Les comités de quartier font désormais partie du passé, d'une époque lointaine où l'administration publique était à l'écoute des citoyens et de leurs préoccupations.C'est le constat décevant des habitants de la nouvelle cité des 1600 Logements OPGI de Belle-Vue, à Aïn Bénian, laissés pour compte aussi bien par le promoteur immobilier qui a érigé leurs appartements, en l'absence des conditions de viabilisation réglementaires, que par les autorités locales qui refusent de donner le moindre crédit à leurs doléances. Les résidants se sont adressés naïvement aux responsables de l'APC pour leur faire part de leur intention de s'organiser en comité de quartier pour régler leurs problèmes, sollicitant par la même occasion une aide de l'administration locale, mais cette dernière a mis un frein sec à leur bonne volonté en exigeant d'eux de se conformer à la nouvelle réglementation sur les associations. Car il faut savoir qu'en vertu de cette nouvelle loi n° 06-12 du 06 janvier 2012 qui régit l'activité des associations ne sont plus admises les notions de «comité de quartier», d'«association de parents d'élèves» ou tout autre regroupement citoyen. La nouvelle loi qui ne reconnaît qu'une seule appellation, celle d'«association à caractère local, wilayal ou national» met ainsi sur un même pied d'égalité un comité de quartier et un parti politique d'envergure nationale avec toutes les lourdeurs administratives et les entraves bureaucratiques imposées pour leur création. En plus des multiples documents à fournir, à savoir le règlement intérieur, les casiers judiciaires des membres du bureau exécutif, la liste des membres fondateurs, un certificat de résidence pour le siège de l'association, alors que tous ces documents sont à fournir en cinq exemplaires, il y a la demande d'autorisation de la tenue de l'assemblée constitutive qui précède toute cette paperasse et qui doit être délivrée par les services de la wilaya qui ont la latitude de statuer sur la recevabilité ou non de la demande des intéressés. Il est à préciser en outre que l'assemblée générale constitutive de l'association doit être sanctionnée par un PV établi par un huissier de justice dûment agréé.A la vue de ce périple administratif injustifié qui tend à les décourager, les bénéficiaires des 1600 logements OPGI de Belle Vue ont décidé de se prendre en main pour trouver une issue à leurs problèmes, car nombreux parmi eux ne sont raccordés ni au réseau électrique ni au gaz de ville, étant donné que le projet n'a pas été réceptionné officiellement par les autorités compétentes. «Cela fait plus d'un an que les logements sont distribués sporadiquement et en catimini», affirment les habitants du quartier qui ne voient pas d'issue positive à leur situation. «Nous avons dû cotiser à raison de 10 000 DA par résidant pour réparer le poste électrique situé à l'entrée du quartier, resté en panne plusieurs semaines, autrement on serait restés des mois durant privés de courant. Aujourd'hui, nous tentons de sécuriser, toujours à nos frais, le périmètre du quartier et l'entrée des immeubles après les multiples agressions et vols dont ont été victimes nos voisins. Nous voulons également aménager un espace de détente pour nos enfants, mais les autorités tentent de mettre le grappin dessus pour y construire un marché et nous créer un nouveau casse-tête», concluent nos interlocuteurs.