Des centaines de personnes se sont rassemblées hier matin square Bennacer, au centre-ville de Constantine, pour dire non au 4e mandat. Les manifestants ont répondu à l'appel lancé par l'initiative Bezzef-Constantine, mais aussi à celui des membres de Rafd, organisation créée par Rachad, qui ont marqué leur présence en invitant notamment les familles de disparus. Il y avait aussi beaucoup de curieux, des dizaines de policiers et surtout une poignée de jeunes, pour la plupart des mineurs, mandatés par la permanence de Bouteflika pour casser le rassemblement. Les manifestants ont brandi banderoles et pancartes anti-4e mandat et scandé des slogans hostiles au pouvoir. «Ulac l'vote ulac», «One, two, tree, où va l'Algérie», ou encore «Aw dja Kerry, Ouguef Bouteflika» qu'on peut traduire ainsi : «Kerry est arrivé, debout Bouteflika.» En face, des adolescents et autres mineurs sifflaient et chantaient le nom du président-candidat à la manière des supporters de football. D'ailleurs, la plupart portaient des maillots de sport aux couleurs du CSC, le club local de football, habitué à mener campagne pour le président sortant. A la question «qui sont les gens en face que tu siffles ?» un enfant d'une dizaine d'années nous répond, crédule : «Ce sont des Mozabites !» Il y avait aussi des centaines de Constantinois présents sur les lieux, curieux, admiratifs ou opposants passifs. Ceci dit, les organisateurs auraient pu être plus nombreux n'étaient les arrestations opérées dans la matinée dans les rangs de Barakat et de Bezzef. En plus de cinq militants de Bezzef-Constantine, trois membres de Barakat venus d'Alger, à savoir Mehdi Bsikri, Sid Ali Kouidri et Nacer Baoûche, ont été arrêtés dès leur arrivée sur les lieux du rassemblement. Ils ont tous été relâchés trois heures après. Des actions à Batna et Tébessa A Batna, le mouvement Barakat a organisé un sit-in et a été rejoint par le mouvement Aurès Amokrane. Sur la place de la Liberté (ex-SNTV), des jeunes entonnaient des chansons patriotiques et scandaient des mots d'ordre hostiles au pouvoir. Certains venaient au centre de la foule et faisaient des interventions pour dénoncer la gestion de Bouteflika et de son équipe. «Le peuple en a marre de votre hégémonie et de votre hogra. Rentrez chez vous !» s'est écrié un jeune représentant des chômeurs. Des membres fondateurs de Barakat – Amira Bouraoui, venue d'Alger, et Hocine Redjala de Tizi Ouzou – ont pris part à cette manifestation et ont déclaré à El Watan qu'ils ont répondu à l'appel de Barakat Batna. A Tébessa, plus d'une vingtaine de personnes, affiliées au mouvement Barakat, se sont rassemblées hier vers 11h devant le cinéma El Maghreb, en plein centre-ville, pour exprimer leur opposition au 4e mandat. Ils ont brandi des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : «Les jeunes de Tébessa sont contre le 4e mandat», ou encore «Barakat, 15 ans Barakat». Aucune intervention des services de sécurité n'a été enregistrée pour réprimer cet attroupement. Cependant, quelques jeunes mineurs, payés par des pro-Bouteflika, ont tenté de perturber ce mouvement pacifique avant que le groupe Barakat ne se disperse dans le calme.