L'Egypte semble s'être installée durablement dans une stratégie de la tension avec l'Algérie, une stratégie faite d'invectives de mensonges, d'insultes à l'égard de notre pays, de notre peuple, de notre histoire, de notre culture et plus grave et plus impardonnable encore, de nos chouhada. Dans une interview au quotidien caïrote Chourouk, le secrétaire d'Etat chargé des affaires juridiques, Moufid Chehal, a affirmé que son gouvernement ne renverra « pas l'ambassadeur d'Egypte en Algérie s'il n'y a pas d'excuses ou de dédommagements pour les dégâts subis par les entreprises et le peuple égyptien ». C'est une autre provocation qui renseigne sur le degré d'hystérie collective qui a atteint les sommets de l'Etat égyptien. C'est un chantage inacceptable. Quel malheur pour l'Algérie si l'ambassadeur d'Egypte ne revenait pas à Alger ! Les Egyptiens vivent un nombrilisme qui a fini par leur faire croire que le monde ne tournerait pas sans eux. Ils doivent certainement considérer les autres peuples arabes comme des sous-hommes, des sujets aux ordres du Raïs. D'où cette folle revendication. Les Egyptiens n'ont jamais demandé des dédommagements ou des excuses à un pays comme Israël qui les a terrassé pourtant à trois reprises, en 1948, en 1967 et en 1973, qui les a humiliés et qui a pompé a satiété le pétrole du Sinaï quand il était sous leur occupation. Et pour un match de football, ils ont fait de l'Algérie le déversoir de leur haine et de leur frustration. Dans leur aveuglement, ils n'arrivent même pas à se rendre compte de leur position ridicule. Et il est vrai que le ridicule ne tue pas. Mobiliser le pauvre peuple égyptien, qui a autre chose à faire, contre un ennemi imaginaire et extérieur fait partie d'un jeu malsain qui n'augure rien de bon. La qualification de l'Algérie au Mondial a certainement bouleversé tous les calculs de Hosni Moubarek qui a misé sur une victoire de son pays pour en faire une opération de marketing afin de promouvoir l'un de ses rejetons à sa succession. Malheureusement, cette Algérie qui ne rêvait que d'une petite place à la coupe d'Afrique des nations, s'est trouvée propulsée parmi l'élite mondiale, déjouant involontairement les calculs du maître de l'Egypte qui pensait instaurer un système dynastique. Il est sorti affaibli de l'épreuve au point que des gens de son propre entourage commencent à manifester leurs ambitions pour le fauteuil présidentiel. Ce qui ne fait qu'exacerber sa colère contre cette maudite Algérie. Elle est maintenant menacée d'être privée d'ambassadeur égyptien. Et comme ce n'est pas un déssert, les Algériens peuvent bien s'en passer. La surenchère verbale n'est pas un moyen de gérer un contentieux, si contentieux il y a. Garder l'ambassadeur est une menace déguisée de rupture des relations diplomatiques. Rien n'effraie les Algériens. Et ce n'est surtout pas une perte.