistance du FMI. Ce dernier a accordé à l'Algérie des prêts, mais lui a imposé des conditionnalités : désengagement de l'Etat de l'économie afin de limiter les dépenses, dévaluation de la monnaie nationale afin de rééquilibrer la balance commerciale, mais surtout la privatisation de toutes les entreprises et la libéralisation du commerce extérieur afin de permettre afin de permettre un libreéchange. Ces conditionnalités se sont traduites dans la réalité algérienne par la mise en place du : – Décret exécutif n° 91-37 de février 1991, relatif aux conditions d'intervention en matière de commerce extérieur, qui met fin au monopole de l'Etat, – La loi 90-16 et la circulaire 63 du 20 août 1990 autorisant l'établissement de firmes nationales ou étrangères d'import-export. Ainsi, à partir 1991, tous les opérateurs économiques, des secteurs publics ou privés, ont été autorisés à importer pour leur usage ou la revente en l'état de tous les produits qui ne sont pas prohibés ; – La loi 90-10 de la Banque d'Algérie assouplissant les restrictions de change, complétée par l'instruction 94-20 de avril 1994, autorisant un libre accès en matière d'importation, pour tous les agents économiques ayant un registre de commerce et les administrations, dans le respect de la réglementation du commerce extérieur et des changes ; – Adoption d'un tarif douanier harmonisé à partir de 1992, ainsi que la facilitation des procédures et formalités douanières ; – L'ordonnance du 22 juillet 1995 relative à la privatisation des entreprises publiques ; et les articles 24 et 25 de la loi de finance complémentaire de 1994 permettent aux entreprises publiques de céder une partie de leurs actifs, et d'ouvrir leur capital au secteur privé national ou étranger à concurrence de 49%, Ainsi, l'Algérie a procédé à une vaste ouverture de son commerce extérieur en abaissant les tarifs douaniers et en autorisant les importations. IV- Avantages et inconvénients de l'adhésion de l'Algérie à l'OMC Afin d'adhérer à l'OMC, un pays doit libérer son commerce extérieur et éliminer les barrières tarifaires et non tarifaires ; mais pour bénéficier des avantages de l'OMC, il doit exporter à l'étranger. Selon les statistiques de la Banque d'Algérie, les exportations (principalement des hydrocarbures)(4) de l'Algérie ont atteint 68.32 milliards de dollars en 2013, alors que nos importations ont atteint 65.75 milliards de dollars (cela veut dire qu'on a consommé 99% de ce qu'on a reçu comme devises). Le plus urgent à faire est d'apprendre à produire, devenir compétitif et exporter à l'étranger. Parmi les effets de la libéralisation du commerce extérieur et l'ouverture des frontières, l'accaparement d'un marché local par les produits étrangers, déjà fragilisé par la rareté et la faible qualité des produits locaux. La première conséquence étant une inflation élevée et insupportable pour le consommateur final, d'où une érosion du pouvoir d'achat, une baisse du niveau de vie et l'apparition de réclamations continues pour augmentation des salaires. Une autre conséquence de la libéralisation du commerce extérieur est la destruction massive de l'emploi et la médiocrité des produits et services locaux. Les besoins étant satisfaits automatiquement par les importations, il n'y aura pas nécessité à les produire localement, ni à devenir compétitif, puisque de toute façon le produit étranger couvre le marché local. Et enfin, la monnaie se trouve fort dépréciée parce qu'elle n'est pas désirée. C'est la demande étrangère qui donne la valeur à une monnaie, mais si un pays n'exporte rien (ou presque) et n'offre aucun service à l'étranger, il n'y a pas de raison pour que sa monnaie soit demandée. En conclusion, l'OMC offre des avantages aux échanges commerciaux. En adhérant à l'OMC, nous pourrons bénéficier de ces avantages, mais nous devons au préalable produire, satisfaire la demande locale et devenir assez compétitifs afin d'exporter à l'étranger. Pour réaliser cet objectif, il est nécessaire : d'initier les cadres aux nouvelles techniques de management et instaurer les nouvelles techniques de financements (bourses et marchés financiers) ; développer le secteur bancaire et faciliter les crédits aux jeunes entrepreneurs ; renforcer le partenariat entre entreprises et universités et actualiser le programmes des écoles et des universités selon le besoin de l'économie ; encourager la production locale et interdire les importations de biens pouvant être produits localement ; contrôler les aides au secteur agricole et éliminer les obstacles aux agriculteurs ; encourager la recherche et le développement. Au final, vendre un produit local à une clientèle étrangère riche et solvable est plus profitable qu'une clientèle locale relativement pauvre. Il est vrai que la marche vers la compétitivité peut être relativement longue, mais les avantages collatéraux en valent la peine : garantie d'emploi, niveau de vie élevé, appréciation de la monnaie locale et élimination des révoltes sociales. Note : 1) Cette loi impose une taxe de 50% sur plus de 3200 biens importés aux Etats-Unis et fait suite au «tarif Fodney-Mac Cumber» de 1922 qui imposait une taxation de 38% en moyenne. 2) Nom donné par le président Franklin Delano Roosevelt à sa politique interventionniste de 1933 à 1938 : soutenir les couches les plus pauvres de la population par des programmes d'assistance sociale, d'aide pour le travail et des programme agricole, réforme innovante des marchés financiers et redistribution des ressources et du pouvoir à une échelle plus large avec des lois de protection syndicales. 3) Du nom du Secrétaire d'Etat des Etats-Unis, le général George Marshall, le mécanisme consistait pour les Etats-Unis à fournir un crédit à un Etat européen pour des importations en provenance des Etats-Unis. Parallèlement, cet Etat devait octroyer à des agents économiques nationaux (entreprises ou administrations) des crédits destinés à des investissements d'un montant deux fois supérieur au crédit qu'il avait lui-même reçu. L'Etat bénéficiaire devait en outre faire la preuve qu'il autofinançait sa part sans recourir à la création monétaire. 4) Chiffres provisoires sur le site de la Banque d'Algérie.