L'appel à cette action de rue, lancé depuis une semaine par les deux mouvements via les réseaux sociaux et des affichages, a drainé les réfractaires au système de plusieurs régions de la wilaya et des citoyens venus d'Alger, membres du mouvement Barakat. A 11 h, l'esplanade du siège de la wilaya est bondée de monde. Les manifestants –des étudiants, des travailleurs, des chômeurs, des enseignants, des syndicalistes et des militants des droits de l'homme – scandent des slogans qui disent «Barakat» à tous les maux dont souffre le pays. «Barakat la dictature», «Non au 4e mandat», «On veut un Etat démocratique et de droit», «Pouvoir assassin», «La Saïd, la Sellal, système à la poubelle !», «La jeunesse s'engage, système dégage !», «Serraqine, Kheddaïne, wi goulou Wataniyine» (des voleurs, des truands qui se disent nationalistes), «Rendez l'Algérie au peuple» ou encore «Tab djnannek ya système», ont été, entre autres, les slogans inscrits sur les nombreuses pancartes brandies et repris à gorge déployée par les protestataires deux heures durant.Des prises de parole ont été improvisées devant le siège de la wilaya et la maison de la culture Taos Amrouche, où les animateurs des deux mouvements ont exhorté le système à «arrêter la mascarade et à se retirer» et appelé tous les citoyens à rallier le camp du rejet et du Changement. Hocine Boumedjane, membre du Mouvement pour le changement et militant des droits de l'homme, a pris le mégaphone pour expliquer qu'il faut «rejeter plus que le 4e mandat ; les élections doivent être rejetées dans leur globalité et exiger de vraies élections, où le peuple décidera de son sort de lui-même, car ce qui se prépare est contre le peuple et ses aspirations». «Ils ne nous laissent aucun choix, un vrai changement doit passer par des élections libres et transparentes» a ajouté l'orateur, qui a appelé à plus de cohésion pour un «changement démocratique et pacifique». Un étudiant de Béjaïa, membre du mouvement Barakat, lui a emboîté le pas pour demander aux protestataires d'observer une minute de silence à la mémoire des 126 martyrs du printemps noir de 2001, «lâchement assassinés par le pouvoir répressif et autoritaire», et ce, après avoir chanté l'hymne national. Certains militants, qui sont intervenus, ont appelé à des contre-meetings à l'occasion des rendez-vous prévus par les candidats à la présidentielle dans la wilaya de Béjaïa. Ils ont, par ailleurs, dénoncé la répression des rassemblements de citoyens au niveau de la capitale, «pratique d'un régime autoritaire». L'action touchant à sa fin, les protestataires se sont dispersés dans le calme, tout en promettant d'autres actions.