L'Algérie doit être fière aujourd'hui d'une génération magnifique, symbole de patriotisme et de sacrifice. Ces hommes, ces footballeurs ont prouvé ainsi qu'ils constituaient un second souffle pour le combat contre le colonialisme et pour notre indépendance. Nous trouvons assez triste qu'on ne puisse pas parler des noms d'une génération d'hommes historiques, des premiers sportifs-militants qui ont fait la promotion de notre glorieuse Révolution où ils ont consacré leur jeunesse et leur vie au service de la patrie, alors que rien n'inquiétait ces sportifs tout comme ils ne manquaient de rien en France. Ce grand moment nous rappelle assurément le souvenir d'un grand homme à principes, modeste et nationaliste, le regretté Mustapha Zitouni, l'enfant d'Alger, une légende du football franco-algérien. Joueur de classe, surnommé à l'époque «Monsieur football», il fut incontestablement un défenseur hors pair et un des plus brillants footballeurs que le monde ait connu. Il nous a quittés à jamais le 5 janvier 2014 à l'âge de 85 ans. Il a débuté sa carrière en France en 1953 comme joueur professionnel à l'AS Cannes. En 1954, il opte pour l'AS Monaco, où il restera jusqu'en 1958, année où il a choisi de faire partie des dix joueurs évoluant en France qui ont choisi de quitter ce pays pour rejoindre Tunis à l'appel du FLN. Il a laissé son empreinte dans l'histoire du football planétaire, lui qui avait décliné avec beaucoup de fierté une sélection en équipe de France pour jouer la Coupe du monde en Suède en 1958, après avoir été sélectionné quatre fois en équipe de France. Il a également évité le but historique qui allait qualifier la Belgique contre la France à la phase finale de la Coupe du monde en Suède. Il a impressionné par sa classe lors du match France-Espagne comptant pour la qualification de la Coupe du monde au cours duquel il couvrait entièrement le terrain et asphyxia par son grand gabarit et sa bonne détente Di Stefano, un des plus grands attaquants du monde. Devant de telles qualités, le patron du Real Madrid lui a proposé à la fin du match un chèque en blanc pour jouer dans son club. Il opposa un non catégorique, en lui disant : «Je vais jouer dans la meilleure équipe du monde.» Il a préféré faire partie de l'équipe de la Révolution, celle de la patrie à laquelle il avait répondu présent aux côtés de Mekhloufi, Arribi, Bentifour, Zitouni Mustapha, Amara, Kermali, Zouba, Maouche, Boubekeur, Boumezrag, Rouaï, Bouricha, Oudjani, Mazouz, Kerroum, Benfadha, Bouchouk, Oualiken, Bourtal, Chabri, Haddad, Bentifour, Mazouz, Brahimi, Boucha, Doudou, Bekhloufi, Defnoun, Hedhoud, les frères Soukhane et tant d'autres. C'est dans ces grands moments durs et pénibles qu'est né le football algérien le 13 avril 1958, avec la glorieuse équipe du FLN. Ne dit-on pas que Ferhat Abbas, alors président du GPRA, dit un jour que l'équipe FLN a fait avancer la Révolution algérienne de dix ans. En effet, le sacrifice des joueurs a permis de porter haut la voix de l'Algérie à travers le monde pour faire connaître la juste cause algérienne. Il est donc temps d'honorer ces hommes qui, pour la plupart, sont malades ou dans le besoin, qui terminent leur vie et dont très peu de personnes parlent aujourd'hui. Parmi eux, il y en a quelques-uns qui sombrent dans l'anonymat et souffrent de l'ingratitude. Beaucoup sont décédés et n'ont plus droit de cité. Hélas, le sacrifice, l'intelligentsia et la dignité nationale ne sont plus à l'ordre du jour.